Alexis – Guillaume – Charles – Prosper Hody est né à Bruxelles le 29 septembre 1807 et y est décédé le 27 septembre 1880.
Il est le fils d’un avocat au Conseil souverain du Brabant, Charles Hody, et d’Emérence Van Coeckelberghe Van Dutzele. Après des études secondaires à l’Athenée de Bruxelles, Alexis Hody s’inscrit à la Faculté de droit de l’Université d’État de Louvain en 1825. En 1829, il sort docteur en droit. En 1830, il épouse, à Perwez, Marie-Thérèse de Burlet avec qui il a deux enfants, Emérence et Louis dit Ludovic.
Il est d’abord avocat à la Cour d’appel de Bruxelles, avant que le gouvernement provisoire ne le nomme juge suppléant au Tribunal de première instance de Bruxelles en 1830. Le 5 octobre 1832, il est désigné au poste de substitut du procureur du Roi, devenu vacant par la promotion de Gustave Bosquet à la tête du parquet bruxellois. Quatre ans plus tard, il est promu procureur du Roi près le Tribunal de première instance de Bruxelles. En 1838, il est appelé par le ministre de l’Intérieur au poste d’administrateur de la Sûreté publique à la place d’Emmanuel François. Hody prend ses fonctions d’administrateur le 3 janvier 1839. A la tête de cette administration, il utilise la photographie, il engage des agents compétents et s’assure d’entretenir des liens avec les polices secrètes étrangères. Ce catholique est réputé pour sa fermeté.
En 1840, il est également responsable de l’administration des prisons à la suite d’un arrêté royal donnant cette compétence à la Sûreté publique. Hody est partisan d’un système carcéral de type cellulaire et plus précisément du système pennsylvanien ainsi qu’il l’expose dans une lettre au cardinal Morichini. Il demande huit ans plus tard à être relevé de cette fonction mais il garde toutefois le titre d’inspecteur général honoraire des prisons de l’Etat.
A la même période, son combat et celui de l’institution qu’il dirige sont de maintenir l’ordre. Au début de sa carrière, il fait face aux orangistes et à la conspiration des « paniers percés » ; complot organisé par deux anciens généraux voulant renverser le roi Léopold Ier au profit de Guillaume II des Pays-Bas. Hody veille aussi aux mouvements socialiste, communiste et anarchiste. A la demande du ministre de la Justice, la surveillance des étrangers est au cœur des activités de Hody. Celui-ci va s’employer à dresser des fiches signalétiques sur les exilés présents en Belgique. Des expulsions vont avoir lieu, notamment celles de grandes personnalités comme Karl Marx et sa femme ou encore Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire français de 1848, ce qui déplaît au ministre de la Justice de l’époque, le libéral de Haussy.
Alexis Hody a également eu des frictions avec les bourgmestres et surtout ceux de Bruxelles en voulant centraliser la police. De plus, sa fermeté dans sa politique de gestion des réfugiés déplait, notamment au bourgmestre bruxellois, Charles de Brouckère. Après le coup d’État de 1851 par lequel Louis Napoléon Bonaparte renverse la République parlementaire et prépare la restauration de l’Empire, De Brouckère refuse l’arrestation de deux Français, Bianchi et De Buchy, à Bruxelles au nom du droit d’asile. Cet incident provoque un scandale. De Brouckère annonce qu’il démissionnera si Hody n’est pas renvoyé pour avoir ignoré ses prérogatives. L’administrateur de la Sûreté publique est donc contraint de démissionner et est remplacé, en janvier 1852, par Napoléon Joseph Verheyen. Alexis Hody reprend alors son poste de procureur du roi à Bruxelles.
En 1869, le magistrat est confronté à un scandale politico-financier. La Cote libre de la Bourse de Bruxelles, un journal financier, dénonce des fraudes pratiquées par André Langrand-Dumonceau. Une information du procureur a lieu et elle aboutit à une ordonnance de non-lieu à l’égard du financier. Le journaliste Armand Mandel est trainé en justice pour diffamation car il avait affirmé que les magistrats de l’affaire, Charles de Bavay et Alexis Hody, avaient manqué à leurs devoirs. Lorsque Mandel est acquitté en 1870, Hody est muté comme chef de division au Ministère de la Justice, il est ensuite directeur de 1873 à 1879, année de sa retraite. Dans cette affaire, Hody était personnellement impliqué puisqu’il avait des actions dans une des sociétés de Langrand et que son fils était le secrétaire particulier de celui-ci.
En 1839, un an après avoir obtenu son poste d’administrateur, Alexis Hody a obtenu reconnaissance de noblesse, il a également été fait chevalier en 1843 et promu à la dignité de baron en 1847. Il a également reçu des distinctions étrangères : Commandeur de l’Ordre d’Isabelle-la-Catholique (1841), Chevalier de l’Ordre royal de la légion d’honneur de France (1841), Chevalier de l’Ordre de la branche Ernestine de Saxe (1842), Chevalier de l’Ordre de Léopold d’Autriche (1850).
A côté des différents postes qu’il a occupés, Alexis Hody était officier de la garde civique de Bruxelles. Il était aussi un membre actif de la Société de Saint-Vincent-de-Paul dont la création remonte à 1843 en Belgique. Il a été président et secrétaire du conseil de fabrique de l’Eglise Notre-Dame du Sablon à Bruxelles. Il était aussi membre de l’Académie royale d’archéologie de Belgique. Il est l’auteur de nombreux textes, notamment sur Godefroid de Bouillon et sur l’architecture de l’église du Sablon.
Alexis Hody est décédé le 27 septembre 1880 et est inhumé au cimetière de Strombeek.
Sources:
- Nicolas COUPAIN, « L’expulsion des étrangers en Belgique (1830-1914) », dans Revue Belge d’Histoire contemporaine, n°1-2, 2003, p. 5-48.
- « Hody », dans Annuaire de la noblesse de Belgique, vol. 9, Bruxelles, Mucquardt, 1855, p. 299-303.
- Etat présent de la noblesse belge, Bruxelles, 1990, p. 287.
- Luc KEUNINGS, « Hody-Warfusée Alexis », dans Biographie nationale, t. 44, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1985, p. 626-634.
- Luc KEUNINGS, « Les grandes étapes de l’évolution de la police secrète en Belgique au XIXe siècle », dans Bulletin trimestriel du crédit communal de Belgique, n°169, 1989, p. 3-30.
Zoé Luc
Notice rédigée dans le cadre du Séminaire d’histoire de la période contemporaine de l’Université catholique de Louvain (LHIST2280, professeur Emmanuel Debruyne).
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