Herman Alphonse Bekaert est né le 28 janvier 1906 à Gand et est mort le 16 août 1989 à Bruxelles. Il est le fils d’Aimé Bekaert, pharmacien, et de Gabrielle Vallez, sans profession.

Après ses études secondaires, il entame des études en droit à l’Université libre de Bruxelles qu’il termine en 1929 avec distinction. Il réalise ensuite deux ans de stage dans le cabinet d’Eugène Soudan. Le 4 juillet 1931, il se marie avec Irène Vermeulen à Bruxelles. Ils auront un enfant : Stéphane Aimé Louis Bekaert, né le 18 avril 1932 à Uccle.

Herman Bekaert accède très jeune à la magistrature : il est nommé substitut du procureur du Roi de complément au Tribunal de première instance d’Anvers en 1931. A partir de 1932 et jusqu’en 1935, il devient substitut effectif.

En 1935, il est nommé directeur de la Sûreté publique par Eugène Soudan. Ensuite, en 1937, il monte dans la hiérarchie en devenant administrateur-adjoint de la Sûreté publique aux côtés de Robert de Foy. Durant cette période, Hermann Bekaert va surtout faire face au problème des réfugiés juifs. En effet, les Juifs allemands émigrent en masse vers la Belgique. Une Commission interministérielle est alors créée le 20 février 1936. L’objectif est de se pencher sur la question des étrangers réfugiés. Au sein de cette Commission, on retrouve toute une série d’acteurs, dont l’administrateur de la Sûreté publique. Dans certains cas, Hermann Bekaert remplaçait Robert de Foy, comme lors de la séance du 20 janvier 1939 au cours de laquelle la Commission décide d’assouplir les accords conclus à Genève le 4 juillet 1936. Ceux-ci établissaient une différence entre les Juifs qui avaient été forcés de fuir l’Allemagne et ceux qui avaient quittés le pays par choix. Ces derniers pouvaient donc se voir refuser le statut de réfugié et être ainsi contraints de retourner en Allemagne. A cette séance du 20 janvier 1939, on décide, au vu de la situation, d’accorder le statut de réfugié à davantage de personnes. En effet, les Juifs allemands sont persécutés et sont poussés à quitter l’Allemagne, notamment pour la Belgique.

Pendant sa carrière à la Sûreté publique, Hermann Bekaert fait également partie du cabinet de différents ministres de la Justice : Eugène Soudan (1936), Victor de Laveleye (1937) et Paul-Emile Janson (1939). En tant que chef du cabinet d’Eugène Soudan, il participe à la rédaction d’importants projets de lois sur le statut des étrangers.

En 1940, Hermann Bekaert n’occupe plus le poste d’administrateur-adjoint et il réintègre alors les rangs de la magistrature au poste de substitut du procureur général à la Cour d’appel de Bruxelles. La fonction d’administrateur-adjoint reste alors vacante pendant toute la durée de la guerre. Elle sera reprise par Ludovic Caeymaex à la fin du conflit.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hermann Bekaert résiste au travers de la presse clandestine. Il écrit dans le journal La Belgique Nouvelle sous le pseudonyme Judex. Son poste de substitut du procureur à la Cour d’appel de Bruxelles lui permet également de venir en aide au groupe de résistance civile JP. Il va en outre distribuer des fonds aux Juifs vivants dans la clandestinité. Il recevra la médaille américaine Freedom pour son action dans la résistance.

Par ailleurs, Hermann Bekaert est professeur de droit pénal et de procédure pénale à l’Université libre de Bruxelles de 1941 à 1976. Celle-ci est fermée pendant la guerre. Les professeurs, dont Hermann Bekaert, refusent de reprendre les cours malgré l’ordre de l’occupant. Il parvient alors à faire en sorte que ses étudiants puissent suivre les cours à l’Université catholique de Louvain.

Après la guerre (1945), il devient procureur général à la Cour d’appel de Gand. Il quitte ce poste en 1962 pour se consacrer à la rédaction d’un nouveau code de procédure pénale.

Principaux travaux d’Hermann Bekaert:

  • BEKAERT, H., L’expulsion des étrangers et le délit de rupture de ban. Application de la loi du 12 février 1897 et des arrêtés royaux du 15 décembre 1930 et 14 août 1933, Louvain, 1934.
  • BEKAERT, H., Le statut des étrangers en Belgique, Bruxelles, 1940.
  • BEKAERT, H., Le code du conseil de guerre, Bruxelles, 1945.

Sources:

  • Jean DU JARDIN, « Bekaert Hermann », dans Nouvelle Biographie Nationale, t. 8, Bruxelles, Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 2005, p. 29-31.
  • Rudi VAN DOORSLAER, dir., La Belgique docile. Les autorités belges et la persécution des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, 2007, p. 61-62 et p. 83.
  • Frank CAESTECKER, « Onverbiddelijk, maar ook clement. Het Belgische immigratiebeleid en de joodse vlucht uit nazi-Duistland, maart 1938-augustus 1939 », dans Cahiers d’Histoire du Temps présent, n°13-14,‎ 2004, p. 102 et 127.
  • « Registre de population, Hermann Bekaert », Archives communales de la ville de Gand.
  • « Lettre de l’Université libre de Bruxelles à Monsieur le Commissaire d’Etat au sujet de l’activité résistante de Herman Bekaert pendant la Seconde Guerre mondiale, 2 juillet 1954 », Direction générale Victimes de la guerre, RC 36 438.
  • « Rapport sur l’activité du groupe clandestin J.P., 23 octobre 1944 », Direction générale Victimes de la guerre, RC 36 438.

Louise Derycke

Notice rédigée dans le cadre du Séminaire d’histoire de la période contemporaine de l’Université catholique de Louvain (LHIST2280, professeur Emmanuel Debruyne). 

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