Robert Herman Alfred de Foy (écuyer) est né le 23 mars 1893 à Grammont en Flandre Orientale et est décédé le 15 août 1960 à Bruxelles. Il est le fils de Léon de Foy, conservateur des hypothèques, et de Marie De Vos. Son père obtient la noblesse héréditaire en 1934 et change le nom “Defoy” en “de Foy”.

Pendant la Première Guerre mondiale, Robert de Foy sert dans l’Armée belge. Après avoir obtenu un doctorat en droit à l’Université de Louvain, il devient en 1922 auditeur militaire de l’armée belge d’occupation de la région de la Ruhr. En 1925, il est nommé premier substitut du procureur du Roi au Tribunal de première instance d’Anvers.

Sa carrière à la Sûreté publique commence le 28 février 1931 en tant qu’administrateur-adjoint. La Sûreté est alors dirigée par le baron René Beltjens. C’est à partir du 8 août 1933 que Robert de Foy est chargé de la fonction d’administrateur général bien qu’il ne soit officiellement nommé que le 30 décembre 1934. Robert de Foy est alors confronté à la peur du communisme qui règne en Belgique au milieu des années 1930. En outre, la Sûreté publique fait face à l’immigration croissante de réfugiés juifs fuyant le IIIe Reich et les pays avoisinants. Robert de Foy mène une politique migratoire très rude, ce qui donnera lieu à diverses controverses. Par exemple, en 1934, il entre en conflit avec le bourgmestre d’Anvers, Camille Huysmans, car ce dernier refuse d’expulser les Juifs considérés comme illégaux qui se sont réfugiés dans sa cité. En 1936, l’affaire “Heinrich Bell” frappe également la Sûreté publique. Bell, un communiste allemand réfugié en Belgique est livré aux autorités allemandes, ce qui suscite un tollé dans les milieux de gauche. Dans le cadre de ces affaires, Robert de Foy est amené à collaborer avec les plus hautes autorités du IIIe Reich. En 1937, une conférence de la “Commission Internationale de la Police Criminelle” (C.I.P.C.) se tient à Berlin. Elle est présidée par Reinhard Heydrich, futur directeur du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et bras droit d’Heinrich Himmler. Une délégation de la Sûreté publique belge y assiste bien que Robert de Foy ne prend part qu’à la fin des débats.

En mars 1940, les services de renseignements belges sont réorganisés. La Sûreté de l’Etat voit le jour et Robert de Foy est placé à sa tête.

En mai 1940, au moment de l’invasion allemande, toute une série de personnes jugées suspectes sont arrêtées par les autorités belges. Robert de Foy est ainsi arrêté par la Geheime Feldpolizei et transféré en Allemagne le 8 juillet 1940. Il est libéré sur ordre de Reinhard Heydrich et revient à Bruxelles le 14 août 1940. Le gouvernement en exil à Londres établit alors une nouvelle Sûreté de l’Etat dirigée par Fernand Lepage. En Belgique, Robert de Foy est à ce moment-là à la direction de la Police des étrangers, service de surveillance et de contrôle des frontières dépendant du Ministère de la Justice.
Dès sa nomination en 1943 au poste de secrétaire général du Ministère de la Justice, Robert de Foy s’est impliqué dans les efforts engagés par Léon Platteau pour libérer les Juifs détenus à la Caserne Dossin à Malines, empêchant ainsi leur expulsion. Il fait ainsi opposition aux violations allemandes des conventions internationales ainsi que de leurs propres promesses. Cela est exprimé dans la lettre de protestation officielle – reproduite ci-dessous – adressée le 15 octobre 1943 à la plus haute autorité allemande en Belgique, le général von Falkenhausen, commandant militaire de la Belgique et du nord de la France.


Le 28 février 1944, une milice proche de l’occupant allemand, dirigée par Robert Jan Verbelen, échoue dans sa tentative d’assassinat de Robert de Foy.

Après la guerre, les secrétaires généraux font l’objet d’une enquête administrative. Aucune sanction n’est retenue contre Robert de Foy. Déchargé de ses devoirs d’administrateur de l’Etat, il est alors chef de la Police des étrangers. D’avril 1946 à mars 1947, il est juge au tribunal international de Tanger. De Foy redevient administrateur de la Sûreté de l’Etat le 1er avril 1947. Par arrêtés du Régent des 1er avril et 28 mai 1948, la Sûreté de l’Etat est de nouveau rattachée au Ministère de la Justice, et devient une section de la direction générale de la Sûreté publique. Dans un contexte de guerre froide, cette période est marquée par une haute surveillance de l’activité communiste. Il exerce la fonction d’administrateur jusqu’en 1958 et prend sa pension.

Robert de Foy est membre de la fondation Carnegie Hero Fund (Belgique) de 1939 à 1954 et en est le vice-président de 1955 à 1957. Par ailleurs, il est l’auteur de deux préfaces d’ouvrages sur la politique des étrangers en Belgique. L’une introduit le livre de Hermann Bekaert en 1934 dans laquelle il présente le problème de l’immigration dans l’Entre-deux-guerres. L’autre préface défend la nouvelle législation de 1952 relative au statut des étrangers telle qu’elle est présentée dans l’ouvrage d’Albert Pomba de 1956.

Des décorations belges lui ont été décernées: Grand officier de l’ordre de Léopold II, Commandeur de l’ordre de Léopold, Commandeur de l’ordre de la Couronne, Croix civique de première classe. Et également, des décoration étrangères: Grand officier de l’ordre du Ouissam alaouite (Maroc), Grand officier de l’ordre du Mérite de la République italienne (Italie), Grand officier de l’ordre d’Orange-Nassau (Pays-Bas), Grand officier de l’ordre de Vasa (Suède), Grand officier de l’ordre de la Couronne (Roumanie), Grand commandeur de l’ordre du Phénix (Grèce), Commandeur de l’ordre du Sauveur (Grèce), Commandeur de la Légion d’honneur (France), Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (Grande-Bretagne), Commandeur de l’ordre de l’Aigle blanc (Estonie), Commandeur de l’Ordre du Mérite (Autriche), Commandeur de l’ordre Polonia Restituta (Pologne). Enfin, Robert de Foy reçoit le titre de « Juste parmi les Nations » en 1975 par l’Institut Yad Vashem, pour son aide apportée aux réfugiés juifs belges pendant la Seconde Guerre mondiale.

Robert de Foy est le troisième d’une famille de cinq enfants. Son frère aîné Marcel, a été président à la Cour d’appel de Bruxelles et son frère cadet Joseph, volontaire de la guerre 1914-1918 et capitaine de réserve. Robert de Foy se marie une première fois en 1941 avec Françoise du Monceau de Bergendal. Le mariage est dissous en 1943. Sa seconde épouse est Marguerite Tallon avec qui il se marie en 1946. Il n’y a pas eu d’enfant issu de ces deux mariages.

Sources:

  • Emmanuel DEBRUYNE, La guerre secrète des espions belges : 1940-1944, Bruxelles, 2008.
  • H. DE MARNIX DE SAINTE ALDEGONDE, État présent de la noblesse belge. Annuaire de 2006, Bruxelles, 2006, p. 303 et 306.
  • Paul PONSAERTS, Marc COOLS, Koenraad DASSEN, Robin LIBERT, La Sûreté. Essais sur les 175 ans de la Sûreté de l’État, Politeia, 2005.
  • Rudi VAN DOORSLAER et. al., La Belgique docile, les autorités belges et la persécution des Juifs en Belgique, Volume 1, Antwerp, 2007.
  • Rudi VAN DOORSLAER et Etienne VERHOEYEN, “L’Allemagne nazie, la police belge et l’anticommunisme en Belgique (1936-1944). Un aspect des relations belgo-allemandes”, dans Belgisch Tijdschrift voor Nieuwste Geschiedenis, 1986, p. 61-121.

Marie Bouvry & Louis Fortemps

Notice rédigée dans le cadre du Séminaire d’histoire de la période contemporaine de l’Université catholique de Louvain (LHIST2280, professeur Emmanuel Debruyne). 

Notice précédente Notice suivante

Toutes les notices