En conclusion de cette première partie du didacticiel, consacrée au régime uniforme, cette cinquième leçon va aborder la délicate question de la recherche d'un profil de canal "optimal".
Imaginons que l'on doive dimensionner le déversoir d'un barrage. Pour cela nous avons besoin de savoir à quel débit maximum devra fonctionner le déversoir (débit centennal ou millénial par exemple). Connaissant ce débit, il nous faut déterminer la section adéquate pour le faire passer. Pour cela, nous pouvons jouer sur deux paramètres : la largeur du déversoir et la hauteur de lame d'eau que l'on peut accepter.
Point de vue LARGEUR, selon vous, il vaut mieux :
Il vaut donc mieux un déversoir étroit pour des questions de coûts...
Point de vue HAUTEUR DE LA LAME D'EAU, selon vous, il vaut mieux :
Il vaut mieux une hauteur de lame d'eau sur le déversoir petite afin de ne pas devoir augmenter la hauteur du barrage et donc son coût...
Ces deux objectifs sont-ils compatibles ?
En conclusion, ces deux objectifs sont contradictoires, il nous faut donc chercher le couple [largeur du déversoir, hauteur de la lame d'eau] optimum.
Dans le cas d'un évacuateur de crue, la contrainte imposée est de faire passer un débit donné avec un coût minimum. Les deux objectifs à atteindre (lame d'eau faible et déversoir étroit) sont contradictoires, il nous faut donc chercher un optimum.
Le problème est exactement le même dans le cas d'un canal d'irrigation... Si le canal d'irrigation est creusé dans le sol, deux éléments de coût vont intervenir :
Le débit est imposé par les contraintes de l'irrigation. Il vaut, pour un écoulement uniforme :
ou encore en exprimant le rayon hydraulique :
On voit que l'on ne peut satisfaire en même temps la minimisation de
Posé sous cette forme, le problème devient un problème de maximisation du rayon hydraulique
Cherchons maintenant la forme de section qui répond à l'optimum décrit : pour une aire mouillée fixée, minimiser le périmètre mouillé, et donc maximiser le rayon hydraulique.
Nous devons donc chercher la forme de section donnant le plus petit
Le rayon hydraulique vaut :
C'est donc la forme idéale pour faire passer le plus grand débit dans la section ayant le plus petit périmètre. Cependant cette forme n'est réalisable que pour des canaux artificiels en béton ou en asbeste-ciment (petits canaux d'irrigation par exemple). Les grands canaux seront eux de forme trapézoïdale ou rectangulaire.
La section trapézoïdale est définie par trois éléments :
Ce dernier paramètre est souvent imposé par la nature du sol ou du revêtement et n'est donc que rarement un élément de choix économique. C'est donc à partir des paramètres
Nous pouvons calculer l'aire et le périmètre mouillé de ce trapèze :
Pour maximiser
ce qui se traduit par les deux équations en
dont on tire, en éliminant
Ce qui nous donne la relation entre
ou encore, en remplaçant
soit encore :
Le triangle ODC est donc isocèle et ses hauteurs sont égales :
Le profil trapézoïdal optimal est donc circonscrit à la demi-circonférence de rayon égal à la profondeur h et dont le centre est sur l'axe de la surface libre.
En utilisant la valeur de
Nous remarquons que la valeur de
Cette section n'est qu'un cas particulier de la section trapézoïdale avec une pente de talus
Dans la pratique, le problème n'est pas aussi simple. Les solutions trouvées ci-dessus correspondent à des hauteurs d'eau assez élevées et conduisent donc à certains désavantages :
Ces considérations conduisent à choisir, dans la pratique, des profondeurs plus faibles que celles qui sont calculées par les formules théoriques ci-dessus.
Lorsque le dimensionnement du canal est réalisé, il est intéressant de vérifier la vitesse moyenne. Si elle est trop faible, il y a un risque de formation d'algues, si elle est trop grande, il y a risque d'érosion des parois du canal.
La page "illustrations" vous proposera un exemple de calcul d'une section optimale. Deux exercices à choix multiples concluent la leçon.