Afin de rencontrer l'objectif de ce cours qui est la détermination de la surface libre de l'eau dans différentes situations, il nous faut délimiter notre domaine de travail. Nous devons donc nous fixer quelques hypothèses et un système d'axes de référence. Ce sont les objectifs de cette première leçon.
On suppose que l'écoulement est :
Au vu de cette dernière hypothèse, qui nous permet de dessiner une coupe longitudinale de l'écoulement, se pose un problème de représentation. Il va nous falloir choisir un système d'axes de référence adéquat et pratique. C'est ce que nous allons voir dans les pages suivantes.
Nous venons de le voir, nous pouvons travailler sur une coupe longitudinale... Un problème va néanmoins apparaître. En effet, regardons la figure ci-dessous, c'est une représentation, à l'échelle, d'un bief de 3 km de long, bief dans lequel la profondeur d'eau est d'environ 4 m.
La conclusion est évidente : il nous faut utiliser une échelle distordue, c'est-à-dire différente pour les longueurs et les profondeurs, pour "voir" quelque chose... Nous obtenons ainsi une représentation beaucoup plus claire :
Néanmoins, travailler avec une échelle distordue ne va pas sans poser de problème. En effet, si l'on veut être rigoureux :
Dans la pratique, toutefois, cette direction légèrement oblique sera souvent dessinée comme perpendiculaire au fond : la représentation n'est pas rigoureuse mais elle permet de mettre en évidence que la profondeur d'eau n'est pas comptée verticalement. Deux représentations sont donc possibles :
Système classique |
Système associé au fond de la rivière |
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![]() |
La coordonnée ![]() |
Ces deux systèmes d'axes de références sont-ils forts différents ? Non, si nous faisons l'hypothèse d'une pente de fond faible. Nous utiliserons donc le système associé au fond de la rivière
Pour décrire l'écoulement, nous devons introduire un certain nombre de paramètres. Le plus simple est de définir ceux-ci par référence à leur équivalent en hydraulique des conduites (écoulement en charge).
Pour rappel, dans un écoulement en conduite, si on admet l'hypothèse d'un écoulement parallèle, on peut dire que la cote piézométrique
est constante dans une section donnée. Dans le cas d'une conduite la cote piézométrique est donc le niveau atteint dans un tube piézométrique.
Quant à la charge :
elle représente le niveau énergétique de la section considérée.
La perte de charge :
ne peut qu'être positive, si l'écoulement va de la section 1 vers la section 2.
Les mêmes grandeurs sont choisies pour représenter un écoulement à surface libre (attention : la figure est distordue, on suppose que la pente de fond est assez faible pour envisager la profondeur
Comme la cote piézométrique est unique pour tous les points d'une section et que l'énergie cinétique est moyennée sur la verticale, on peut considérer qu'en une section, la charge est définie de manière univoque. Comme dans les conduites, l'écoulement peut être laminaire, turbulent ou de transition et dépend de la viscosité représentée par le nombre de Reynolds :
où la viscosité cinématique (pour l'eau : environ 10-6 m²/s).
Nous le remarquons : le nombre de Reynolds dépend du rayon hydraulique. Que recouvre exactement cette notion ? En conduite, la longueur significative est le diamètre; en écoulement à surface libre, c'est le rayon hydraulique qui joue ce rôle.
Le rayon hydraulique est défini comme le rapport de l'aire mouillée au périmètre mouillé :
où l'aire mouillée
La notion de profondeur, dans un cadre unidimensionnel, mérite d'être précisée, surtout dans le cas d'une rivière naturelle, où le lit est loin d'être régulier. On choisit de définir la profondeur
Nous pouvons distinguer trois types d'écoulement en fonction de l'évolution de la profondeur
Cette distinction ne dépend absolument pas des variations de forme du canal. Un écoulement brusquement varié peut se produire en un point du canal présentant également une variation brutale de section ou de pente mais aussi dans un canal prismatique, loin de telles modifications de section.
Par contre, un écoulement uniforme n'est pas possible dans un canal non prismatique.
Nous étudierons ces trois régimes successivement, les leçons du chapitre II traitant de l'écoulement uniforme, les leçons du chapitre III du régime graduellement varié, et les leçons suivantes de l'écoulement brusquement varié. Des applications seront proposées pour ces différents cas et permettront d'y voir progressivement plus clair.
Auparavant, quelques exercices du type QCM (questions à choix multiples) vont vous permettre de tester vos connaissances à l'issue de cette première leçon. Vous y accéderez en cliquant sur l'icône "questions théoriques" du menu à gauche de la leçon...