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    Regarder la profession infirmière « par-dessus les épaules » des étudiants : échos d’une recherche en cours

    Par Laurent Hayot (stagiaire LAAP) Christine GRARD (Anthropologue et Infirmière enseignante), Channel BAQUET (Anthropologue, titulaire d’un bachelier en philosophie et assistante de recherche au LAAP) et Erica LYNCA MUGISHA (Anthropologue, titulaire d’un master en communication et assistante de recherche au LAAP) travaillent sur le monde infirmier en contexte de pénurie de personnel soignant. Depuis quelques années, la Belgique est touchée par une diminution du nombre du personnel soignant. À cette situation, s’est ajoutée l’apparition de la Covid-19 qui a bouleversé la manière de vivre de chaque individu apportant ainsi son lot de conséquences auxquelles la société a dû faire face. Ce contexte a mis en exergue les difficultés que vivent les étudiantes et les étudiants infirmiers qui réalisent leurs stages au sein du monde des soins de santé. Dans leur recherche, ces trois chercheuses se sont concentrées sur la place qu’occupent les étudiants dans ce contexte de pénurie touchant la profession d’infirmière et d’infirmier en première ligne de front pour apporter les soins nécessaires aux malades et notamment durant la crise de la Covid, ainsi que sur les conséquences de la pandémie sur la désertion de la profession infirmière et sur les violences plurielles qui ont cours pendant les stages.…

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    Accéder au terrain et pratiquer l’ethnographie en temps de pandémie

    Un compte-rendu de Gabrielle Fenton, Julie Hermesse et Gloria Michiels Qu’en est-il du terrain en ces temps de catastrophe sanitaire et de distanciation physique ? Nous résumons ici les échanges d’un workshop où, à travers des réflexions d’ordre méthodologique sur notre pratique ethnographique, nous en venons à débattre autour de questions épistémologiques liées à notre conception du terrain.   Si nos explorations anthropologiques nous aident à décentrer notre regard pour mieux comprendre la pandémie et ses conséquences, comment s’y prendre pour collecter des données alors que la pratique même de l’ethnographie est radicalement bouleversée voire est contrainte à l’arrêt sur image, pour la conduite de nombreux terrains ? Cela fait plus d’un an que ces questions ne cessent de tarauder de nombreu.se.x anthropologues. Et c’est avec une grande soif de réflexion collaborative que nous – une douzaine de membres de la Chaire AEC et du LAAP – nous sommes réunis en ligne pour les aborder. Le débat s’est construit autour de nos propres expériences mais également en dialogue avec des écrits d’anthropologues (à titre d’exemple : Rutherford, 2020 ; Boukala et Cerclet, 2020 ;Sourdril et Barbaro, 2020). Si la problématique de base est d’ordre méthodologique, ses retentissements déclenchent des enjeux dont l’ampleur nous semble bien plus vaste…

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    Pandémie et tourisme de masse : les Tao face à des crises environnementales identitaires

    Par Julien Laporte, doctorant en sciences politiques et sociales à l’Université Catholique de Louvain. Avant même que la Covid-19 n’atteigne l’Europe, en janvier 2020, Taïwan décida de la fermeture de ses frontières internationales, créant ainsi une concentration inattendue de visiteurs sur le territoire des Tao. Depuis 2020, les membres de la communauté ne peuvent qu’observer les conséquences de ce tourisme de masse qui menace la population locale. Pongso no Tao, qui se traduit par “l’Île des Hommes” en ciriciring no tao, la langue des Tao, est un archipel de 45 km2situé au sud-est de Taïwan. Également appelée l’Île aux Orchidées, ce territoire appartient aux Tao (Yami), une communauté autochtone dont les 5 000 âmes humaines sont réparties entre 6 villages côtiers qui vivent, pour la plupart, des activités ichtyologiques, agricoles et touristiques.   Depuis la fin des années 1970, les Tao se battent contre des injustices environnementales de taille. Cherchant un lieu propice pour se débarrasser des déchets des centrales nucléaires situées sur l’île de Taïwan, le territoire des Tao s’est vu réquisitionné par le régime du président Chiang Ching-kuo (蔣經國), avec la participation du Conseil de l’Énergie Atomique (AEC) et de la compagnie d’électricité Taipower (Taiwan Power Company). Ayant obtenu l’accord…

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    Bilan qualitatif Cinquante-neuf États face à la pandémie de Covid-19

    Pierre-Joseph Laurent[1] Tel un tableau de bord, le site de la pandémie de Covid-19 de l’université Johns Hopkins reçoit, certains jours, un milliard de visiteurs : une référence planétaire. Il installe une comparaison entre les pays, dans la lutte contre le virus, en alignant les chiffres de décès par million d’habitants et les courbes supposées traduire l’aplatissement de l’épidémie[2] Mais que disent ces chiffres ? Pas grand-chose, car sans pondération, par exemple, de l’excès de mortalité causée par la Covid-19, par rapport aux années antérieures, ils demeurent incomparables. En marge de ces décomptes officiels, discutables, et de la communication se tiennent les arbitrages opérés par chaque État. Un arbitrage peu quantifiable, à comprendre autrement pour comparer les politiques. Une évidence, le Sars-CoV-2 tue et agir est une obligation. À la différence des questions climatiques, les conséquences de l’inaction portent sur l’horizon temporel du mandat des élus. Inattendu, sans échappatoires, l’arbitrage devient écrasant ; il concerne la vie humaine, l’économie, le marché, le bien-être général, la justice sociale, la liberté. Chaque décision influence différemment les classes sociales et peut accélérer la pauvreté. Avec le changement climatique, les inégalités qui se creusent et les bouleversements de la formation des opinions induits par les réseaux sociaux,…

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    Filmer confinés

    Les étudiants de l’Atelier de films anthropologiques (LANTR2130) ont réalisé durant le confinement des films d’une durée de 7 a 20 min. Cette année, le COVID 19 a bouleversé la partie pratique du cours, certains étudiants ont pu faire leur tournage en extérieur, d’autre pas. Il leur a été proposé de faire une lettre vidéo.C’est un genre cinématographique qui consiste à s’adresser à un destinataire en prenant sa caméra, plutôt qu’un stylo. Cela permet de travailler à partir de chez soi, en utilisant une voix off ou des textes et en filmant des archives, des photos, des news d’internet, en déambulant dans sa maison, sa chambre, son kot…C’est une écriture au « je », ou en utilisant le « nous » si vous êtes en groupe. Nous vous livrons ici leur travaux, témoignages de cette période inédite et historique. « Le cul entre deux chaises » par Léonie Delvaux, Emma Devos et Simon Ninane « Ensemble séparément »  (partie 1, partie 2) par Héloïse Gonnissen et Noémie Matagne « Lettre à notre maison d’enfance, des sentiments partagés » par Emma Erroelen « La journée d’une infirmière à domicile » par Vanessa Gérard, Philippe Bonneels, et Denise Palermo  « Journal de confinement » par Quentin Vanreysen « Ceux qui guérissent » par Lisa Depret « Locked Dreams » par…

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    Incertitudes, « deuil anticipatoire » et traumas De la nécessité de penser le confinement au-delà de ses enjeux sanitaires et économiques

    Un texte de Jacinthe Mazzocchetti (UCLouvain – LAAP), Florence Noël et Isabelle Loodts, initialement publié dans le rapport « déconfinement sociétal » sur cartaa academica. Outre ses répercussions en termes économiques et sanitaires, la période de confinement a eu des effets psychiques négatifs, voire traumatiques. En plus des altérations dans le courant ordinaire des modes d’existence, nous voudrions ici pointer quelques enjeux, leurs répercussions et l’attention qu’ils demandent dans les perspectives de déconfinement. De près ou de loin, nous avons tous été profondément affectés par la situation de pandémie. Parmi la population, de nouvelles catégories se sont fait jour, dictées par les statistiques de dangerosité du COVID19 autant que par la nécessité de protéger et de soigner les plus faibles. Le monde des travailleurs s’est divisé entre confinés et actifs, rejouant par ailleurs les diffractions de classe, de genre et de race structurant la société (Degrave, 2020 ; Timothy, 2020). Le monde des « inactifs » (enfants et étudiants, sans emploi, retraités) s’est bipolarisé, obligés d’être strictement séparés, les uns pouvant être vecteurs de la maladie pour les autres. Les personnes précarisées, hors de portée d’un État qui s’accommode depuis longtemps de leur gestion uniquement associative, ont été les grands oubliés des…

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    La voie des masques

    Par Bénédicte Fontaine, doctorante en anthropologie au Laboratoire d’Anthropologie Prospective de l’UCLouvain; Pierre-Joseph Laurent, professeur, membre du Laboratoire d’anthropologie prospective de l’UCLouvain et de l’Académie royale de Belgique, pour Carta Academica (publié le 09/05/2020 sur « Le Soir » ) La pandémie causée par le Covid-19 est une évidence sanitaire, provoquée par un virus objectivable. Mais la gestion de cette pandémie est-elle tout aussi objectivable dès lors que la prise en charge par les États de la quarantaine et du confinement se déroule en fonction de paramètres relevant de l’arbitrage politique et du possible et pas seulement de l’objectivité scientifique ? Dans sa simplicité, pour tout un chacun, le masque devient un bon révélateur de cet arbitrage et du possible. L’arbitrage  Les stocks de masques périmés détruits, non renouvelés au motif d’économie budgétaire. La désindustrialisation et les délocalisations mettent en lumière l’imprévoyance, les fragilités, les limites d’une gestion à flux tendus où l’arbitrage politique se fait surtout comptable et financier (1). La conséquence : la mise en place d’un pont aérien entre la Chine et des pays européens devenus dépendants (main d’œuvre trop chère, marge bénéficiaire insuffisante), avec en toile de fond une guerre industrielle et logistique (allongement de la chaîne d’approvisionnement)…

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    Incertitudes, défiance et pensées conspirationnistes : le Covid 19 au prisme du complot

    Chaque crise et le lot d’incertitudes dont elle est la source génèrent simultanément la multiplication et la diffusion de théories de nature conspirationniste. Dans ces conjonctures particulièrement anxiogènes, suscitant une quête de sens collective et la sensation d’une perte de contrôle sur le cours de sa vie, ces formes interprétatives fournissent un ensemble de réponses simples, souvent manichéennes, face à une réalité qui échappe à la compréhension, en raison de la charge émotive qu’elle suscite et de sa trop grande complexité (Sorteras, 2018). Ces théories dénoncent généralement de grands mensonges orchestrés par des « puissants », et véhiculés par la presse mainstream et certains scientifiques, complices ; des mensonges qui dissimulent un projet de grande ampleur, souvent nuisible au plus grand nombre, destiné à renforcer le pouvoir d’une minorité dominante (Taguieff, 2006). La diffusion et le succès des pensées du complot ne sont pas récents, mais il ne fait aucun doute que depuis le début des années 2000, le développement d’Internet comme média de masse ainsi que l’émergence de réseaux sociaux et de plateformes d’hébergement de vidéos ont largement contribué à en faire un phénomène culturel de masse (Bourseillier, 2016). Dans ces espaces numériques où les discours sont libéralisés, diffusés gratuitement, sans tri et…