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    La socialisation sexuée par le mouvement dansé : du formatage du corps à l’enfermement dans la prison du modèle féminin

    Par Héloïse Gonnissen, assistante de recherche au Laboratoire d’anthropologie prospective (LAAP), UCLouvain En Europe occidentale, la pratique de la danse chez les enfants, et plus particulièrement chez les petites filles, est un loisir très répandu. L’école de danse leur offre la possibilité de s’exprimer autrement, de construire un langage par le corps permettant d’extérioriser ce qui ne peut être mis en mots. Elle constitue en outre un lieu de refuge, hors des préoccupations de la vie quotidienne, un espace de reconnaissance où l’on peut partager sa passion, renforçant le sentiment d’appartenance. L’école de danse est enfin une instance de socialisation corporelle[1] très importante. Cependant, cette socialisation est également sexuée. Les jeunes danseuses s’enferment alors fréquemment, à leur insu, dans un modèle féminin fixe dès leur plus jeune âge et jusqu’à l’adolescence. Un formatage dès le plus jeune âge En effet, pratiquer la danse[2] permet la construction d’une certaine forme de socialisation, vecteur d’intégration corporelle de normes sociales, de codes d’une culture, et de mise en relation avec autrui. Mais plus implicitement, cette socialisation est également genrée, tendant à construire un univers de normes et de codes qui sont à adopter par les filles et les garçons. Une forme de « division…