La
première décennie du XXIème siècle a vu l'explosion
planétaire de crises de natures variées - écologique,
énergétique, alimentaire, sanitaire, financière - qui
touchent un monde frappé par la violence de conflits
régionaux, la pauvreté, l'exclusion sociale et l'inégalité
criante entre les populations, mais aussi un monde caractérisé
par des avancées technologiques et scientifiques majeures
et par diverses formes d'élitisme dans toutes les sociétés.
Notre monde contemporain est fragile et incertain,
guetté par la perte de sens.
Comment y repenser une Université porteuse de sens ? En la profilant par rapport à cinq grands défis
:
1) son mode de financement
public et les attentes de la société
;
2) son positionnement
sur la scène européenne et mondiale ;
3) sa marge de progression en termes d'interdisciplinarité
par l'interpénétration des savoirs plaçant l'humain
au cœur de nos préoccupations ;
4) la formation des jeunes
et le partage d'énergie
et de ressources entre la recherche et l'enseignement
;
5) le fonctionnement
même de l'institution universitaire et sa valeur
éducative.
Le modèle que je défends avec une équipe est celui d'une
Université assurant aux étudiants d'une part, des formations de
base et d'autre part, des formations avancées supportant la comparaison
avec les meilleures universités européennes. Les unes
et les autres reposent sur l'existence d'une forte
capacité de recherche et d'innovation, car elles
ambitionnent de préparer nos futurs diplômés à répondre
aux défis du monde contemporain et à le rendre meilleur.
Ce modèle requiert une cohérence entre l'enseignement,
la recherche et le service à la société, qui sont les
trois missions fondamentales de l'Institution universitaire.
Il convient certes de gérer celles-ci au mieux selon
leurs logiques propres, mais en veillant à la cohérence
de l'ensemble.
La
relation harmonieuse entre ces trois missions doit être
garantie par un climat institutionnel stable et des
relations de confiance entre les personnes au sein de
notre communauté. La force de l'Université tient à la
qualité de ses membres.
Son capital humain est sa richesse première.
Nous, membres de la communauté universitaire,
nous sommes l'Université. Son développement ne peut
donc s'envisager qu'en stimulant et en
valorisant l'intelligence collective qu'elle
possède, en tirant le meilleur parti de la richesse
des points de vues avec méthode, dans le respect des
règlements et des procédures, et en investissant ainsi
dans une dynamique constructive. La pratique d'une telle
intelligence collective permettra une maîtrise optimale
des processus de décision et de mise en œuvre. Elle
favorisera l'adhésion et la valorisation des membres
de la communauté.
Existant
d'abord pour et par ses étudiants, l'Université participe
au mouvement d'évolution générale du monde auquel elle
appartient, en adoptant une attitude critique qu'elle
fonde sur son indépendance intellectuelle, sa capacité
de recherche et d'anticipation, son identité propre
et sa mission dans et pour la société. Elle doit donc
développer de manière cohérente : une activité intellectuelle
orientée vers une recherche critique, un projet
éducatif articulant savoir et savoir être, et un service
s'appuyant sur des principes universitaires. Elle assurera
la cohérence de ses missions en se souciant de la qualité
des relations humaines basées sur le respect d'autrui,
en promouvant l'interdisciplinarité et en encourageant
les lieux de débat. Il est proposé de consolider un
tel développement en faisant référence à notre vocation
de recherche et de réflexion et, dans le contexte d'une
modernité assumée, aux valeurs de l'humanisme chrétien.
Compte
tenu de ses ressources limitées, l'UCL doit être
sélective dans ses choix. Ceux-ci doivent s'opérer
en réconciliant, d'une part, les démarches individuelles
ou collectives des membres et des entités de notre communauté
et, d'autre part, les orientations données à l'institution
par les instances compétentes.
La
nécessaire gestion efficace et ordonnée des ressources
ne peut avoir pour effet de développer une conception
de l'Université basée sur le seul modèle entrepreneurial,
même si elle pourra emprunter en les adaptant des pratiques
qui relèvent de ce modèle quand leur efficience a été
démontrée.
Notre vision peut se décliner en six préoccupations
essentielles :
-
concentrer les efforts sur nos missions principales
qui sont de produire du savoir, de le disséminer et
de favoriser sa valorisation ;
- dispenser
des formations soutenues par une recherche de haut niveau,
animée à la fois par la dynamique scientifique en tant
que telle et par une préoccupation sociétale critique
;
- s'y
investir en se référant aux valeurs d'ouverture, de
tolérance et de respect mutuel et en luttant contre
les fatalismes et les inégalités, par exemple en matière
de culture, de santé, d'éthique économique, de développement
durable ;
- valoriser
et enrichir le capital humain de l'Institution ;
- pratiquer
une collégialité intelligente et respectueuse, un juste
équilibre entre centralisation, décentralisation et
déconcentration des processus de décision et de gestion en s'assurant de leur faisabilité : l'objectif est d'atteindre un
continuum organisationnel efficace, le principe de subsidiarité
contribuant à définir le niveau adéquat des processus
de décision ;
- consolider
notre identité d'Université d'Europe, et notre positionnement
régional et international.
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