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Le LAAP (s’)expose !
Certains d’entre-vous auront peut-être remarqué les imposantes photos disposées sur les bâtiments de la gare de Louvain-La-Neuve depuis le mois de mars. Il s’agit de l’exposition Corps Anthropologiques, organisée conjointement par UCLouvain Culture et le LAAP à l’initiative de la Professeure Anne-Marie Vuillemenot. Celle-ci rassemble des clichés ethnographiques de chercheurs et chercheuses du Laboratoire d’Anthropologie Prospective (LAAP) de l’UCLouvain. Exposées sur les murs de la ville, les photographies s’offrent au regard des passant.es de mi-mars à fin mai 2024. Un QR code accompagne chacun des clichés et donne accès à des podcasts, des textes, des sons et d’autres images. Ces données et commentaires additionnels témoignent de la complexité et de la diversité culturelle liées à la notion de corps, thématique de l’année culturelle 23-24. Du corps actif, au corps dansant, résistant ou souffrant, au corps mort ou absent, à celui qui se re-compose quotidiennement, au corps inscrit dans un milieu particulier ou aux prolongements du corps, chaque cliché ouvre un terrain ethnographique et permet la découverte d’humanités multiples. L’ensemble des photos et des podcasts est accessible via ce lien.
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Volcan fissuré, âmes fêlées et nouvelles opportunités
Julie Hermesse, anthropologue (UCLouvain/LAAP) et Caroline Kempeneers, artiste comédienne, sont engagées depuis un an dans une démarche pluridisciplinaire qui explore et interroge l’impact de l’éruption d’un volcan sur l’île de La Palma (Canaries). Elles nous parlent de leur recherche, située au croisement des arts et des sciences, qui fera l’objet d’une présentation publique à Louvain-la-Neuve, au printemps 2024. C’est dans le cadre d’une subvention « Recherche et Création » obtenue auprès de l’UCLouvain que les autrices de ce papier écrit à quatre mains se sont retrouvées à La Palma en Janvier 2023. Un travail d’investigation de terrain commun s’est imposé à elles : le nouveau volcan Tajogaite. Artiste multidisciplinaire, Caroline Kempeneers vit depuis 2019 sur l’île par intermittence. Elle a pu observer de près et dans ses différentes phases le nouveau volcan et ses impacts. Sa connaissance plurielle des acteur·trice·s de terrain ainsi que son accès aux informations locales relayées par les réseaux sociaux et par la presse ont permis d’ouvrir un large spectre d’investigation et de préparer la collecte de données et le travail ethnographique mené de pair avec l’anthropologue Julie Hermesse. Cette dernière ayant séjourné régulièrement à La Palma s’est vue réinvitée à investiguer dans le champ de…
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Ecouter le quartier Européen.
Une tentative d’ethnographie par les sons. Par Etienne Dalemans et Gabrielle Fenton Que peut-on apprendre sur le quartier Européen et ceux qui l’investissent lorsque l’on prête attention à ses espaces sonores ? A travers ce podcast de 12 minutes, nous vous emmenons pour une promenade sonore dans les rues du quartier européen. Nous y suivons les sons tels des pistes d’investigation de l’anthropologue et réfléchissons autour de ces sons aux modalités d’une écoute ethnographique. Ce podcast a été confectionné dans le cadre d’un workshop de la Chaire d’Anthropologie d’Europe Contemporaine sous la guidance de Marie Baltazar et Laurent Legrain et avec la participation de Faustine Bertin, Etienne Dalemans, Gabrielle Fenton, Eléonore Haddioui, Julie Hermesse, Céline Janssens, Julia Lareau, Camille Pée, Mathilde Pozza et Alice Truyffaut. Bibliographies mentionnées dans le podcast : Ingold Tim, 2007, “Against soundscape”, in E. Carlyle (ed.), Autumn Leaves: Sound and the Environment in Artistic Practice, Paris, Double Entendre, 10-13. Schafer Murray R., 1977, The Soundscape. Our Sonic Environment and the Tuning of the World, Rochester, Destiny books. (Introduction : 3-12)
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Deux thèses défendues en décembre au LAAP !
Ce n’est jamais anodin de défendre une thèse. Encore moins en ces temps de pandémie. Nous sommes donc particulièrement fiers d’annoncer que le Laboratoire d’anthropologie prospective a eu le bonheur de voir deux doctorantes défendre leur thèse avec succès en décembre dernier ! Le 15 décembre, Chenna Wang a défendu une thèse intitulée « Cross Border Services on Global Consumer Goods. An Ethnographic Study of How Chinese Daigou Sell their Labor to Chinese Clients ». Le 21 décembre, Marie-Noël Cikuru a défendu une thèse intitulée « De la violence aux servitudes : ces corps combustibles des marchés de la modernité au Kivu, à l’Est de la RDC ». Encore félicitations à elles pour ce bel accomplissement !
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Accéder au terrain et pratiquer l’ethnographie en temps de pandémie
Un compte-rendu de Gabrielle Fenton, Julie Hermesse et Gloria Michiels Qu’en est-il du terrain en ces temps de catastrophe sanitaire et de distanciation physique ? Nous résumons ici les échanges d’un workshop où, à travers des réflexions d’ordre méthodologique sur notre pratique ethnographique, nous en venons à débattre autour de questions épistémologiques liées à notre conception du terrain. Si nos explorations anthropologiques nous aident à décentrer notre regard pour mieux comprendre la pandémie et ses conséquences, comment s’y prendre pour collecter des données alors que la pratique même de l’ethnographie est radicalement bouleversée voire est contrainte à l’arrêt sur image, pour la conduite de nombreux terrains ? Cela fait plus d’un an que ces questions ne cessent de tarauder de nombreu.se.x anthropologues. Et c’est avec une grande soif de réflexion collaborative que nous – une douzaine de membres de la Chaire AEC et du LAAP – nous sommes réunis en ligne pour les aborder. Le débat s’est construit autour de nos propres expériences mais également en dialogue avec des écrits d’anthropologues (à titre d’exemple : Rutherford, 2020 ; Boukala et Cerclet, 2020 ;Sourdril et Barbaro, 2020). Si la problématique de base est d’ordre méthodologique, ses retentissements déclenchent des enjeux dont l’ampleur nous semble bien plus vaste…
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Pandémie et tourisme de masse : les Tao face à des crises environnementales identitaires
Par Julien Laporte, doctorant en sciences politiques et sociales à l’Université Catholique de Louvain. Avant même que la Covid-19 n’atteigne l’Europe, en janvier 2020, Taïwan décida de la fermeture de ses frontières internationales, créant ainsi une concentration inattendue de visiteurs sur le territoire des Tao. Depuis 2020, les membres de la communauté ne peuvent qu’observer les conséquences de ce tourisme de masse qui menace la population locale. Pongso no Tao, qui se traduit par “l’Île des Hommes” en ciriciring no tao, la langue des Tao, est un archipel de 45 km2situé au sud-est de Taïwan. Également appelée l’Île aux Orchidées, ce territoire appartient aux Tao (Yami), une communauté autochtone dont les 5 000 âmes humaines sont réparties entre 6 villages côtiers qui vivent, pour la plupart, des activités ichtyologiques, agricoles et touristiques. Depuis la fin des années 1970, les Tao se battent contre des injustices environnementales de taille. Cherchant un lieu propice pour se débarrasser des déchets des centrales nucléaires situées sur l’île de Taïwan, le territoire des Tao s’est vu réquisitionné par le régime du président Chiang Ching-kuo (蔣經國), avec la participation du Conseil de l’Énergie Atomique (AEC) et de la compagnie d’électricité Taipower (Taiwan Power Company). Ayant obtenu l’accord…
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Le maraîchage biologique sur petite surface en 5 objets
Le maraîchage biologique sur petite surface est un métier complexe. Il l’est d’autant plus lorsqu’il est pratiqué au sein d’une coopérative. A travers cinq objets, je vous propose de découvrir la vie d’une petite coopérative de 6 maraîchers située en région wallonne et cultivant un peu moins 1,5 hectares selon les principes de l’agroécologie. OBJET 1 : Le plan de culture Tout d’abord, le plan de culture. Au sein de la coopérative, la totalité de la saison de production est résumée à travers un document appelé le « plan de culture ». Celui-ci reprend, sous forme d’un tableau EXCEL les différents jardins de la coopérative, les différentes serres et, à l’intérieur de ceux-ci, les différentes planches, à savoir des bandes d’un mètre à un mètre trente de large consacrées à la culture d’une seule variété de légumes. Le plan de culture indique l’occupation des différentes planches en fonction du moment de l’année. Il prend en compte à la fois l’estimation des besoins de production pour les différents canaux de vente et la capacité de travail des différents coopérateurs et stagiaires. C’est une tentative de planification des différentes cultures tout au long de l’année. Tentative, car les imprévus sont monnaies courantes et vont venir en permanence…