Eds: Jessica Van de Weerd & Patrick Dendale
Philippe De Brabanter
This paper addresses a serious challenge for theories of quotation: the existence of ‘non-constituent hybrid quotations’. A large part of the paper is devoted to an appraisal of proposals made by Emar Maier, the only semanticist to have consistently sought to account for the whole empirical range of quotational phenomena. In the end, I conclude that Maier’s efforts are unlikely to be ultimately successful. I argue instead that a particular family of theories, ‘Depiction’ theories, are better equipped to deal with the issue under scrutiny, as with other thorny questions in the theory of quotation.
Karen De Clercq & Guido Vanden Wyngaerd
Antonymic pairs of gradable adjectives (e.g. tall-short) give rise to contrary opposition. This fact has so far stood in the way of reducing this type of opposition to logical negation, which gives rise to contradictory opposition. We present an analysis of these antonymic pairs in terms of an underlying logical negation, and propose to derive the contrary nature of the opposition from the interaction of interval semantics with the presence of a contextual standard, which is known to be a part of the denotation of gradable adjectives. This analysis opens the way for a decomposition of negative adjectives as containing a logical negation with contradictory meaning.
Laura Devlesschouwer
In this paper, I give a novel analysis of negated scalar adjectives. Particular attention is devoted to three types: (1) ordinary negation with a ‘less than’-meaning (e.g. “It is not warm” meaning ‘It is less than warm’), (2) negation with negative strengthening (e.g. “It is not good” meaning ‘It is bad’), and (3) so-called ‘metalinguistic negation’ (e.g. “It is not good; it is excellent!”). I argue that the meanings of (1) and (2) are constructional, and that they are grounded in Ducrot’s (1980b: 31) principle called ‘the lowering law’. On the basis of this analysis, I give an alternative explanation of why metalinguistic negations are intuitively exceptional: they violate principles of ‘argumentation in language’ (Anscombre & Ducrot 1983), rather than that they violate principles of logic, as on the pragmatic account (cf. Horn 1989). This finding is crucial for the theory of scalar implicature, according to which “It is good” is said to implicate rather than entail ‘It is not excellent’. On my account, the exceptional character of ‘metalinguistic’ negations and the default ‘less than’-meaning of negated scalar adjectives can no longer be used as arguments for viewing scalar implicatures as pragmatic rather than semantic.
Agathe Pierson
La cause revêt une importance particulière dans le langage médical. En effet, l’apparition de symptômes ou encore la prise de décision médicale efficace sont exprimées par des relations causales. Il semble donc primordial de réaliser une étude linguistique des expressions causales en vue de caractériser les spécificités du langage médical relatives à cette relation discursive et de permettre ainsi une meilleure compréhension de la structure de l’information dans le domaine médical. Dans cette contribution, nous présentons les premiers résultats d’une étude sur l’expression de la causalité dans le langage médical, étude effectuée afin de développer des programmes d’extraction et d’analyse de la causalité. Premièrement, nous revenons brièvement sur la notion de sous-langage, qui sous-tend toute notre étude. Ensuite, nous décrivons les trois corpus ainsi que le logiciel d’annotation que nous avons utilisés. Après quoi, nous développons notre méthodologie de la causalité appliquée au langage médical en l’illustrant d’exemples authentiques. Nous procédons alors à l’évaluation de cette typologie dont nous soulignons les limites et pour laquelle nous soumettons des pistes d’amélioration. Finalement, nous synthétisons les découvertes actuelles de notre recherche et nous suggérons quelques pistes de recherche que notre étude ouvre.
Pascal Tuyubahe
Dans certaines langues, notamment des langues de la famille nigéro-congolaise, il y a parfois deux objets directs dans une même proposition (cf. Malchukov et al. 2010). Le but de cet article est de montrer qu’en kirundi (JD62), langue bantoue du Burundi, les possibilités d’avoir deux objets dans une proposition sont particulièrement étendues et que cette langue permet même des propositions avec trois objets directs. Les tests que j’ai utilisés pour déterminer si un groupe nominal est objet direct sont les suivants : la possibilité d’être sujet grammatical du verbe à la voix passive, d’être pronominalisé dans le verbe et, accessoirement, de suivre immédiatement le verbe. Dans cet article, ces tests sont appliqués (a) à la proposition dans laquelle, outre un sujet, deux groupes nominaux sont prévus dans la valence d’un verbe sauf si l’un est l’attribut de l’autre (ces types de verbes sont nombreux en kirundi, langue non casuelle dans laquelle les objets prépositionnels sont rares) ; (b) à la proposition dans laquelle un groupe nominal est ajouté à la construction prévue par la valence verbale pour désigner le possesseur inaliénable du référent de l’objet direct valenciel, et (c) à la proposition dans laquelle on ajoute au verbe (lexicalement intransitif, transitif ou bitransitif) le suffixe applicatif -ir- qui annonce un groupe nominal ayant le rôle sémantique de bénéficiaire, de but ou de cause. L’application des tests montre que les groupes nominaux introduits dans les situations (b) ou (c) présentent les mêmes propriétés syntaxiques que les objets directs valenciels.
Emma Vanden Wyngaerd
The traditional Generative account of V2 does not al-low us to make any predictions for code-switched structures. In this paper, a grammaticality judgment task (GJT) was developed to test how native bilinguals judge code-switched sentences with a possibility for V2. The results of this GJT indicate that it is the finite verb which is responsible for word order. Some suggestions
for how to incorporate this in the theoretical models are made. To be sure, extra investigation into word order in the subordinate clause is needed.
Jessica Van de Weerd & Patrick Dendale
Notre étude se veut un approfondissement et élargissement d’un travail initié par Dendale (1991). Nous y analysons de façon systématique la terminologie utilisée par des ouvrages grammaticaux du français pour la description du sémantisme de l’emploi du conditionnel de reprise (CR). Les dates du premier exemple du CR (Maupas 1607) et de sa première description sémantique (Litais De Gaux 1850) montrent que cet emploi n’a été identifié comme emploi distinct que relativement tard, surtout en comparaison avec les deux autres grands emplois du conditionnel. Une fois que l’existence a été reconnue, sa description sémantique a vite suivi : au XIXe siècle, 5% des ouvrages examinés le décrivent sémantiquement, au XXe, 41% et au XXIe, tous. Le vocabulaire spécialisé utilisé pour la description sémantique du CR peut être ramené à quatre notions, que l’on peut associer d’une façon ou d’une autre au sémantisme du CR : l’incertitude, la non-prise en charge, la reprise à autrui et la non-confirmation. En dehors de la grande variation dans les termes et formulations, on retrouve aussi une grande variation dans la nature des « objets » reliés aux quatre notions distinguées que nous avons classés selon leur nature : réalité extralinguistique, pensée, information, énoncé et vérité. On trouvera dans cet article un florilège de descriptions de la valeur du CR.