(dans la série : « t’es pas tout seul / la presse est avec toi »)
« Ryanair veut augmenter le prix des bagages
jusqu’à ce que ‘plus personne n’en prend’ »
Tel était le titre d’un article publié sur le site du magazine Trends Tendances, le 31 juillet dernier.
Un petit coup d’œil du côté du Soir nous permet de découvrir un article très proche de celui de Trends Tendance mais où le journaliste écrit, dans le chapeau : « Le patron de la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair, Michael O’Leary, veut augmenter le prix des bagages placés en soute jusqu’à ce que ‘plus personne n’en prenne‘. »
On comprend ainsi que les deux journalistes se sont probablement contentés de reprendre une dépêche de l’agence Belga (en la modifiant à peine) mais que celui du Soir a été plus attentif à la correction grammaticale de la traduction des propos de O’Leary.
La formulation de Trends Tendance a de quoi nous laisser perplexes, sans doute, mais elle nous permet surtout, en moins de dix mots, d’apprendre :
1. que les journalistes, pas plus que nous, ne sont à l’abri d’erreurs dans l’emploi des temps et modes verbaux (voir #temps/modes) : normalement, avec la conjonction jusqu’à ce que (qui introduit une action potentielle et pas encore réalisée), le subjonctif est de rigueur puisqu’il permet justement de marquer le caractère hypothétique ou potentiel de l’action exprimée par le verbe.
2. que les journalistes n’hésitent pas à mettre entre guillemets des propos qu’ils rapportent de façon un peu approximative (propos non vérifiés, mal traduits, résumés…) ; cela leur permet de faire plus court et plus clair, et de répondre ainsi aux exigences du genre journalistique.
Mais attention, ce n’est pas un exemple à suivre dans un travail universitaire : si on cite un texte, on ne le modifie pas, quitte à introduire la mention [sic] s’il contient une erreur (comme c’était le cas ici : sans doute s’agit-il d’une erreur de traduction ; on sait que le subjonctif n’existe pas en anglais) et que l’on veut préciser qu’elle est bien issue du texte original (et non produite par celui qui le cite). Et si l’on fournit une traduction de citation, justement, on le mentionne explicitement, tout en ajoutant de préférence le texte original en note, de manière à ce que le lecteur puisse effectivement avoir accès au texte source (voir #source).
(and last but not least…)
3. que le patron de Rynair est un vrai patron, un visionnaire qui ne manque jamais d’imagination, surtout lorsqu’il s’agit d’augmenter ses marges bénéficiaires…
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