#tournure_confuse

[tab:En théorie]

tournure confuse_illu CORR

Les scripteurs qui utilisent fréquemment ces tournures complexes semblent avoir pour objectif d’être explicites et exhaustifs. Pourtant, c’est généralement l’effet inverse qui se produit : le sens premier du passage est moins accessible car le lecteur doit faire un travail supplémentaire pour décoder des éléments qui n’apportent rien à la compréhension ou la lisibilité.

Cette étiquette peut s’appliquer à plusieurs types de constructions.

Parmi les plus fréquentes, citons la tendance à :

  • recourir à un verbe modal alors que ce n’est pas nécessaire
    *nous pouvons voir (au lieu de nous voyons)
  • combiner deux noms pour désigner un concept unique
    *l’entièreté de l’illusion (plutôt que toute l’illusion ou, simplement, l’illusion)
  • utiliser des démonstratifs en grand nombre et/ou là où ce n’est pas nécessaire
    les événements préfigurent cette loi de l’inéluctable (dans le texte dont est extrait cet exemple, la loi en question n’a pas été mentionnée avant ; dès lors, le démonstratif n’est pas nécessaire et alourdit inutilement la phrase. Sa présence pourrait même prêter à confusion car le lecteur pourrait se demander s’il s’agit de « cette loi-ci » plutôt qu’une autre… Il conviendrait de dire, plus simplement : ‘la loi de l’inéluctable’)
  • enchâsser de (trop) nombreuses propositions relatives dans le texte
    Le projet, qui fut abandonné par la suite, était conçu par des commerçants qui étaient déjà branchés sur Internet (au lieu de Le projet, abandonné par la suite, était conçu par des commerçants déjà branchés sur Internet)

Bien sûr, la complexité d’une tournure peut être rendue nécessaire par une volonté de précision et reste avant tout un outil permettant d’exprimer des nuances, qui sont souvent de grande importance. Une suite de deux verbes ou de deux noms, par exemple, n’est donc pas en soi problématique ! C’est bien pour cela que le problème que nous évoquons ici est étiqueté #tournure confuse et non *tournure complexe…
In fine, il s’agira surtout de rester attentif lorsque l’on recourt à des formulations complexes, afin d’envisager des tournures alternatives, plus simples, si cette complexité risque de rendre le texte peu lisible ou si l’on n’est pas sûr de maîtriser la syntaxe de ces tournures. Par exemple, si le lecteur pressent que sa phrase est trop complexe, il peut jouer sur les verbes modaux, les noms qui se répètent, etc. pour essayer de la simplifier.

Ce problème s’apparente aussi à la mauvaise gestion de la #ponctuation. Souvent, les tournures inutilement complexes se retrouvent dans un contexte plus large de phrases très (trop) longues. C’est le cas où le scripteur a tendance à rédiger des phrases au sein desquelles il regroupe plusieurs idées, alors que chaque idée pourrait être mise en évidence de façon plus claire par une phrase séparée. On parle aussi de sous-découpage syntaxique. Le lecteur doit faire un effort de concentration pour retenir les idées et comprendre leur articulation au sein de la phrase.

Attention !
Souvent, la présence d’une longue phrase suppose celle de propositions subordonnées, enchâssées, au sein desquelles les risques d’erreurs de tous types sont également plus élevés : balisage (connecteurs non pertinents, mauvaise gestion des anaphores…), syntaxe (concordance des temps, par exemple), orthographe (accords en présence d’un pronom relatif, par exemple).

Sources (illustrations sous licence Creative Commons) : bébé sceptique

[tab:En pratique]

spotLROM 1360 – Le roi se meurt (Ionesco)

Le Roi se meurt présente une strate politique que nous avons pu relever dans ce textePrésence d'une proposition relative inutile ('que nous avons...'), d'un verbe modal superflu ('pu relever') et d'un démonstratif pas vraiment nécessaire ('ce texte'). R Nous avons (notamment) relevé une strate politique dans Le Roi se meurt.

Consulter l’analyse complète (réponse intégrale et son analyse détaillée)

[tab:« De quoi j’ai l’air ? »]
[table class= »impression »]
Ce que le prof risque de griffonner, Ce que le prof risque de conclure
lunettes_small2, table radio_small2
pas clair, prétentieux – snob
trop peu lisible, naïf
lourd – fatigant, scolaire – immature

[/table]

[tab:+++]

88 clés

Fiche 16a – Ton ou style inutilement savant ou compliqué

Fiche 7c – Phrase trop lourde/contient trop d’idées

www

Un relevé de problèmes stylistiques très fréquents, mentionnant et illustrant notamment les tournures évoquées dans « En théorie ».

[tab: GRR]

point d'interrogation détouré

  • La phrase que je rédige est-elle aisément compréhensible ?
  • Chaque terme que j’utilise est-il absolument nécessaire et utile ?
  • Ai-je éventuellement l’impression de mettre par écrit des formules « qui sonnent bien », mais que je pourrais difficilement expliquer oralement si on me le demandait ? N’ai-je pas l’impression de « singer » des constructions qui me viennent à l’esprit, sans être sûr de maîtriser leur logique et leur syntaxe ?
  • Si j’utilise des tournures où je combine deux verbes ou deux noms, cette combinaison apporte-t-elle réellement une précision, une nuance, une clarification du sens de mon propos ?
  • Si j’ai utilisé des constructions enchâssées / des propositions subordonnées multiples ou si ma phrase fait plus de deux lignes, ai-je vérifié qu’elle reste tout à fait claire ?
  • Ne pourrais-je pas formuler la même idée de façon plus directe, plus simple, sans perdre en précision ?