Page rassemblant, avec leurs traductions, les textes suivis, latins (et bientôt grecs), évoquant le rôle joué par la louve nourricière dans la légende des origines romaines.

Le fauve nourricier

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bluecube.gif (227 octets) Les textes suivis

pucecawh.gif (869 octets) En latin

coin.droit.gif (1117 octets) Les prosateurs


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triangle3.gif (202 octets) Cicéron
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...quo in loco cum esset siluestris beluae sustentatus uberibus pastoresque eum sustulissent et in agresti cultu laboreque aluissent,...

«Là, ce fut une bête fauve de la forêt qui  le nourrit de son lait, puis des bergers le recueillirent et l'élevèrent au milieu des travaux champêtres».

Cic., Rep., II, 2, 4 rendu dans la traduction de E. Bréguet, Cicéron, De Republica. Tome II. Livres II-VI, Paris, 1986, p. 9 (Collection des Université de France).

 
 
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triangle3.gif (202 octets) Fabius Pictor 
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«[...] mais elle (Rhéa Silvia) fut enfermée et mise au secret, pour l'empêcher d'accoucher à l'insu d'Amulius. Elle mit au monde deux enfants, d'une taille et d'une beauté extraordinaires. Aussi Amulius, plus effrayé encore, donna-t-il l'ordre à un serviteur de les prendre et de les exposer. Certains disent que cet homme s'appelait Faustulus ; pour d'autres, ce n'est pas lui qui portait ce nom mais celui qui les recueillit. Il mit donc les nouveau-nés dans une corbeille et descendit vers le fleuve pour les y abandonner ; mais lorsqu'il vit les flots gonflés et houleux, il n'osa pas s'en approcher et, les ayant déposés près de la rive, s'éloigna. Quand le fleuve déborda, le flux souleva la corbeille, l'éleva doucement et la déposa en un endroit au sol assez mou, qu'on appelle à présent Cermalus, autrefois Germanus [...]. Il y avait à proximité un figuier sauvage qu'on appelait Ruminal [...]. On raconte que la louve vint allaiter les nouveau-nés qui étaient couchés là et qu'un pivert l'aida à les nourrir et à les protéger. Ces animaux passent pour être consacré à Mars ; le pivert est particulièrement honoré et vénéré par les Latins ; c'est la raison essentielle de la confiance qu'inspira l'accouchée lorsqu'elle affirma que le père de ses enfants étaient Mars. On dit toutefois qu'elle fut trompée et que c'est Amulius qui, lui apparaissant en armes, l'enleva et la déflora. louve.gif (7801 octets) »

Fabius Pictor ( = HRR F5a = Chassignet F 7a), apud Plut., Rom., 3, 4-6 ; 4, 1 et 4, 2-3 rendu dans la traduction de M. Chassignet, L' annalistique romaine. Tome I. Les Annales des Pontifes et l'annalistique ancienne (Fragments), Paris, 1996, p. 19-20 (Collection des Universités de France). 

 

At uero Fabius Pictor libro primo et Vennonius solito institutoque egressam uirginem in usum sacrorum aquam petitum ex eo fonte qui erat in luco Martis, subito imbribus tonitrubusque quae cum illa erat disiectis, a Marte compressam conturbatamque mox recreatam consolatione dei nomen suum indicantis affirmantisque ex ea natos dignos patre euasuros. Primum igitur Amulius rex, ut comperit Rheam Siluiam sacerdotem peperisse geminos, protinus imperauit deportari ad aquam profluentem atque eo abici. Tum illi quibus imperatum id erat impositos alueo pueros circa radices montis Palatii in Tiberim qui tum magnis imbribus stagnauerat abiecerunt eiusque regionis subulcus Faustulus speculatus exponentes, ut uidit, relabente flumeine, alueum in quo pueri erant obhaesisse ad arborem fici puerorumque uagitu lupam excitam, quae repente exierant, primo lambitu eos detersisse, dein leuandorum uberum gratia mammas praebuisse, descendit...

«Par ailleurs, Fabius Pictor, dans son livre premier, et Vennonius (attestent que) la jeune fille, selon l'habitude et d'après l'usage établi, était sortie chercher de l'eau pour la pratique pour la pratique des cultes à la source qui se trouvait dans le bois sacré de Mars, lorsque, ses compagnes dispersées par les orages et les coups de tonnerre, elle fur violée par Mars ; effrayée elle fut bientôt rassurée par le dieu qui lui avait indiqué son nom et affirmé que des fils dignes de leur père naîtrait d'elle. Pour cette raison, le roi Amulius, lorsqu'il découvrit que la prêtresse Rhéa Silvia avait enfanté des jumeaux, ordonna aussitôt de les transporter vers un cours d'eau et de les abandonner à cet endroit. Mais alors, ceux qui avaient reçu cet ordre abandonnèrent les enfants, placés dans un baquet, au pied du mont Palatin, dans le Tibre qui, à ce moment-là, formait une nappe stagnante à cause des fortes pluies. Faustulus, porcher de cette région, avait observé l'exposition ; il vit, le cours d'eau refluant, que le baquet dans lequel les enfants avaient été déposés s'était arrêté près d'un figuier et qu'une louve, soudainement sortie attirée par les vagissements des enfants, les avait d'abord nettoyés en les léchant et ensuite leur avait présenté ses tétinés pour soulager ses mamelles gonflées grâce à la fécondité ; il descendit... »

Fabius Pictor ( = F 7c Chassignet), apud OGR, XX, 1-3 rendu dans la traduction (légèrement modifiée) de M. Boulianne, Légendes et prodiges à Rome : le corpus annalistique,Mémoire de maîtrise ès art de l'Université Laval, Laval, 2001, p. 13-14 (Département des littératures. Faculté des Lettres).

 

'Lupus' masculinum, quamquam Varro in eo libro, quo initia Romanae urbis enarrat, 'lupum feminam' dicit, Ennium Pictoremque Fabium secutus.

«'Lupus' est masculin, bien que Varron, dans le livre où il commente les débuts de la ville de Rome, dise 'lupus demina' (un loup femelle), suivant Ennius et Fabius Pictor. »

Fabius Pictor ( = F 7e Chassignet), apud Quint., Inst. or., I, 6, 12 rendu dans la traduction (légèrement modifiée) de M. Boulianne, Légendes et prodiges à Rome : le corpus annalistique,Mémoire de maîtrise ès art de l'Université Laval, Laval, 2001, p. 15 (Département des littératures. Faculté des Lettres).

 
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triangle3.gif (202 octets) Florus
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Hoc de se sacerdos grauida confessa est, nec mox Fama dubitauit, cum Amulii regis imperio abiectus in profluentem cum Remo fratre non potuit exstingui, si quidem et Tiberinus amnem repressit, et relictis catulis lupa secuta uagitum ubera admouit infantibus matremque se gessit. Sic repertos apud arborem Faustulus regii gregis pastor tulit in casam atque educauit.

«La prêtresse l'avoua au cours de sa grossesse et la Renommée n'en douta pas par la suite, puisque le roi Amulius, ayant donné l'ordre de le jeter dans un cours d'eau avec son frère Rémus, ne put le faire périr : en fait, le Tibre retint ses eaux et une louve, abandonnant ses petits, repéra les enfants grâce à leurs vagissements, leur donna ses mamelles à têter et se conduisit avec eux comme une mère. Les ayant trouvés ainsi au pied d'un arbre, Faustulus, berger du troupeau royal, les emporta dans sa maison et les éleva».

Flor., I, 1, 2-3 rendu dans la traduction de P. Jal, Lucius Annaeus Florus. Oeuvres. Tome I, Paris, 1967,  p. 7-8.

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Hygin
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Qui lacte ferino nutriti sunt
...Romulus et Remus Martis et Iliae filii ab lupa.

«...Romulus et Rémus fils de Mars et d'Ilia, par une louve.»

Hygin., Fab., 252, rendu dans la traduction de J.-Y. Boriaud, Hygin, Fables, Paris, 1997, p. 157 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Justin
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Sed fortuna, origini Romanae prospiciens, pueros lupae alendos obtulit : quae, amissis catulis, distenta ubera exinanire cupiens, nutricem se infantibus praebuit. Quum saepius ad paruulos, ueluti ad catulos, reuerteretur, rem Faustulus pastor animaduertit, subtractosque ferae inter greges pecorum agresti uita nutriuit. Martiosi pueros fuisse, siue quod in luco Martis enixi sunt, siue quos a lupa, quae in tutela Martis est, uelut manifestis argumentis creditum.

«Mais la fortune, qui s'occupait déjà de l'origine de Rome, voulut que les deux enfants fussent allaités par une louve, qui, privée de ses petits et cherchant à soulager ses mamelles, leur tint lieu de nourrice. Elle revenait souvent vers eux, comme vers ses petits. Le berger Faustulus, s'en étant aperçu, les lui déroba, et les éleva rustiquement au milieu de ses troupeaux. Ils passèrent sans peine pour fils de Mars, soit parce qu'ils étaient nés dans le bois de ce dieu, soit parce qu'ils avaient été nourris par une louve».

Just., 43, 2 rendu dans la traduction de J.-M. Nisard, Cornelius Nepos, Quinte-Curce, Justin, Valère Maxime, Julius Obsequens : Oeuvres complètes, Paris, 1841, p. 547 (Collection des auteurs latins).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Mythographe du Vatican Iline1.gif (2537 octets)

Sed Remus prior sex uultures uidit, Romus postea duodecim ; quae res bellum creauit, in quo extinctus est Remus. Et a Romi nomine Romani appellati  ; ut autem pro Romo Romu<lu>s diceretur, blandimenti genere factum est, quod gaudet diminutione. Quod a lupa dicuntur alti, fabulosum figmentum est ad celandam auctorum Romani generis turpitudinem. Nec in<con>grue fictum est ; nam et meretrices lupas uocamus - unde et lupanaria - et constat hoc animal esse in tutela Martis.

«Si Remus fut le premier à voir six vautours, Romus en vit après lui douze ; ainsi se déclencha une guerre dans laquelle Remus fut tué. Du nom de Romus, les habitants de la cité furent appelés Romains. Si le nom de Rom<ul>us fut utilisé à la place de Romus, il s'agit d'une façon tendre de parler qui se plaît aux diminutifs. Quant au fait qu'ils sont dits avoir été nourris par une louve, il s'agit d'une fable inventée afin de cacher la condition honteuse des fondateurs du peuple romain. Et tout cela fut imaginé non sans logique ; nous appelons en effet louves les prostituées (d'où le mot de lupanars) et il est bien connu que cet animal se trouve sous la protection de Mars».

Myth.Vat., I, 30, 7-10 rendu dans la traduction de J. Berlioz, Le premier mythographe du Vatican, Paris, 1995, p. 19-20 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Pline l'Ancienline1.gif (2537 octets)

Nam quae de infantibus ferarum lacte nutritis, cum essent expositi, produntur, sicut de conditoribus nostris a lupa, magnitudini fatorum accepta fieri aequius quam ferarum naturae arbitror.

«Quant aux enfants abandonnés, allaités par des bêtes fauves, comme on le raconte des fondateurs de notre ville et de la louve qui les nourrit, je pense qu'il est plus juste d'imputer ces faits à la grandeur de nos destins qu'au naturel des animaux.»

Plin., N.H., VIII, 22, 61 rendu dans la traduction de A. Ernout, Pline l'Ancien, Histoire naturelle. Livre VIII, Paris, 1952, p. 45 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Ps-Aurélius Victor (OGR)line1.gif (2537 octets)

At uero Fabius Pictor libro primo et Vennonius solito institutoque egressam uirginem in usum sacrorum aquam petitum ex eo fonte quio erat in luco Martis, subito imbribus tonitrubusque quae cum illa erant disiectis, a Marte compressam conturbatamque mox recreatam consolatione dei nomen suum indicantis affirmantisque ex ea natos dignos patre euasuros. Primum igitur Amulius rex, ut comperit Rheam Siluiam sacerdotem peperisse geminos, protinus imperauit deportari ad aquam profluentem, atque eo abici. Tum illi quibus imperatum id erat impositos alueo pueros circa radices montis Palatii in Tiberim qui tum magnis imbribus stagnauerat abiecerunt eiusque regionis subulcus Faustulus speculatus exponentes, ut uidit, relabente flumine, alueum in quo pueri erant obhaesisse ad arborem fici puerorumque uagitu lupam excitam, quae repentem exierat, primo lambitu eos detersisse, dein leuandorum uberum gratia mammas praebuisse, ... louve.gif (7801 octets)

Addunt quidam, Faustulo inspectante, picum quoque aduolasse et ore pleno cibum pueris ingessisse. Inde uidelicet lupum picumque Martiae tutelae esse. Arborem quoque illam Ruminalem dictam circa quam pueri abiecti erant, quod eius sub umbra pecus adquiescens meridie ruminare sit solitum.

«Mais voici ce que rapportent Fabius Pictor dans son livre premier et Vennonius. Fidèle à l'usage rituel, la jeune fille était sortie pour aller chercher l'eau nécessaire aux besoins du culte à la source située dans le bois sacré de Mars. Soudain la pluie et les coups de tonnerre dispersèrent ses compagnes, et Mars lui fit violence. D'abord effrayée, elle fut bientôt consolée et rassurée par le dieu qui lui fit connaître son nom et lui affirma qu'il naîtrait d'elle des fils dignes de leur père. À la nouvelle que la prêtresse Rhéa Silvia avait donné le jour à des jumeaux,  la  première réaction d'Amulius fut d'ordonner sur-le-champ de les porter jusqu'à un cours d'eau et de les y abandonner. Alors ceux qui avaient reçu cet ordre placèrent les enfants dans une barque et les abandonnèrent au pied du mont Palatin, dans le Tibre qui, grossi à ce moment-là par de fortes pliues, formait des étendues d'eau dormante. Un porcher de l'endroit, Faustulus, aperçut ceux qui exposaient les jumeaux. Puis, à la décrue, il constata que la barque dans laquelle les enfants se trouvaient s'était arrêtée à un figuier : leurs vagissements avaient attiré une louve sortie à l'improviste, qui commença par les lécher et par les nettoyer, puis leur présenta ses mamelles pour les alléger...

Certains ajoutent que, sous les yeux de Faustulus, un pivert aussi vola jusqu'aux enfants, le bec plein de nourriture qu'il leur fit avaler : telle serait apparemment la raison pour laquelle le loup et le pivert sont sous la protection de Mars. Ils expliquent aussi que l'arbre auprès duquel les enfants avaient été abandonnés fut appelé Ruminal, car le bétail qui se reposait sous son ombre au milieu du jour avait l'habitude de ruminer.»

OGR, XX, 1-4 rendu dans la traduction de J.-Cl. Richard, Ps.-Aurélius Victor, Les origines du peuple romain, Paris, 1983, p. 99-100 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Tite-Live
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(Amulius) pueros in profluentem aquam mitti iubet. Forte quadam diuinitus super ripas Tiberis effusus lenibus stagnis nec adiri usquam ad iusti cursum poterat amnis et posse quamuis languida mergi aqua infantes spem ferentibus dabat. Ita uelut defuncti regis imperio in proxima alluuie, ubi nunc ficus Ruminalis est - Romularem uocatam ferunt - , pueros exponunt. Vastae tum in his locis solitudines erant. Tenet fama, cum fluitantem alueum, quo expositi erant pueri, tenuis in sicco aqua destituisset, lupam sitientem ex montibus qui circa sunt ad puerilem uagitum cursum flexisse ; eam submissas infantibus adeo mitem praebuisse mammas ut lingua lambentem pueros magister regii pecoris inuenerit - Faustulo fuisse nomen ferunt - ; ab eo ad stabula Larentiae uxori educandos datos.

«(Amulius) donne l'ordre de jeter ses enfants dans le courant du fleuve. Par un hasard providentiel, le Tibre débordé, s'étalait en nappes d'eau dormante ; le lit régulier du fleuve était partout inaccessible ; mais ces eaux stagnantes paraissaient cependant suffisantes aux porteurs pour noyer des nouveau-nés. Ils s'imaginent donc exécuter l'ordre du roi en déposant les enfants dans la première étendue d'eau venue, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le figuier Ruminal, anciennement figuier Romulaire, dit-on. Ce lieu n'était alors qu'une vaste solitude. Une tradition constante affirme que le berceau où les enfants étaient exposés commença par flotter ; puis que les eaux baissant le laissèrent à sec ; qu'une louve, poussée par la soif  hors des montagnes environnantes et attirée par les cris des enfants, tourna ses pas vers eux et, se baissant, leur présenta ses mamelles avec tant de douceur, qu'elle les léchait à coups de langue quand le berger du roi les découvrit. Il s'appelait Faustulus dit-on. Il les emporta dans son étable et les fit nourrir par sa femme, Larentia».

Liv., I, 4, 3-7 rendu dans la traduction de G. Baillet, Tite-Live. Histoire romaine. Tome I. Livre I, Paris, 1971, p. 10 (Collection des Universités de France).


coin.droit.gif (1117 octets) Les poètes


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triangle3.gif (202 octets) Ovide
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Siluia Vestalis caelestia semina partu
Ediderat, patruo regna tenente suo.
Is iubet auferri paruos et in amne necari.
Quid facis ? Ex istis Romulus alter erit !
Iussa recusantes peragunt lacrimosa ministri,
Flent tamen et geminos in loca iussa ferunt.
Albula, quem Tiberim mersus Tiberinus in undis
Reddidit, hibernis forte tumebat aquis.
Hic ubi nunc fora sunt lintres errare uideres
Quaque iacent ualles, Maxime Circe, tuae.
Huc ubi uenerunt  (neque enim procedere possunt
Longius), ex illis unus et alter, ait :
«At quam sunt similes ! At quam formosus uterque !
Plus tamen ex illis iste uigoris habet.
Si genus arguitur uoltu, nisi fallit imago,
Nescio quem in uobis suspicor esse deum.
At siquis uestrae deus esset originis auctor,
In tam praecipiti tempore ferret opem ;
Ferret opem certe, si non ope mater egeret,
Quae facta est uno mater et orba die.
Nata simul, moritura simul, simul ite sub undas
Corpora !». Desierat deposuitque sinu.
Vagierunt ambo pariter : sensisse putares.
Hi redeunt udis in sua tecta genis.
Sustinet impositos summa cauus alueus unda ;
Heu quantum fati parua tabella tulit !
Alueus in limo siluis appulsus opacis
Paulatim fluuio deficiente sedet.
Arbor erat - remanent uestigia - : quaeque uocatur
Rumina nunc ficus, Romula ficus erat.
Venit ad expositos, mirum, lupa feta gemellos.
Quis credat pueris non nocuisse feram ?
Non nocuisse parum est : prodest quoque. Quos lupa nutrit
Perdere cognatae sustinuere manus !
Constitit et cauda teneris blanditur alumnis
Et fingit lingua corpora bina sua.
Marte satos scires : timor afuit. Vbera ducunt
Nec sibi promissi lactis aluntur ope.
Illa loco nomen fecit,  locus ipse Lupercis :
Magna dati nutrix praemia lactis habet.

«La Vestale Silvia avait mis au monde ses jumeaux de souche divine, alors que régnait son oncle. Celui-ci ordonne d'enlever les nouveau-nés et de les noyer dans le fleuve. Que fais-tu là ? L'un de ceux-ci sera Romulus ! Tout en les contestant, les serviteurs accomplissent ces ordres déplorables ; ils pleurent et pourtant ils portent les jumeaux à l'endroit prescrit. L'Albula auquel Tiberinus, qui fut enflouti dans ses flots, donna le nom de Tibre, se trouvait être gonflé par les pluies hivernales. Là où se trouvent aujourd'hui les forums et où s'étend ta vallée, Grand Cirque, on pouvait voir voguer des barques. Quand les serviteurs arrivèrent à cet endroit (il était impossible d'avancer plus loin), l'un ou l'autre dit : "Comme ils se ressemblent ! Comme ils sont beaux tous les deux ! Pourtant celui-ci est plus vigoureux. Si la descendance se prouve par le visage et si l'apparence n'est pas trompeuse, je soupçonne en vous la présence de quelque dieu. Mais si  un dieu était l'auteur de votre naissance, il vous porterait secours en une circonstance aussi critique ; votre mère vous porterait secours à coup sûr, si elle n'avait elle-même besoin de secours, elle qui, le même jour, reçut et perdit ses enfants. Nés ensemble, voués à mourir ensemble, que vos corps disparaissent ensemble sous les flots !". Il s'était tu et déposa son fardeau. Les deux enfants vagirent ensemble, comme s'ils avaient eu conscience de leur sort. Les serviteurs rentrent chez eux, les joues baignées de larmes. Placés dans le creux d'une d'auge, les jumeaux flottent à la surface de l'eau. Ah ! quel destin immense fut confié à une petite nacelle ! Poussée vers un boqueteau touffu, l'auge s'immobilise dans la vase, au fur et à mesure que décroît le niveau de l'eau. Il y avait un arbre - il en subsiste des vestiges : ce figuier que l'on nomme maintenant Ruminal était alors le figuier de Romulus. Auprès des jumeaux abandonnés vint par miracle une louve qui avait mis bas. Qui pourrait croire que la bête sauvage ne fit pas de mal aux enfants ? C'est trop peu dire qu'elle n'a fait aucun mal ; elle leur a été bénéfique. Et ces êtres nourris par une louve, un parent avait osé vouloir leur perte ! Elle s'arrête, caresse avec sa queue les tendres nourrissons et, de sa langue, façonne leurs corps. Ils étaient nés de Mars, à n'en pas douter : ils ignoraient la peur. Ils tètent les mamelles et bénéficient pour se nourrir d'un lait qui ne leur était pas destiné. La louve donna son nom au lieu, le lieu à son tour aux Luperques : ainsi, cette nourrice a reçu pour le don du lait une grande récompense».

Ov., F., II, 383-422 rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide. Les Fastes. Tome I. Livres I-III, Paris, 1992, p. 71-73 (Collection des Universités de France).

 
...«Ignibus Iliacis aderam, cum lapsa capillis
Decidit ante sacros lanea uitta focos.
Inde duae pariter, uisu mirabile, palmae
Surgunt : ex illis altera maior erat
Et grauibus ramis totum protexerat orbem
Contigeratque sua sidera summa coma.
Ecce meus ferrum patruus molitur in illas :
Terreor admonitu corque timore micat.
Martia picus auis gemino pro stipite pugnant
Et lupa : tuta per hos utraque palma fuit.»
Dixerat et plenam non firmis uiribus urnam
Sustulit : implerat, dum sua uisa refert.
Interea crescente Remo, crescente Quirino,
Caelesti tumidus pondere uenter erat.
Quominus emeritis exiret cursibus annus,
Restabant nitido iam duo signa deo.
Siluia fit mater ; Vestae silmulacra feruntur
Virgineas oculis opposuisse manus.
Ara deae certe tremuit pariente ministra
Et subiit cineres territa flamma suos.
Haec ubi cognouit contemptor Amulius aequi
(Nam raptas fratri uictor habebat opes),
Amne iubet mergi geminos. Scelus unda refugit :
In sicca pueri destituuntur humo.
Lacte quis infantes nescit creuisse ferino
et picum expositis saepe tulisse cibos ?
 
«..."J'étais en train se veiller sur le feu d'Ilion, quand ma bandelette de laine glissa de mes cheveux et tomba devant le foyer sacré. Il en surgit à la fois - ô prodige - deux palmiers, dont l'un était plus grand ; de ses rameaux lourds il couvrait le monde entier et de son feuillage il touchait les astres dans le ciel. Voici que mon oncle brandit un fer contre eux : je suis terrifiée par cette évocation et mon coeur bat tressaille de crainte. Le pivert, oiseau de Mars, et la louve combattent pour les deux stipes : grâce à eux les deux palmiers ont été saufs".
Après ces paroles, elle souleva, bien qu'affaiblie, son vase plein : elle l'avait rempli tout en racontant sa vision. Cependant, à mesure du développement de Rémus et de Quirinus, elle avait vu enfler son ventre du lait de ce fardeau céleste. Il ne restait plus au dieu de la lumière que deux constellations à parcourir pour terminer l'année avec l'achèvement de sa course. Silvia devient mère ; la statue de Vesta se voila, dit-on, les yeux de ses mains virginales. L'autel de Vesta, pour sûr, se mit à trembler pendant l'accouchement de sa servante et la flamme terrifiée se couvrit de ses cendres. Quand cette nouvelle parvint à Amulius, le contempteur du droit (car il avait réussi à s'emparer des biens de son frère), il ordonne de précipiter les jumeaux dans le fleuve. L'eau refuse le crime : les enfants sont déposés sur un terrain sec. Qui ne sait que les nourrissons ont pu se développer grâce au lait d'une bête sauvage, que souvent un pivert est venu les nourrir alors qu'ils étaient exposés».

Ov., F., III, 29-54 rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide. Les Fastes. Tome I. Livres I-III, Paris, 1992, p. 64-65 (Collection des Universités de France).

 

«Heu  ubi Mars pater est ? si  uos modo uera locuti
Vberaque expositis ille ferina dedit.
Quem lupa seruauit, manus hunc temeraria ciuis
Perdidit. O quanto mitior illa fuit !
Saeue Celer, crudelem animam per uolnera reddas
Vtque ego sub terras sanguinulentus eas !
Noluit hoc frater, pietas aequalis in illo est ;
Quod potuit, lacrimas Manibus ille dedit.
Hunc uos per lacrimas, per uestra alimenta rogate
Vt celebrem nostro signet honore diem» .
 
«"... Las, où est mon père Mars ? Si vous avez dit vrai naguère et si ce dieu a procuré aux jumeaux exposés le lait d'une bête sauvage... Celui qu'une louve avait sauvé, la main téméraire d'un concitoyen l'a fait périr. O combien plus sensible fut la louve ! Impitoyable Céler, puisses-tu être transpercé, comme moi, pour rendre ton âme cruelle, et descendre sous terre tout couvert de sang ! Mon frère n'avait pas voulu
cela ; son affection était égale à la mienne ;  ce qu'il a pu, il l'a donné : des larmes à mes Mânes. O vous qui m'avez pleuré, vous qui m'avez élevé, demandez-lui de désigner un jour de fête en mon honneur"».

Ov., F., V, 465-474 rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide. Les Fastes. Tome II. Livres IV-VI, Paris, 1993, p. 58 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Properce
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                                           ...tu crimines auctor,
nutritus duro, Romule, lacte lupae :
tu rapere intactas docuisti impune Sabinas ;
per te nunc Romae quilibet audet Amor.

«Le criminel, c'est toi Romulus, toi que nourrit le lait sauvage de la louve : tu sus impunément faire enlever les vierges sabines, mais c'est ta faute aujourd'hui si, à Rome, l'Amour a toutes les audaces».

Prop., II, 6, 19-22, rendu dans la traduction de D. Paganelli, Properce, Élégies, Paris, 1929, p. 43 (Collection des Universités de France).

 

Optima nutricum nostris lupa Martia rebus,
qualia creuerunt moenia lacta suo.

«O Louve de Mars, pour notre empire la meilleure des nourrices, comme elle a grandi, cette ville à qui tu donnas ton lait».

Prop., IV, 1, 55-56, rendu dans la traduction de D. Paganelli, Properce, Élégies, Paris, 1929, p. 131 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Virgile
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«Hic iam ter centum totos regnabitur annos
gente sub Hectorea, donec regina sacerdos
Marte grauis geminam partu dabit Ilia prolem.
Inde lupae fuluo nutricis tegmine laetus
Romulus excipiet gentem et Mauortia condet
moenia Romanosque suo de nomine dicet.
His ego nec metas rerum nec tempora pono :
imperium sine fine dedi....».

«C'est là désormais que pendant trois fois cent ans entiers la royauté demeurera aux mains de la race d'Hector, jusqu'au jour où une prêtresse fille de roi, grosse des oeuvres de Mars, Ilia, enfantera deux fils jumeaux. Ensuite, fier des forces acquises sous la fauve protection d'une louve sa nourrice, Romulus prendra en charge la nation et fondera les murailles de Mars : de son nom il nommera les Romains. À ceux-là ni bornes dans l'espace ni durée définie je ne fixe : je leur ai donné un empire sans fin.».

Verg., Aen., I, 272-279 rendu dans la traduction de J. Perret, Virgile. Énéide. Tome I. Livres I-IV, Paris, 1981, p. 15-16.

 

Fecerat et uiridi fetam fetam Mauortis in antro
procubuisse lupam, geminos huic ubera circum
ludere pendentes pueros et lambere matrem
impauidos, illam tereti ceruice reflexam
mulcere alternos et corpora fingere lingua.

«Il montrait aussi dans l'antre vert de Mars la louve couchée à terre ; elle venait de mettre bas ; à ses mamelles deux enfants suspendus jouaient, tétaient leur mère sans effroi ; elle, tournant vers eux son cou arrondi, les caressait tour à tour et façonnait leurs corps avec sa langue».

Verg., Aen., VIII, 630-634 rendu dans la traduction de J. Perret, Virgile. Énéide. Tome II. Livres V-VIII, Paris, 1978, p. 142-143. Une version électronique de ce texte dans la traduction d'Anne-Marie Boxus et équipé d'un commentaire dû à Jacques Poucet est désormais disponible sur la BCS.

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