Page rassemblant, avec leurs traductions, les textes suivis, latins (et bientôt grecs), évoquant les diverses facettes de la personnalité d'Acca Larentia, la mère adoptive de Rommulus et Rémus.

Acca Larentia

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bluecube.gif (227 octets) Les textes suivis

pucecawh.gif (869 octets) En latin

coin.droit.gif (1117 octets) Les prosateurs


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triangle3.gif (202 octets) Aulu-Gelleline1.gif (2537 octets)

Accae Larentiae et Gaiae Taraciae, siue illa Fufetia est, nomina in antiquis annalibus celebria sunt. Earum alterae post mortem, Taraciae autem uiuae, amplissimi honores a populo Romano habiti... Sed Acca Larentia corpus in uulgus dabat pecuniamque emeruerat ex eo quaestu uberem. Ea testamento, ut in Antiatis `Historia´ scriptum est, Romulum regem, ut quidam autem alii tradiderunt, populum Romanum bonis suis heredem fecit. Ob id meritum a flamine Quirinali sacrificium ei publice fit et dies e nomine eius in fastos additus. Sed Sabinus Masurius in primo `Memoralium´, secutus quosdam historiae scriptores, Accam Larentiam Romuli nutricem fuisse dicit. «Ea, inquit, mulier ex duodecim filiis maribus unum morte amisit. In illius locum Romulus Accae sese filium dedit seque et ceteros eius filios `fratres Aruales´ appellauit. Ex eo tempore collegium mansit fratrum Arualium numero duodecim, cuius sacerdotii insigne est spicea corona et albae infulae».

«Les noms d'Acca Larentia et de Gaia Taracia, à moins que cette dernière ne soit nommée Fufetia, sont fréquents dans les annales anciennes. Elles ont reçu l'une et l'autre du peuple romain les plus grands honneurs, l'une après sa mort, mais Taracia de son vivant... Mais Acca Larentia livrait son corps au public et elle avait gagné à ce commerce de l'argent en grande quantité. Dans son testament elle institua héritier de ses biens le roi Romulus, à ce qui est écrit dans l'histoire de Valerius Antias, le peuple romain, à ce que certains autres ont transmis. Pour ce mérite un sacrifice lui est fait au nom de l'État par le flamine de Quirinus et un jour à son nom fut ajouté aux fastes. Mais Masurius Sabinus dans le premier livre de ses Memorialia, suivant certains historiens, dit qu'Acca Larentia fut la nourrice de Romulus. "Cette femme, dit-il, avait douze fils mâles, elle en perdit un qui mourut. À sa place Romulus se donna pour fils à Acca Larentia et ils s'appelèrent, lui et les autres fils, frères Arvales. Depuis ce temps, le collège des frères Arvales resta au nombre de douze, l'insigne de cette prêtrise est la couronne d'épis et les bandelettes blanches"».

Aul. Gel., VII, 1 et 5-8 rendu dans la traduction de R. Marache, Aulu-Gelle, Les nuits attiques. Tome II. Livres V-X, Paris, 1978, p. 92-93 (Collection des Universités de France).

 

 
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triangle3.gif (202 octets) Fabius Pictor 
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«D'autres prétendent que le nom de la nourrice, par son ambiguïté, permit à l'histoire de dériver vers le merveilleux, car les Latins appelaient louves chez les bêtes les femelles des loups et chez les femmes, les prostituées ; or, la femme de Faustulus, père nourricier des enfants, en était une, du nom d'Acca Larentia...»

Fabius Pictor ( = HRR F5a = Chassignet F 7a), apud Plut., Rom., 4, 3-4 rendu dans la traduction de M. Chassignet, L' annalistique romaine. Tome I. Les Annales des Pontifes et l' annalistique ancienne (Fragments), Paris, 1996, p. 20 (Collection des Universités de France). 

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Macrobe
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Ferunt enim regnante Anco aedituum Herculis per ferias otiantem deum tesseris prouocasse ipso utriusque manum tuente, adiecta condicione ut uictus cena scortoque multaretur. Victore itaque Hercule illum Accam Larentiam, nobilissimum id temporis scortum, intra aedem inclusisse cum cena, eamque postero die distulisse rumorem quod post concubitum dei accepisset munus, ne commodum primae occasionis, cum se domum reciperet, offerandae aspernaretur. Euenisse itaque ut egressa templo mox a Carutio, capto eius pulchritudine, compellaretur. Cuius uoluntatem secuta adsumptaque nuptiis, post obitum uiri omnium bonorum eius facta compos, cum decederet, populum Romanum nuncupauit heredem ; et ideo ab Anco in Velabro, loco celeberrimo urbis, sepulta est, ac sollemne sacrificium eidem constitutum, quo dis Manibus eius per flaminem sacrificaretur, Iouique feriae consecratae, quod aestimauerunt antiqui animas a Ioue dari et rursus post mortem eidem reddi. Cato ait Larentiam, meretricio quaestu locupletatam, post excessum suum populo Romano agros Turacem, Semurium, Lintirium et Solinium reliquisse, et ideo sepulcri magnificentia et annuae parentationis honore dignatam. Macer Historiarum libro primo Faustuli coniugem Accam Larentiam Romuli et Remi nutricem fuisse confirmat, hanc, regnante Romulo, Carutio cuidam Tusco diuiti denuptam auctamque hereditate uiri. Quam post Romulo, quem educasset, reliquit, et ab eo parentalia diemque festum causa pietatis statutum.

«Sous le règne d'Ancus, à ce qu'on rapporte, le sacristain d'Hercule, un  jour que les fêtes lui donnaient du loisir, invita le dieu à jouer aux dés, lui-même tenant les deux mains. L'enjeu fut un souper et une fille. Hercule gagna et le sacristain enferma dans le temple Acca Larentia, très celèbre courtisane du temps, et un souper. Le lendemain, cette femme répandit le bruit que, au sortir des bras du dieu, celui-ci, comme cadeau, lui avait dit de ne pas dédaigner la première occasion qui s'offrirait à elle en retournant vers sa demeure. Or il arriva que, peu après sa sortie du temple, Carutius, séduit par sa beauté, lui fit des propositions. Elle les accepta, fut épousée par lui, et, à la mort de son mari, entra en possession de tous ses biens. Lorsqu'elle-même mourut, elle  institua comme héritier le peuple romain. Pour ce motif, Ancus la fit ensevelir dans le Vélabre, lieu très fréquenté de la ville ; il voulut aussi que chaque année un sacrifice fût offert à ses Mânes par un flamine, et il consacra cette fête à Jupiter, parce que, d'après les anciens, les âmes étaient données à Jupiter, et, à la mort, retournaient auprès de lui. Caton dit que Larentia, enrichie par son métier de courtisane, laissa au peuple romain, après sa mort, les champs appelés Turax, Sémurius, Lentirius et Solinius, et que, pour cette raison, elle fut honorée d'un tombeau magnifique et d'un sacrifice funèbre. Macer, au livre I de ses Histoires, affirme d'Acca Larentia qu'elle fut la femme de Faustulus et la nourrice de Romulus et Rémus. Sous le règne de Romulus, elle se maria à un certain Carutius, riche Toscan et recueillit l'héritage de son mari. Ces biens, elle les laissa dans la suite à Romulus, son nourrisson, et celui-ci, par gratitude, institua  [en son honneur] un sacrifice funèbre et un jour de fête».

Macr., Sat., I, 10, 12-17, rendu dans la traduction de H. Bornecque, Macrobius Ambrosius Theodosius, Les Saturnales. Tome I. Livres I-III, Paris, 1937, p. 85-87 (Classiques Garnier. Auteurs latins).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Mythographe du Vatican Iline1.gif (2537 octets)

...pueri uero expositi ad uicinam ripam sunt. Hos Faustus repperit pastor, cuius uxor erat nuper meretrix Acca Larentia quae susceptos aluit pueros. louve.gif (7801 octets)

«Quant aux enfants, ils furent exposés sur la rive voisine. Ils furent trouvés par le berger Faustus, qui venait d'épouser la prostituée Acca Larentia : elle recueillit et éleva les enfants.»

Myth. Vat., I, 30 rendu dans la traduction de J. Berlioz, Le premier mythographe du Vatican, Paris, 1995, p. 19 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Pline l'Ancienline1.gif (2537 octets)

Aruorum sacerdotes Romulus in primis instituit seque duodecimum fratrem appellauit inter illos Acca Larentia nutrice sua genitos...

«Les prêtres des Champs furent les premiers que Romulus institua, et lui-même prit le nom de douzième frère parmi les fils d'Acca Larentia, sa nourrice ; ... »

Plin., N.H., XVIII, 2, 6 rendu dans la traduction de H. Le Bonniec et H. Le Boeuffle, Pline l'Ancien, Histoire naturelle. Livre XVIII, Paris, 1972, p. 60.

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Ps-Aurélius Victor (OGR)line1.gif (2537 octets)

...descendit ac sustulit nutriendos Accae Larentiae, uxori suae, dedit, ut scribunt Ennius libro primo, Caesar libro secundo. louve.gif (7801 octets)

«Faustulus descendit alors,  prit les enfant et les donna à sa femme, Acca Larentia, pour qu'elle les nourrît. C'est ce qu'écrivent Ennius dans son premier livre et César dans son livre deux.»

OGR, XX, 3, rendu dans la traduction de J.-Cl. Richard, Ps.-Aurélius Victor, Les origines du peuple romain, Ps.-Aurélius Victor, Les origines du peuple romain, Paris, 1983, p. 100 (Collection des Universités de France).

 

At uero Valerius tradit pueros ex Rhea Siluia natos Amulium regem Faustulo seruo necandos dedisse, sed eum a Numitore exoratum ne pueri necarentur, Accae Larentiae amicae suae dedisse nutriendos, quam mulierem, eo quod pretio corpus sit uulgare solita, lupam dictam. Norum quippe ita appellari mulieres quaestum corpore facientes. Unde et eiusmodi loci in quibus hae consistant lupanaria dicta.

«Selon Valérius au contraire, les enfants nés de Rhéa Silvia furent confiés par le roi Amulius à Faustulus, son esclave, qu'il chargea de les mettre à mort. Mais, supplié par Numitor de leur épargner la mort, Faustulus les donna, pour qu'elle les nourrît, à sa maîtresse Acca Larentia, femme appelée la Louve parce qu'elle avait l'habitude de vendre et de prostituer son corps. Il est en effet connu que l'on appelle ainsi les femmes qui trafiquent de leur corps. C'est pourquoi les lieux où elles logent portent le nom de lupanar.»

OGR, XXI, 1-2, rendu dans la traduction de J.-Cl. Richard, Ps.-Aurélius Victor, Les origines du peuple romain, Ps.-Aurélius Victor, Les origines du peuple romain, Paris, 1983, p. 100 (Collection des Universités de France).

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Saint Jérômeline1.gif (2537 octets)

...propter puchritudinem et rapacitatem corporis quaestuosi lupa a uicinis appellabatur

«Elle était appelée "la louve" par ses voisins en raison des revenus que lui procurait son beau corps de braise».

Hier., Chron., p. 85 Helm

 

 

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triangle3.gif (202 octets) Tite-Live
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Sunt qui Larentiam uolgato corpore lupam inter pastores uocatam putent ; inde locum fabulae ac miraculo datum.

«D'autres prétendent que Larentia était une prostituée, une "louve", comme disaient les bergers, c'est ce qui aurait donné lieu à cette légende merveilleuse.»

Liv., I, 4, 7, rendu dans la traduction de G. Baillet, Tite-Live, Histoire romaine, Tome I. Livre I, Paris, 1971, p. 10 (Collection des Universités de France).


coin.droit.gif (1117 octets) Les poètes


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triangle3.gif (202 octets) Ovide
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Non ego te, tantae nutrix Larentia gentis,
Nec taceam uestras, Faustule pauper, opes ;
Vester honos ueniet, cum Larentalia dicam :
Acceptus Geniis illa December habet.

«Ce n'est pas moi qui vait te passer sous silence, Larentia, toi la nourrice d'une progéniture si fameuse, ni toi, humble Faustulus, ainsi que votre assistance ; j'aurai l'occasion de vous rendre hommage quand je chanterai la fête des Larentalia : elle se situe au mois de décembre, agréable aux Génies.»

Ov., F., III, 55-58, rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide, Les Fastes. Tome I. Livres I-III,  Paris, 1992, p. 65 (Collection des Universités de France).

 

Quod Remus ignorans humiles contemnere muros
coepit et  «His populus» dicere  «tutus erit ?»
Nec mora, transiluit : rutro Celer occupat ausum.
Ille premit duram sanguinulentus humum.
Haec ubi rex didicit, lacrimas introrsus obortas
Deuorat, et clausum pectore uolnus habet.
Flere palam non uolt, exemplaque fortia seruat
«Sic» que «meos muros transeat hostis» ait.
Dat tamen exequias nec iam suspendere fletum
Sustinet et pietas dissimulata patet.
Osculaque applicuit posito suprema feretro
Atque ait : «Inuito frater adempte, uale !» ;
Arsurosque artus unxit ; fecere, quod ille,
Faustulus et maestas Acca soluta comas.
Tum iuuenem nondum facti fleuere Quirites ;
Vltima plorato subdita flamma rogo est.
 
«Rémus, qui ignorait cette consigne, commence par mépriser des murs si bas et par dire :  "C'est avec ça que le peuple sera à l'abri ?" Et sans tarder, il sauta : d'un coup de belle, Celer punit son audace. Rémus s'écrase en sang sur le sol dur. Quand le roi apprend cette nouvelle, il a les larmes aux yeux mais il les refoule et enferme sa douleur dans son coeur. Il ne veut pas pleurer publiquement et donne l'exemple du courage, en ajoutant : "Que tel soit le sort de l'ennemi qui franchira mes murs". Cependant il célébre les obsèques et ne peut plus retenir ses pleurs ; l'affection qu'il voulait dissimuler devient manifeste. Il donne l'ultime baiser au mort couché dans la bière et dit : "Adieu, frère qui m'as été enlevé contre mon gré " ; il oint le corps promis à la flamme ; à sa suite, Faustulus et Acca, en deuil et les cheveux épars, font de même. Alors le jeune homme est pleuré par ses compagnons qui n'étaient pas encore les Quirites ; à la fin des lamentations, on alluma le bûcher».

Ov., F., IV, 841-864, rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide, Les Fastes, Tome II. Livres IV-VI, Paris, 1993, p. 34-35 (Collection des Universités de France)..

 

Romulus ut tumulo fraternas condidit umbras
Et male ueloci iusta soluta Remo,
Faustulus infelix et passis Acca capillis
Spargebant lacrimis ossa perusta suis ;
Inde domum redeunt sub prima crepuscula maesti,
Vtque erat in duro procubuere toro.
Vmbra cruenta Remi uisa est adsistere lecto
Atque haec exiguo murmure uerba loqui :
«En ego dimidium uestri parsque altera uoti,
Cernite sim qualis, qui modo qualis eram !
Qui modo, si uolucres habuissem regna iubentes,
In populo potui maximus esse meo.
Nunc sum elapsa rogi flammis et inanis imago : 
Haec est ex illo forma relicta Remo.»  louve.gif (7801 octets)

«Quand Romulus eut mis au tombeau les cendres de son frère et rendu les derniers devoirs à Rémus, que sa fougue avait entraîné au malheur, l'infortuné Faustulus et Acca, cheveux épars, répandirent leurs larmes sur les os calcin ; ensuite ils rentrèrent tristement chez eux vers la tombée du crépuscule et s'étendirent sur la couche quelque dure qu'elle fût. L'ombre sanglante de Rémus leur parut se dresser près du lit et prononcer dans un filet de voix ces paroles : "Me voici, moi qui ai bénéficié de la moitié, de l'autre part de votre tendresse ; voyez dans quel état je suis, moi qui naguère étais quelqu'un ! Moi qui naguère, sii les oiseaux m'avaient désigné pour régner, aurais pu être le plus grand parmi mon peuple, je ne suis plus aujourd'hui qu'un fantôme sans consistance, échappé aux flammes du bûcher : oui, je ne suis plus que l'ombre qui reste du grand Rémus ! »

Ov., F., V, 451-464, rendu dans la traduction de R. Schilling, Ovide, Les Fastes. Tome II. Livres IV-VI, Paris, 1993., p. 58 (Collection des Universités de France).

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