Exposition en ligne « Bureaux-écrans d’écrivain·e·s. Coulisses numériques de la création« 

Exposition curatée par Corentin Lahouste, Anne Reverseau et Lisa Tronca, et développée avec le support de l’équipe médiatique du Labo Nt2 (UQAM).

Mise en ligne le 5 avril 2022. Lancement dans le cadre du colloque Iconothèques d’écrivain·e·s contemporain·e·s, 7 et 8 avril 2022, UQAM (Montréal)

Bureaux-écrans d’écrivain·e·s

Texte d’introduction

Bureaux-écrans d’écrivain·e·s 
Coulisses numériques de la création 

Le bureau d’ordinateur — ou « desktop » — est assurément l’un des lieux virtuels que l’on fréquente le plus de nos jours. Des millions d’individus sont amenés à le traverser quotidiennement. Aussi, qu’en est-il, pour l’écrivain·e du XXIe s., de ce milieu particulier qui vient prolonger la surface de travail du meuble-bureau, en en démultipliant les possibilités spatiales et de connectivité ? Comment un ensemble de fichiers et de répertoires sont plus ou moins soigneusement agencés dans ces espaces rhizomatiques, fréquemment tentaculaires ? Comment les auteur·e·s contemporain·e·s appréhendent-iels ces bureaux-écrans et comment composent-iels avec ?  

Nous avons ainsi mené une enquête exploratoire auprès d’une dizaine d’écrivain·e·s belges, français·es et québécois·es sur cet environnement singulier que constitue l’interface d’accueil de leurs ordinateurs personnels. Table imaginaire que l’on envahit et qui peut rendre compte de chantiers de création, réservoir d’éléments collectés pour l’écriture, espace prototypique du « en cours », ou encore surface transitionnelle d’inspiration, il est envisageable de multiples manières, mais quelles autres fonctions peut-il également assurer ? Quelles sont notamment les dimensions symboliques imprégnant les gestes et pratiques les plus concrets liés au desktop qui sont présentés dans cette exposition en ligne ? 

Celle-ci s’attache dès lors à montrer les coulisses numériques de la création, à mettre en avant les usages originaux qui en découlent, à commenter l’organisation spatiale particulière qui s’y manifeste, spécifiquement dans la manipulation et l’agencement d’éléments pouvant être fort divers : la façon dont textes et images, mais aussi l’essentiel et l’anecdotique, le professionnel et le privé, l’intime et le solennel, le réflexif et le sensitif s’y entretissent. Suivant quelles modalités ces bureaux-écrans perpétuent-ils ou déplacent-ils donc les usages les plus matériels du meuble-bureau traditionnel, entre autres en termes de rapport entre écriture et registre visuel ? Comment se déploient sur les écrans contemporains l’équivalent des porte-documents, des « tiroirs » abritant babioles ainsi que petits ou grands secrets, des photographies encadrées posées de part et d’autre ?   

Ce projet atypique, qui est le fruit d’une collaboration entre les équipes du projet HANDLING (UCLouvain) et celle du laboratoire NT2 (UQAM), ambitionne à l’avenant de montrer que le motif du bureau est particulièrement stimulant pour les auteurs et autrices, et que la forme du desktop, avec les arborescences de ses répertoires et son soi-disant fonctionnalisme, peut être investie de façon créative. De plus, la figure de l’écrivain·e au bureau, qui est une représentation traditionnelle – voire traditionnaliste –, appelle à être revivifiée aujourd’hui de façon à mettre en valeur ces lieux intermédiaux comme des lieux de la littérature en train de se faire.  

Il est donc ici question de se pencher sur ce que les écrivain·e·s ont à dire de leurs bureaux-écrans, pour mieux comprendre le rapport qui les lie à cet environnement de travail foncièrement hybride, multistrate, et encore relativement peu questionné. Leurs conjectures se déclinent en une diversité de formes textuelles, visuelles et filmiques. Captures d’écran, dessins, textes, échanges de mail, navigations filmées, sont autant de matériaux qui ont été mis à profit et transmis avec générosité par les auteur·e·s sollicité·e·s. Et l’on y croise ainsi principalement les voix et visions d’Antoine Boute, Thomas Clerc, Nicolas Dickner, Hélène Gaudy, Karoline Georges, Edgar Kosma, Caroline Lamarche, Pierre Ménard, Emmanuelle Pireyre, Cécile Portier, Charles Sagalane et Maude Veilleux. Deux portes d’entrées sont possibles pour donner à saisir la matière rassemblée : soit via les icônes disposées sur l’écran qui mènent chacune à l’univers d’un·e écrivain·e ; soit via la barre d’outils présente dans le bas de la page d’accueil qui comprend une dizaine d’accès alternatifs aux éléments brassés par les auteur·e·s dans le cadre de cette investigation.  

Bonne plongée dans ce magma composite quelque peu esbroufant! 

Réalisation menée dans le cadre du projet ERC-HANDLING (Writers Handling Pictures: a Material Intermediality [1880-today]) — Programme Horizon 2020 de l’Union européenne, bourse n° 804259.

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