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Analyse de « l’infodémie » de Covid-19 en Belgique francophone

Rapport de recherche vague 1 : 30 mars – 10 avril 2020

L’ORM réalise un suivi des pratiques d’information des Belges francophones durant l’épidémie de Covid-19. Trois vague d’enquêtes en ligne ont été menées (Mars 2020, Juin 2020 et Novembre 2020). Un premier rapport de recherche est disponible et porte sur les données collectées en mars-avril 2020: https://osf.io/preprints/socarxiv/wsuj3/

Résumé Selon l’OMS, l’épidémie de Covid-19 est accompagnée d’une « infodémie », c’est-à-dire un flux énorme et incessant d’informations, vraies et fausses, difficiles à gérer pour les individus. Cette infodémie est un problème car elle peut générer une incompréhension du virus ainsi que de l’anxiété et empêcher l’adoption de pratiques efficaces de lutte contre la pandémie. Cette étude, réalisée entre le 30 mars et le 10 avril auprès de 1.817 Belges francophones par l’Observatoire de Recherche sur les Médias et le Journalisme (ORM – UCLouvain), mesure l’ampleur de l’infodémie en Belgique francophone.

Conclusions principales : La majorité de la population s’informe principalement par le canal des médias traditionnels (90%). Les sources d’information des médecins, en particulier, se distinguent de cette tendance : ils sont 87% à considérer les discussions avec d’autres professionnels de la santé comme une de leurs sources d’information principale. Il existe également des différences importantes entre les générations du point de vue des sources d’information principales sur l’épidémie. Les moins de 26 ans sont les plus nombreux à combiner médias traditionnels et réseaux sociaux (24%). Ils sont 42% à considérer les réseaux sociaux comme une source principale (comparé à 24% en moyenne, pour la population belge francophone dans son ensemble, toutes classes d’âge confondues). Un Belge francophone sur deux (50%) a partagé des informations relatives au coronavirus sur les réseaux sociaux. Proportionnellement, les plus nombreux à partager des informations sont les adultes entre 26-65 ans (62%, comparé à 35% pour les 16-25 ans et 38% pour les 66 ans et plus). Parmi les Belges qui ont partagé de l’information sur le coronavirus, 10,4% reconnaissent avoir partagé par inadvertance de fausses informations (ce qui représente environ 214.000 personnes). Si les jeunes sont plus nombreux que les générations plus âgées à accorder le statut de source d’information principale aux réseaux sociaux, ils ne sont cependant pas le groupe le plus à risque dans l’infodémie. En effet, ils sont en proportion plus nombreux à avoir conscience d’avoir été exposés à de fausses informations (62%, comparé à 49% pour l’ensemble de la population et seulement 18% pour les 66 ans et plus). Les moins de 26 ans sont moins nombreux à partager de l’information sur le coronavirus et moins nombreux à s’être rendu compte d’avoir partagé de fausses informations. Ils sont également moins nombreux à croire la théorie selon laquelle le coronavirus est issu d’un laboratoire (8% contre 12% des 26 à 65 ans). S’ils Les moins de 26 ans s’informent davantage que les autres classes d’âge sur les réseaux sociaux, ils semblent en faire une utilisation plus critique et y partagent moins d’information relative à l’épidémie. Le groupe le plus à risque dans l’infodémie est le même que celui le plus exposé à l’épidémie de Covid-19, il s’agit des 66 ans et plus. Quatre seniors sur dix (38%) ont partagé de l’information sur les réseaux sociaux et ils sont proportionnellement plus nombreux à reconnaitre avoir partagé des contenus faux sur les réseaux sociaux (25% des seniors ayant partagé de l’information reconnaissent avoir partagé une mauvaise information). De manière générale, les experts et professionnels de la santé sont la source d’information à laquelle les Belges francophones font le plus confiance au sujet du coronavirus (entre 93% et 83% de confiance, selon la source d’expertise). De manière surprenante, en Belgique francophone, le gouvernement fédéral est jugé comme une source d’information plus fiable (81% de confiance) que l’ensemble des médias traditionnels (entre 78% et 67% selon les médias). Les articles de blog (21%) et les influenceurs sur les réseaux sociaux (14%) sont les sources les moins créditées de confiance. Au début de la période de confinement, plus d’un Belge sur deux (57%) pense qu’en cette période de crise nous devrions uniquement faire confiance aux experts pour prendre des décisions et que le gouvernement devrait simplement les appliquer sans les questionner. Seul un belge francophones sur cinq (19,7%) n’est pas d’accord avec cette affirmation. Le lancement d’une seconde vague d’enquête la semaine du 11 mai (qui coïncidera au démarrage de la deuxième étape du plan de déconfinement) permettra d’évaluer l’évolution de ce chiffre. Après deux à trois semaines de confinement, un Belge sur quatre éprouve un niveau d’anxiété élevé ou très élevé. Cette proportion est la plus élevée chez les moins de 26 ans (un jeune sur trois). Le niveau d’anxiété est également plus élevé chez les femmes et chez les personnes qui perçoivent le virus comme une menace importante à leur intégrité physique ou psychologique. Inversement, une plus grande confiance dans les mesures prises par le gouvernement pour faire face à l’épidémie, ou la croyance selon laquelle le virus est le fruit d’un complot politique est associée à un plus faible niveau d’anxiété.

Titre complet du rapport : Analyse de « l’infodémie » de Covid-19 en Belgique francophone. Perceptions du coronavirus, mésinformation, anxiété et confiance dans les sources d’information et le gouvernement en période de confinement en Belgique francophone.

Référence : Lits, Grégoire, Louise-Amélie Cougnon, Alexandre Heeren, Bernard Hanseeuw, et Nathan Gurnet. 2020. Analyse de « L’infodémie » de Covid-19 En Belgique Francophone. OSF. May 9. doi:10.31235/osf.io/wsuj3.

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