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Quelques extraits de l'oeuvre de L. H. Dupriez
2. A propos de l'articulation entre la
science économique et l'éthique sociale
[L'économie en tant qu']
"un ordre de fonctionnalité […] reste à juger selon d'autres
critères, à savoir notamment les critères d'efficience
en longue période et donc de structuration de l'économie,
l'opportunité sociale de la clef de répartition, la valeur
morale des objectifs des agents économiques […]. Le jugement que
l'on portera sur ces fins n'affecte pas la valeur de la liberté.
Il est cependant un point concret où la monnaie est engagée
dans le conflit qui peut naître entre la fonctionnalité du
système économique et les autres critères de jugement
: si les autres critères de jugement sont réalisés
à travers la répartition du revenu et de la monnaie, le système
ne grippe pas, parce qu'il y a concordance, dans des conditions nouvelles,
entre la fonctionnalité et d'autres critères. Au contraire,
si les autres critères sont imposés par voie de contraintes
ou interdictions affectant l'usage de la monnaie, des biens ou des services,
il naît un conflit qui rend le système dysfonctionnel. Les
volontés s'affrontent dans des conditions qui ne permettent plus
de solution. Bien des gouvernements en font l'expérience difficile."
La monnaie
dans l'économie, 1976, p. 391-2
Selon l'auteur, il n'y a donc pas d'incompatibilité
entre le fonctionnement normal du système économique et la
réalisation des exigences de l'éthique sociale. En vue de
leur intégration, il importe de chercher la façon dont les
exigences morales doivent être introduites politiquement sans qu'elles
provoquent des dysfonctionnements économiques. Car de tels dysfonctionnements,
- sous-emploi, dépression économique, inflation excessive,
blocage du développement du tiers monde, etc. - ne font que renforcer
les injustices.