Mémorial Léon H. Dupriez

Université catholique de Louvain

(Belgique)

• Quelques extraits de l'oeuvre de L. H. Dupriez

 

 

1. A propos de la distinction nette entre les "sciences sociales" comme l'économie et l'"éthique sociale"
"Les perspectives de l'ère atomique ne permettent plus d'accepter comme bonne la maîtrise des forces de la nature, sans poser le problème, de plus en plus aigu, de la valeur de son utilisation. Les physiciens responsables des derniers développements de la science ont poussé des cris d'alarme à ce sujet. L'homme est ainsi arrivé au point de sa révolution intellectuelle et technique où le sort de sa grande entreprise dépend de la réponse qu'il donnera au plan supérieur de pensée qui est celui de la morale. De celui-ci, Prométhée[symbolisant le progrès technique et économique de l'humanité] n'a pas l'intuition ; c'est la Genèsequi attire notre attention sur l'option fondamentale de la condition humaine, qui devient de plus en plus vitale dans la mesure même où notre force intellectuelle grandit : que ferons-nous de la connaissance du Bien et du Mal ?"
Philosophie des conjonctures économiques, 2e éd., 1959, p. 469


Il est clair que L. H. Dupriez considérait l'économie comme une science sociale positive et autonome qui ne porte pas de jugements de valeur et dont la seule finalité est d'observer et d'expliquer les "manifestations du réel économique" (ib. p. 489). Une telle approche est scientifique. Elle n'établit que la "cohérence fonctionnelle de l'économie", c'est-à-dire la façon dont l'économie fonctionne et ne tombe pas en dysfonctionnement. Elle "définit les conditions nécessaires de vie économique ; elle ne définit pas les conditions de la justice sociale, tout en étant un des éléments de ce problème" (ib. p. 484). Il ressort en effet clairement du texte cité que le problème de justice sociale, celui de l'éthique sociale, se situe à un niveau supérieur de la pensée par rapport à l'approche économique.

 

Affiché le 21 mars 2000