Eds: Christophe Béchet, Lot Brems & Marie Steffens
Sophie Collonval
Dans la lignée des travaux de Filliettaz, Flahault, Goffman, Grosjean et Lacoste, Kerbrat-Orecchioni ainsi que Vion, nous proposons de répondre à la question de recherche suivante : quelles stratégies interactionnelles d’adresse sont mobilisées par un soignant nouvellement arrivé pour s’intégrer dans une équipe hospitalière ? Durant une interaction, chaque soignant se positionne par rapport aux autres membres de l’équipe et il respecte – autant que faire se peut – les règles et valeurs en vigueur dans l’hôpital, dans l’équipe et dans l’interaction. Leur non-respect rend la communication difficile et il peut positionner le locuteur en marge des pratiques professionnelles du collectif soignant dans lequel il souhaite s’insérer. C’est dans une recherche plus large portant sur la place que des soignants nouvellement arrivés négocient lors de leurs interactions avec les membres de l’unité d’hématologie étudiée que s’insère notre étude des termes d’adresse issus de discours-en-interaction produits dans un hôpital belge francophone.
Philippe De Brabanter & Bruno Leclercq
Nous distinguons plusieurs formes d’externalisme sémantique puis montrons leurs rapports à différents modes de la déférence sémantique. Dans la mesure où la question de savoir quel type d’externalisme sémantique caractérise quel type de mots fait aujourd’hui l’objet d’âpres débats théoriques, nous suggérons un dispositif expérimental qui interroge les intuitions des locuteurs à cet égard en testant le mode de déférence sémantique qui régit leur usage de divers types de termes.
Patrick Dendale, Philippe Kreutz & Anne Vanderheyden
Dans cet article, nous décrivons l’emploi le plus fréquent de la locution adverbiale à vue d’œil, l’emploi « processuel ». À vue d’œil y est adverbe de manière auprès de verbes (ou prédicats) décrivant des processus (procès dynamiques, homogènes, duratifs et non-agentifs). Nous expliquons pourquoi cet emploi de à vue d’œil n’est pas compatible avec les états, les achèvements ponctuels et les activités, mais compatible avec certains accomplissements et achèvements duratifs.
Manon Hermann
Dans cette contribution, nous étudions l’emploi des verbes all./nl. stellen/stellen (‘mettre en position debout’) et all./nl. setzen/zetten (‘mettre en position assise’) lorsqu’ils sont combinés à des compléments prépositionnels obligatoires au sein de locutions figées : all. etwas auf die Agenda setzen (‘mettre quelque chose à l’ordre du jour’) – nl. iets op papier zetten (‘mettre quelque chose par écrit’). Parmi celles-ci, la sous-catégorie des locutions à verbe support (Funktionsverbgefüge en allemand) attire également notre attention. De nombreux exemples issus de deux corpus comparables sont analysés dans le but d’identifier les conceptualisations qui motivent l’emploi des verbes dans ces locutions. Cette étude préliminaire révèle, entre autres, que les deux verbes allemands sont liés à des conceptualisations bien spécifiques alors qu’en néerlandais la distinction semble moins évidente – et démontre donc que la forte ressemblance entre ces deux langues peut parfois s’avérer trompeuse.
Bert Le Bruyn & Janine Berns
Bare plurals are generally claimed to take narrow scope only. A sentence like ‘Charlotte didn’t find rabbits’ is assumed to be compatible only with a situation in which Charlotte has found no rabbit at all. Interestingly, Dutch seems to allow for wide scope readings of bare nouns in sentences where object scrambling has taken place, like in the following example: Er waren momenten dat ze doorhad dat ze dingen niet meer wist (‘There were moments she realised that there were things she didn’t know anymore’). In order to be able to determine the value of such examples in the wide vs. narrow scope discussion of bare nouns, it should first be clarified which role scrambling plays.
The purpose of this paper is to explore the semantic effects of scrambling. We present a synthesis of the Dutch scrambling debate and assess whether scrambling is an operation affecting the inherent semantics of the bare nouns, or whether it is rather an independent operation that may entail secondary semantic effects. We will argue, in line with the majority of analyses on Dutch scrambling, that this phenomenon is not semantically-induced, but that when scrambling takes place, surface scope relations between constituents may change, thus potentially yielding a secondary semantic effect. We will finish our exploration by considering the implications of this view for the theoretical debates on bare nouns, determinerhood and faded partitive constructions.
Malte Rosemeyer & María Sol Sansiñena
Spanish makes frequent use of free-standing que ‘that’-clauses in conversational interaction. Given that in such contexts, que ‘that’ does not syntactically depend on a previous matrix clause, such constructions have been treated as instances of insubordination. While a growing body of research has investigated the interactional patterns associated with declarative free-standing que-clauses, there does not yet exist a systematic analysis of its use in interrogative contexts. Our study analyzes insubordinated wh-interrogatives in a corpus of spoken informal Castilian, Argentinian and Chilean Spanish conversations. An interactional analysis reveals that insubordinated wh-interrogatives typically have a high degree of presuppositionality and consequently are used with anaphoric discourse functions such as repetition and interactional challenge. However, we also find cases in Madrilenian Spanish in which these constructions are used to introduce or specify changes in the discourse topic. We hypothesize that this change in the usage of insubordinated wh-interrogatives represents an instance of the historical process of subjectification.
Steven Schoonjans & Judith Rubatscher
Het is een algemene tendens in het Duits dat de genitief terrein verliest aan de datief. Dit is onder meer het geval na de voorzetsels trotz ‘ondanks’, (an)statt ‘in plaats van’, während ‘tijdens’ en wegen ‘wegens’. Er is al eerder onderzoek gedaan naar factoren die de naamvalskeuze met deze voorzetsels beïnvloeden, maar meestal gaat het dan om taalexterne factoren. Deze bijdrage presenteert de resultaten van een pilootstudie waarin wordt aangetoond dat ook taalinterne factoren zoals het getal van het voorzetselvoorwerp en het al dan niet voorkomen van een casusgemarkeerd determinativum een rol spelen bij de keuze tussen genitief en datief.
Marie Steffens & Charlotte de Callataÿ
Cette contribution se focalise sur l’étude du lexème participer à. Depuis les années 90, l’action de participer a pris une importance centrale dans les sciences humaines. Ce qui est frappant dans la généralisation de l’utilisation de ce lexème dans différents contextes, c’est qu’il y désigne des actions très diverses, de la simple présence à la prise de décision concrète, en passant par la création d’un groupe de pression. Par une démarche de recherche qui allie la linguistique et le droit, nous cherchons à circonscrire son sémantisme. Pour y parvenir, nous avons constitué un corpus de 42 présentations de cas en français, issues de la littérature scientifique en sciences sociales, qui analysent des dynamiques participatives autour de la définition et de l’exercice des rapports humains à l’eau. Cette étude exploratoire est appuyée par une recherche des emplois de participer dans le journal Le Monde. L’analyse et la mise en série des textes du corpus a permis de décrire les schémas prédicatifs du verbe participer à selon la théorie Sens-Texte afin de préciser, sur le plan référentiel, les modalités de la participation. Le produit de cette analyse se présente sous la forme d’une grille de lecture, à destination de la société civile et des autorités publiques, qui vise à accompagner tant l’interprétation que la rédaction des textes juridiques. Cette synthèse reflète également une démarche méthodologique qui propose des outils utiles à la description sémantico-référentielle d’autres notions complexes mobilisées tant dans le langage juridique que dans le langage commun comme communauté ou dignité humaine.
Sébastien Vandenitte
Dans la présente contribution, nous défendons une théorie pragmatique iconique du transfert personnel en langues des signes. Le transfert personnel est une stratégie par laquelle le signeur adopte le rôle d’un référent dont il rapporte ou construit les énoncés, les pensées ainsi que le comportement corporel. La compréhension d’un tel changement de perspective est liée à deux observations. D’une part, le transfert personnel s’accompagne de la mobilisation par le signeur d’articulateurs non manuels : regard désengagé, rotation de la tête, inclinaison du corps et expression faciale du référent construit. D’autre part, les expressions déictiques accompagnées du transfert personnel sont interprétées depuis un autre contexte que celui de l’énonciation. Certaines approches du transfert personnel considèrent que le marquage non manuel qui en est caractéristique résulte d’une grammaticalisation spécifique aux langues des signes. Sur base d’études sur le phénomène dans différentes langues des signes ainsi que sur les comportements gestuels co-verbaux des locuteurs de langues vocales, nous proposons une explication du phénomène en termes de visée illustrative.
An Lambrechts & Heidi Verplaetse
This article aims at assessing the impact of the use of monolingual original corpora in the target language, hereafter MOC, containing texts produced by native speakers, on translation quality with respect to errors related to the relationship between source and target text (adequacy errors) and errors in the target text independent of the source text (acceptability errors) (cf. (Daems et al 2014:62). Past limited research has shown that MOC have a positive impact on, among other things, text subject understanding, term choice and idiomaticity (Bowker, 1998) and that MOC raise language awareness (Bowker, 1999). Two experiments were conducted among a total of 56 students who used various translation aids (bilingual dictionary, translation memory (TM), self-compiled MOC, online resources) for the translation of specialized (legal and business) text fragments. After determining the effect of the different translation aids on the number and the type of errors (established through error typologies) the positive effect of MOC on the error rate could be confirmed. TMs, whether or not combined with MOC, appear to be more oriented towards adequacy. TMs in combination with MOC lower the number of adequacy errors with regard to word sense disambiguation (hereafter WSD): TM use increases the number of context-correct translations compared to dictionary use. MOC could also have a positive effect on the number of acceptability errors (e.g. idiomaticity and grammar), as MOC use lowers the number of acceptability errors in our experiments. However, this positive effect may also have been induced by the combined use of MOC, dictionaries and online resources, as the students were allowed to use MOC next to other resources.