Eds: Cornillie Bert, De Cock Barbara, Dendale Patrick, Kindt Saskia, Le Bruyn Bert, Rosier Laurence
Carmen Núñez-Lagos
Ce travail vise principalement à expliquer le mécanisme sémantique et syntaxique par lequel le contenu d’une subordonnée introduite par que est interprété comme le résultat d’une intensification d’une propriété ou d’un procès, qui est souvent opérée au sein du segment subordonnant à l’aide de tan(to-s) ou tal(es). Ces mots, que partagent également les énoncés à subordonnées comparatives avec como, introduisent une indétermination quantitative ou qualitative (respectivement). Celle-ci est référentiellement résolue dans l’énoncé quand la subordonnée est introduite par como, mais pas quand elle est introduite par que. D’où l’effet pondératif rattaché à tan(to-s) ou tal(es) qui est couramment constaté en présence d’une que-phrase. Par ailleurs, l’observation de que-phrases dites “consécutives sans intensifieur” confirme, d’une part, le lien entre indétermination et effet pondératif et rend évident, d’autre part, le fait que, pour avoir affaire à une que-phrase consécutive, l’expression de l’intensité n’est pas obligatoire.
Elisa Raschini
Dans cette intervention, je me propose de parcourir le trajet qui m’a amenée à aborder l’analyse du discours comme un archipel de questions qui permettent de mieux cerner la problématique de mon étude : l’intérêt pour les tournures linguistiques de l’approximation (les marques « à peu près », « presque », « comme si », etc.) ne saurait se dispenser des interrogations propres à l’analyse du discours, sous peine de demeurer une curiosité imperméable à la recherche. Joindre à l’examen linguistique de l’approximation l’étude des conditions historiques, sociales et culturelles dans lesquelles ce phénomène se produit, conduit non seulement la recherche à se constituer en termes d’analyse des configurations discursives de l’approximation, mais permet aussi de faire sortir l’approximation du cadre formé par le contenu sémantique d’un seul discours : en effet, il devient intéressant d’envisager ce phénomène aux frontières des différents discours produits autour d’un même sujet (en l’occurrence l’assistance médicale à la procréation, AMP). Confrontée à cette nouvelle dimension à la fois historique et interdiscursive, la matérialité linguistique de l’approximation peut être interrogée sur son rôle dans la construction cognitive et sociale du sujet AMP et accède, ainsi sollicitée, au statut d’objet dialoguant avec d’autres (tels que, par exemple, la mitigation, le parler vague dans une perspective interactionnelle ou encore la catégorisation aux frontières floues dans une perspective sémantico-cognitive).
Laura Calabrese Steimberg
Les médias produisent constamment des désignations d’événements (leur principale source d’information), et ce faisant ils construisent un objet discursif prêt à circuler et à être repris dans l’espace public. Ces désignations constituent des formes condensées de l’événement, rassemblant en même temps des faits et des discours et évoquant des images largement partagées par une société. Dans leur circulation médiatique, ils transportent donc toute une série d’informations qui vont tisser les liens de notre mémoire historique à court et à long terme, selon qu’ils soient vite effacés de l’espace public ou qu’ils se figent dans le discours historique. Dans cette communication, nous proposons d’aborder la problématique de la désignation d’événements à partir de l’Analyse du discours à la française, en avançant une série d’hypothèses issues de nos recherches et en analysant les outils théoriques qui pourraient nous aider dans notre tâche.
Catharina Peersman
Au cours de la deuxième moitié du 13e siècle, les chartes rédigées en langue vernaculaire prennent un essor considérable. Cette évolution est annoncée dans les chartes latines antérieures, qui présentent déjà des traces explicites de langues parlées. Sous la désignation de ‘traces explicites’, nous ne classifions pas des toponymes ou des interférences entre deux langues comme des emprunts latinisés, mais des termes spécifiques en langue vernaculaire qui ont été intégrés dans une charte écrite en latin.
A partir d’un corpus d’originaux bien conservés, à savoir les chartes de l’abbaye de Ninove antérieures à 1350, nous analysons les fragments en langue vernaculaire d’un double point de vue. Notre première approche relève du domaine de la structure phrastique : si le scribe intègre un élément vernaculaire dans son texte latin, il le fait précéder en général d’une petite formule introductoire, qui peut adopter différentes formes morphosyntaxiques. Celles-ci n’ont, jusqu’à présent, jamais été étudiées systématiquement. Après la morpho-syntaxe des formules d’introduction, nous envisageons leur valeur métalinguistique en étudiant en particulier les dénominations concrètes des langues vulgaires.
Finalement, les approches morpho-syntaxique et métalinguistique sont combinées afin de reconstruire la perception des langues parlées. Ce faisant, nous visons à éclairer une phase encore peu connue dans le phénomène complexe de l’essor des langues vernaculaires écrites.
Martine Delorge & Timothy Colleman
This paper focuses on the constructional possibilities of verbs of reception and dispossession in Dutch. These verb classes have received considerably less linguistic attention than their counterparts among the verbs of transfer of possession, the verbs of giving. In this paper, we intend to show, however, that reception and dispossession verbs constitute an interesting area of investigation as well, by laying bare the constructional variation they display, both synchronically and diachronically. The first part of our paper provides a brief overview of this variation. In the second part, we present a case study of six typical verbs of dispossession: the simplex verbs stelen ‘steal’ and roven ‘rob’ and their be- and ont- prefixed variants, bestelen, beroven, ontroven and ontstelen. Their use will be examined in corpora of Middle, 19th Century and present-day Dutch.
Janneke Diepeveen, Pieter Byloo, Ronny Boogaart, Jenneke Brantjes, Hanne Kloots, Theo Janssen & Jan Nuyts
In het kader van een VNC-project hebben we het gebruik van modale uitdrukkingen vergeleken in Belgisch-Nederlands en Nederlands-Nederlands. Via corpusonderzoek vonden we een aantal significante verschillen tussen de twee variëteiten, maar bijkomend enquêteonderzoek bleek noodzakelijk. Het ontwerp van de opdracht voor de deelnemers was echter niet vanzelfsprekend: zo kunnen Belgische informanten beïnvloed worden door hun normbewustzijn, terwijl Nederlanders op hun beurt veel antwoordmogelijkheden ongewoon zullen vinden. Verder drongen zich bepaalde methodologische keuzes op, zoals de afname van de enquête op verschillende locaties in Nederland en Vlaanderen en een tweeledige procedure om informanten te selecteren. Uiteindelijk is de enquête een geschikt instrument gebleken om significante verschillen tussen Belgisch-Nederlands en Nederlands-Nederlands aan te tonen op het gebied van modale uitdrukkingen.
Iconiciteit wordt door de grondlegger van de semiotiek C. S. Peirce gedefinieerd als een gelijkenisrelatie tussen het teken en het object waarnaar het teken verwijst. Een (hypo)icoon is dan een teken dat verwijst naar zijn object op basis van iconiciteit. In deze bijdrage gaan we na waarom iconiciteit in taal mogelijk is en op welke manier iconiciteit een verklaring kan bieden voor bepaalde fonologische en morfosyntactische taalstructuren. We vertrekken daarbij van het inzicht dat taalvormen die gelijkenissen vertonen met (onze perceptie van) de werkelijkheid, niet noodzakelijk door deze gelijkenis gemotiveerd hoeven te zijn; iconiciteit kan louter toeval zijn. Elke gelijkenis die wordt vastgesteld tussen taalstructuur en werkelijkheid moet daarom niet zozeer als iconiciteit maar wel als een mogelijkheid voor iconiciteit beschouwd worden, en als een mogelijke (synchrone of diachrone) verklaring voor de taalstructuur in kwestie. Ten slotte stellen we een taaltheoretisch kader voor op basis van de evolutionaire theorie in The symbolic species van Terrence Deacon (1997). Deacon stelt dat de taal fundamenteel symbolisch is, niettegenstaande iconiciteit nog steeds een cruciale invloed kan hebben.