Les diurétiques constituent une classe médicamenteuse hétérogène, ayant d’assez nombreux effets secondaires. Schématiquement il existe deux groupes de diurétiques : hyperkaliémiants (antialdostérone) et hypokaliémiants (diurétiques de l’anse, thiazidiques). Ce sont des molécules capables de provoquer une déplétion des liquides extracellulaires de l’organisme, en augmentant l’excrétion rénale des électrolytes, essentiellement du sodium.
Ils représentent l’un des traitements majeurs de l’insuffisance cardiaque congestive et l’un des traitements de première ligne de l’HTA systémique.
Quel est le risque d’événement ?
Ils exposent les patients aux dyskaliémies ainsi qu’à l’hypovolémie. Leurs effets métaboliques (déplétion potassique liée aux diurétiques thiazidiques et de l’anse) doivent être prévenus en raison des interférences avec les médicaments de l’anesthésie.
Existe-t-il une interférence avec les médicaments de l’anesthésie ?
Les effets métaboliques des diurétiques peuvent potentialiser les effets indésirables des digitaliques, ou le bloc neuro-musculaire induit par les curares nondépolarisants. Ils exposent aussi à la survenue d’une alcalose métabolique hypochlorémique ainsi qu’à une hypomagnésémie pouvant favoriser la survenue de torsades de pointes chez les patients sensibilisés (QT long, digitaliques, amiodarone…).
Les diurétiques épargneurs de potassium exposent, quant à eux, à l’hyperkaliémie en raison de leur mécanisme d’action propre.
Proposer une stratégie d’arrêt, de maintien et/ou de substitution
Il est recommandé de ne pas administrer les diurétiques le matin de l’intervention (accord fort). Un contrôle de la kaliémie est souhaitable.
La forme injectable des diurétiques de l’anse comme le furosémide permet en outre une administration per et postopératoire avec réponse rapide à une éventuelle surcharge volumique.
Proposer une technique d’anesthésie et d’analgésie adaptée
L’anesthésie générale n’est en aucun cas spécifique. Il convient cependant d’optimiser la volémie périopératoire de ces patients.
Proposer une stratégie de reprise du traitement
La reprise thérapeutique peut avoir lieu, dès la phase postopératoire immédiate, sous contrôle régulier de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de la diurèse quotidienne, de l’état d’hydratation du patient et de sa balance hydroélectrolytique. Une hypernatrémie, une ascension de l’hématocrite, et de l’azotémie postopératoire sont les stigmates d’une hypovolémie.