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Né à Namur en 1923, Henri-Géry Hers est diplômé
docteur en médecine en 1948.
Dès sa seconde année de médecine, il entre comme
étudiant-chercheur dans le laboratoire de physiologie du professeur
Joseph P.
Bouckaert, où il s’associe aux travaux de Christian de Duve
sur l’action de l’insuline, ce qui les amène à redécouvrir le glucagon.
Une fois médecin, il bénéficie de mandats du FNRS et se
consacre entièrement à la recherche dans le laboratoire de Chimie
Physiologique qui vient d'être créé par Christian de Duve. Il est
agrégé de l’enseignement supérieur en 1957 et promu professeur
ordinaire en 1967. Pendant près de 30 ans il enseigne la biochimie aux
étudiants en médecine.
Ses recherches ont permis d'élucider les mécanismes
enzymatiques par lesquels le fructose est utilisé par le foie ainsi que
les étapes permettant la conversion du glucose en fructose par
l'intermédiaire du sorbitol. On devait comprendre plus tard les
implications de cette voie dite des polyols dans la genèse de certaines
complications du diabète.
Après avoir soutenu sa thèse
intitulée Le métabolisme du fructose, Hers se met à étudier différents
cas de glycogénoses. Il décrit la déficience en amyloglucosidase et la
déficience en phosphorylase hépatique, connue également sous le nom de
maladie de Hers. Il élucide alors une autre forme, radicalement
différente de glycogénose, caractérisée par la déficience héréditaire
d'une enzyme lysosomiale. À la suite de cette dernière découverte, il
propose et explicite le concept extraordinairement fécond de « Maladie
lysosomiale congénitale », qui s'applique actuellement à plus d'une
cinquantaine de déficiences génétiques connues sous le nom de maladies
de dépôt ou thésaurismoses, élucidant d'un seul coup tout un chapitre
resté mystérieux de la pathologie.
Au début des années 60
commence une période au cours de laquelle Hers est entouré de nombreux
collaborateurs, qui ensuite essaimeront en Belgique et à l’étranger
pour former « l’école de Hers ». Parmi ces collaborateurs, citons
Ephrem Eggermont, Henri Dewulf, Willy Stalmans, François Van Hoof, Georges Van den
Berghe, Louis Hue, Thierry
de Barsy, Emile Van
Schaftingen, Pierre Devos, Béatrice Lederer, Monique Laloux, Gérald van
de Werve, Françoise Bontemps, Françoise Vincent, Jean François,
Emmanuel Mertens, Yvan Larondelle. Sous l’égide de son patron, le
groupe de Hers, un des groupes fondateurs de l’ICP, élucide l’effet du
glucose sur le métabolisme du glycogène, éclaircit les effets toxiques
du fructose sur le métabolisme hépatique et découvre le fructose
2,6-bisphosphate, un puissant régulateur de la glycolyse et de la
gluconéogenèse.
Hers communique à tous ses élèves sa rigueur
dans l’observation et l'analyse des résultats. Les nombreuses
publications qui émanent de son groupe portent la caractéristique de
son style sobre et précis.
Hers accède à l’éméritat en 1988.
Des prix prestigieux couronnent son œuvre, parmi lesquels les
prix Francqui en Belgique (1966), Gairdner au Canada (1975), et Wolf en
Israël (1988).
En 1998, Hers publie « Science, non-science et fausse science
», une réflexion sur les chemins de la connaissance qui est aussi un
plaidoyer contre toutes les formes de charlatanisme.
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