Les axes de recherche du laboratoire
Le Laboratoire d’anthropologie prospective s’attache à décrire, à analyser, à comprendre les humains et leur inscription dans un monde tiraillé par des enjeux et des jeux d’échelle pluriels. Sans réduire les phénomènes à des facteurs extérieurs, il vise à produire un savoir ancré dans l’expérience des individus et des collectifs, à en saisir les dimensions affectives, pragmatiques et cognitives. Six axes déclinent cette ambition :
Axe 1 : Les échelles et les modalités du vivre « ensemble » : globalisations, gouvernances et imaginaires
La Laboratoire d’anthropologie prospective encourage les recherches pointues qui portent sur les principes du vivre ensemble et sur leurs tiraillements entre des logiques parfois antinomiques. Il s’intéresse à l’élaboration et à la concrétisation des modes de gouvernance locaux, dans une conjoncture caractérisée par l’accélération des flux transnationaux – de personnes, de capitaux, de marchandises, d’informations et d’imaginaires notamment.
Il s’attache à comprendre la gestion des cadres de vie et la multiplication des prérogatives en matières d’usages des corps, d’ascension sociale et d’émancipation ; à documenter et à analyser les effets d’une économie de marché englobante. Il accorde une attention particulière à l’analyse de cette dernière dans ses dynamiques contradictoires : violences, inégalitéssocio-économiques, corruptions, mais aussi créativités nouvelles, alternatives, résistances, initiatives citoyennes.
Axe 2 :Objets techniques et mondes virtuels
Les travaux ethnographiques menés au LAAP portent à la fois sur les pratiques et les imaginaires que véhiculent ou génèrent les technologies. Ses chercheurs entendent interroger les usages quotidiens, en observant les multiples protagonistes impliqués – concepteurs, usagers passifs et usagers actifs –, qu’ils soient humains ou non-humains.
Attentifs à la perception, à la cognition et à la socialisation, le LAAP s’attache à saisir les manières de produire des objets ou des œuvres de fiction, et de les mobiliser matériellement et symboliquement, dans des chaines opératoires ou dans des comportements ordinaires.
Axe 3 : Habiter et s’inscrire dans l’espace : enjeux environnementaux, gestion des ressources naturelles et rapports aux non-humains
A travers des recherches menées au sein d’écosystèmes côtiers, steppiques, forestiers, montagneux, désertiques ou urbains, le LAAP entend éclairer l’inscription des humains dans leurs environnements, en apportant un regard situé et impliqué, produit d’une expérience partagée avec les populations locales.
Au sein de contextes culturels variés, ses membres mènent des recherches focalisées sur les relations techniques et/ou rituelles, sur les connaissances concernant l’entourage socio-naturel, ainsi que sur leur actualisation dans des pratiquesdiverses. Ils portent également attention aux conflits cosmopolitiques engendrés par la rencontre de manières divergentes de comprendre l’inscription des humains dans le monde. Ils s’attachent à décrire et comprendre les usages quotidiens, ainsi que les procès d’acquisition, de production et de consommation des ressources, dans des environnements cultivés (systèmes agraires, semences, élevage…), utilisés (techniques de chasse, zones de pâture…), abusés (projets miniers, changements climatiques, catastrophes, érosion des berges…) ou encore (ré-)inventés (innovations urbaines, maraichage collectif…).
Les chercheurs du LAAP s’attachent à saisir la manière dont des collectifs – modernes et non modernes – s’engagent dans le monde, au regard de la pluralité de ses habitants. A travers les modalités multiples de l’habiter, ils posent un regard analytique sur les logiques d’appropriation de l’espace, de gestion des corps et des existants visibles et invisibles. Ilss’enquièrent des manières dont les lieux sont investis matériellement et symboliquement, dont ils sont perçus et vécus par et à travers le corps, dont ils sont conçus par l’imagination et (ré)inventés, dont ils font l’objet de stratégies privées et/ou collectives, dont ils constituent un horizon de négociations et de controverses entre des acteurs multiples.
Axe 4 : Mobilité, familles et dynamiques migratoires
De la mobilité vécue quotidiennement et ancrée dans des modes de vie, aux exils engendrés par des situations de guerre et d’inégalités, les recherches menées au LAAP visent à rendre compte de la pluralité des mouvements migratoires dans un monde globalisé.
Soucieux de s’investir dans l’un des défis contemporains majeurs, son attention est portée sur la circulation des individus, celle des objets, des marchandises, des informations et des images. Le LAAP entend développer des réflexions novatrices sur les imaginaires qui gravitent autour des notions d’« Ailleurs » et d’« identité », sur les rêves et les nécessités qu’elles nourrissent, c’est-à-dire dans leurs dimensions contextuelles et dynamiques.
A travers l’analyse des conditions de l’asile et des dispositifs d’accueil, il s’attache aussi à questionner les dimensions pragmatiques – politiques et citoyennes notamment – des mobilités. Le LAAP s’attèle encore à problématiser la distanceau regard de ses dimensions et affectives. Il entend ainsi analyser les recompositions familiales, les rapports de genre et deparenté.
Axe 5: Mondes sensibles : Religions, croyances, utopies
Interrogeant les grands concepts de la discipline, le LAAP entend produire un savoir anthropologie et empiriquement ancré au sujet des phénomènes dits « religieux » et de leurs multiples voies d’actualisation. Il place au centre de ses analyses les pratiques qui traduisent des modalités d’interaction avec des non-humains, quelle qu’en soit la nature.
Il aspire à éclairer le sens dont les individus investissent des gestes, des paroles, des artefacts, des objets naturels, des rythmes, des mouvements, des cycles, des lieux, des contextes… Il interroge les dynamiques qui concourent à la réalisation des projets individuels et collectifs, qui gèrent l’infortune ou aspirent à attirer les faveurs des êtres qui ont le pouvoir d’influer sur les conditions de vie. En mettant au centre de ses analyses les mécanismes d’instauration et de maintien de relation, le Laboratoire d’anthropologie prospective s’intéresse ainsi aux expériences que vivent les individus et à la manière dont ils produisent et véhiculent du sens.
Le laboratoire d’anthropologie prospective s’interroge aussi sur les logiques transnationales qui concourent à reconfigurer les dynamiques religieuses, en les disséminant ou en en généralisant certains ressorts. Il se donne pour ambition d’analyser les dispositifs qui s’offrent comme des alternatives, voire relèvent de stratégies de résistance.