Une seconde rencontre
En décembre 2000, le département de communication
de lUCL a tenu un colloque international sur le thème
« savoirs formels, savoirs informels ». Ce colloque
constituait la première des deux rencontres prévues
sur le sujet. Lintérêt pour le thème
qua suscité cette première rencontre nous
a confirmé dans notre résolution de poursuivre le
débat, tout en concentrant toutefois lattention sur
les grands médias dinformation et les questions relatives
à lexercice de la citoyenneté que suscitent
leurs pratiques de mise en forme des connaissances.
Nous avons donc décidé de mettre sur pied une seconde
rencontre, organisée conjointement par le GReMS (Groupe
de recherche en médiation des savoirs) et l'ORM (Observatoire
du récit médiatique) ; elle aura lieu les 21 et
22 mars 2002. La perspective générale dans laquelle
nous situons cette seconde rencontre étant inchangée,
nous ne pourrions mieux faire que de rappeler ici la présentation
qui en avait été faite précédemment.
Vous la trouverez dans les lignes qui suivent.
Vous trouverez à leur suite une proposition plus précise
concernant le thème et lorganisation de la prochaine
rencontre.
Savoirs formels, savoirs informels : perspectives générales
Dans nos sociétés, une bonne part des connaissances
que possèdent les citoyens est acquise par dautres
voies que lenseignement classique. Ces savoirs sont qualifiés
de "non formels", ceci pour les opposer aux savoirs
formels codés et dispensés par lenseignement
officiel. Quelquefois appréciés positivement, ces
savoirs sont le plus souvent déconsidérés
parce que non systématiques et non sanctionnés.
Pourtant cest en grande partie en sappuyant sur ceux-ci
que lindividu réfléchit son existence et soriente
dans la vie (sociale, politique,
).
Les médias (au sens large) jouent de toute évidence
un rôle prépondérant dans la diffusion des
connaissances. Le rapport entre savoirs et médias représente
un phénomène complexe combinant des situations où
le savoir est issu dune déformalisation de connaissances
scientifiques, des situations où le savoir est rendu possible
par les médias eux-mêmes, ou encore des situations
où les médias créent ou donnent consistance
à des représentations de faits de société,
induisant ainsi la réalisation de ces derniers. Sans oublier
les savoirs sur les médias, point aveugle dont ceux-ci
rendent difficilement compte. Toute une série de dimensions
différencient les savoirs formels et informels : leurs
conditions sociales de communication et de réception, leur
mise en forme sémiotique, leurs thèmes et contenus
et dun point de vue cognitif, les représentations
mentales élaborées par les individus selon les types
de savoirs et leur mode de média(tisa)tion.
Les savoirs non formels posent de multiples questions réclamant
une approche interdisciplinaire qui combine lanalyse sémiotique
et narratologique, lobservation anthroposociologique, la
psychosociologie et des concepts issus des sciences cognitives.
Ces questions mettent également en évidence des
enjeux différents selon les domaines considérés.
Dans lespace public, il sagit dévaluer lincidence
des représentations acquises par voie non formelle sur
la participation démocratique des citoyens. Concernant
les institutions denseignement, lexposition massive
et incontournable aux médias soulève limportante
question de larticulation entre savoirs formels et informels.
Concernant la formation des adultes et lorganisation du
travail, il importe de trouver des voies de valorisation, de légitimation
et dopérationnalisation des savoirs non formels.
Les représentations médiatiques de la vie économique
Parmi les savoirs non formels diffusés par les médias,
certains présentent une importance cruciale pour lexercice
de la citoyenneté. Il en est ainsi des connaissances concernant
la vie économique. Les décisions politiques ont
non seulement un ancrage mais aussi des implications économiques
les deux évoluant dans un rapport dinterdépendance
dans le quotidien des citoyens. Lacquisition des concepts
rendant compte de léconomie constitue donc pour ces
derniers une clé indispensable à la compréhension
des décisions qui les concernent et une condition de leur
éventuelle participation.
Nos économies occidentales présupposent que chaque
citoyen soit libre de ses choix en tant que consommateur, travailleur
et entrepreneur, et par conséquent quil soit bien
informé des évolutions de son environnement. Cest
pourquoi, dans les pays démocratiques, léconomie
occupe une telle place dans linformation médiatique.La
prééminence de ces notions économiques leur
visibilité dans les images construites par linformation
varie en fonction des périodes historiques ou de circonstances
particulières liées au flux des événements.
Certaines notions (budget, inflation, conjoncture,
) sont
dun usage quasi constant ; dautres apparaissent (bulle
spéculative, surchauffe, sicav,
) en accompagnement
de certains phénomènes économiques saillants,
comme depuis une dizaine dannées, limportance
des opérations boursières.
Quoi quil en soit, linformation économique
médiatisée constitue une sorte dinterface
privilégiée, dune part entre la vision des
experts (et décideurs) et celle des citoyens, dautre
part entre ces visions et la réalité économique
elle-même ; car sil est un domaine où représentation
et réalité sentre-déterminent, cest
bien celui de léconomie.
La question se pose alors de savoir comment cette interface médiatique
avec ses caractéristiques particulières
détermine les représentations des lecteurs et spectateurs
des médias, et positionne ceux-ci dans le jeu des rapports
sociaux. Cette question générale comporte divers
aspects et peut se décliner de différentes façons
:
- Quels choix opèrent les médias dans lensemble
des événements constitutifs de la vie économique
?
- À quelles mises en formes (ou mises en scène)
les faits choisis sont-ils soumis ?
- Quelle place occupe dans ces mises en forme la personnification
des concepts et des événements sélectionnés
?
- Quelle terminologie dinitié est reprise dans
le discours journalistique en général (Nasdaq,
Cac40, Bel20,
)?
- De quelles manières ces concepts sont-ils traduits
(paraphrasés, métaphorisés
) ?
- Comment ces informations économiques sont-elles reçues
? Quels imaginaires génèrent-elles ?
- Quels types dusage les gens font-ils de ces concepts
?
- Quels modes de comportements induisent ces informations ?
- etc
À lintérieur de linformation économique
générale, linformation boursière présente
actuellement un intérêt particulier. Ce secteur a
connu un développement spectaculaire ces dix dernières
années ; de nouvelles rubriques sont nées dans la
presse, tandis que la terminologie boursière a pris davantage
de place dans les informations consacrées à la vie
économique. Et corollairement, limplication du citoyen
sest accrue.
Ces faits nous ont fait prendre linformation boursière
comme lieu symptomatique, susceptible de révéler,
à cause de la rapidité avec laquelle ils ont été
mis en oeuvre, quelques aspects saillants des processus de construction
médiatique des représentations. Ces différentes
raisons nous ont amenés à articuler le colloque
autour dun double niveau : lun plus spécifique,
ciblé sur lanalyse de la médiatisation des
questions boursières ; lautre élargi à
une réflexion sur les savoirs formels et informels véhiculés
par linformation économique générale
ainsi quà la question de la citoyenneté.
Informations pratiques
Les propositions de communication, portant sur l'analyse de la
construction de l'information boursière d'une part, ou
plus généralement sur le rôle des médias
dans la construction des connaissances informelles relatives à
l'économie en relation avec la citoyenneté d'autre
part, sont à adresser au plus tard pour le 15 janvier 2002
(et de préférence pour la fin de l'année
2001), sous forme d'un résumé d'une page accompagnée
de vos coordonnées complètes (nom, fonction, institution,
adresse et adresse électronique), à
Aude Seron - GReMS
Colloque Savoirs formels, savoirs informels
Département de Communication - UCL
Ruelle de la Lanterne Magique 14
B1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)
ou par e-mail à seron@reco.ucl.ac.be