Colloque Savoirs Formels, Savoirs Informels (2000)
AbstractsElisabeth Volckrick (Département de Communication -Université atholique de Louvain - Louvain La Neuve)Expérience ou interprétation. Le dilemme des dispositifs cognitifsEn partant d'une approche communicationnelle d'un secteur précis : l'évolution récente des dispositifs des musées d'art moderne, nous déboucherons sur une approche transversale en montrant comment certaines questions rencontrées se retrouvent dans des dispositifs d'autres champs. Parmi ces questions, nous privilégierons celles de l'expérience et de l'interprétation. Le musée d'art moderne est de plus en plus aujourd'hui une place où les oeuvres d'art peuvent être expérimentées pour elles-mêmes. Plutôt que de s'en remettre à une interprétation de l'art et de l'histoire de l'art donnée par le conservateur du musée, c'est l'expérience qui devient dominante. Les places et rôles des conservateurs, artistes, visiteurs changent. Ainsi, par exemple, le conservateur ne peut plus être uniquement une sorte de juge impartial de la qualité, qui visite les studios ou les collections, choisit les oeuvres et les assemble pour les présenter au public. Il devient un collaborateur, souvent engagé avec l'artiste dans la réalisation du travail. L'artiste a une part importante à prendre dans les expositions, dans le choix et la présentation de ses oeuvres. Quant aux visiteurs, les dispositifs récents tendent à les obliger à développer une lecture personnelle du travail plutôt que de s'en remettre à une interprétation historique donnée par un expert. L'on voit apparaître de nouvelles initiatives qui tentent à promouvoir différents modes et différents niveaux d' "interprétation" par de subtiles juxtapositions d' "expérience". Le dispositif cognitif collectif qu'est un musée connaît donc de profondes mutations. Il n'est pas le seul. Des dispositifs nouveaux émergent dans différents secteurs de la vie sociale. Ces dispositifs ont-ils quelque chose de commun ? Un concept pertinent pour mettre en perspective certaines de ces transformations est la notion de " rhizome ". Cette figure révèle une manière nouvelle de configurer le sens. De cette manière nouvelle de configurer le sens, la médiation (méthode de traitement informel des conflits) est un exemple tout particulièrement éclairant. Il pourrait nous permettre de repérer plus facilement dans d'autres dispositifs cette nouvelle configuration. La médiation renonce à l'idée qu'il y aurait un code qui permettrait à priori de construire un fait de façon objective. Elle ouvre l'espace non pas d'une objectivation mais d'une co-construction interprétative. Ce processus de construction s'inscrit dans le temps. Un processus de reconfiguration et de réinterprétation du sens devient possible. La façon dont les parties vont subjectiver la situation devient cruciale et centrale. L'inscription du sujet dans son discours devient une condition de possibilité de production du sens. Comment repérer cette nouvelle configuration ? Nous démontrerons comment on peut repérer ce rhizome à plusieurs niveaux : celui des savoirs utilisés (pluralité de registres de savoirs), celui des normes (pluralité de normativités et d'intervenants) et celui du contrôle (pluralité d 'activités de contrôle social).Sur le plan sémantique : la pluralité des univers de sens, des " codes " et des référentiels cognitifs est vécue comme un problème nouveau appelant des synthèses cognitives contextualisées.Sur le plan pragmatique : la question de la participation des personnes à l'élaboration des savoirs et des normes qui les concernent est une question qui devient de plus en plus aiguë, appelant des réformes institutionnelles.Ce type de construction en réseau s'appuie sur une conception pragmatique de la communication. Nous expliciterons enfin ce que nous entendons par un dispositif qui s'appuie sur une conception pragmatique de la communication. Retour au programme
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Auteur: Pierre
Fastrez Modifications: Pierre
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Date de dernière modification:
09.03.2010