Colloque Savoirs Formels, Savoirs Informels (2000)

Abstracts

Annabelle KLEIN (GReMS / COMU / UCL - Belgique)

Les "homepages", entre savoirs informels et identités médiatisées

Les savoirs véhiculés et construits par les nouveaux médias sont d'ordre divers et la frontière qui sépare les créateurs, concepteurs, émetteurs d'un côté et les récepteurs, usagers de l'autre s'amoindrit , voire se délite. Cette réalité communicationnelle, largement liée au rôle de l'évolution technologique récente, exige de nouveaux cadres théoriques en matière de communication. Il nous faut en outre élargir la problématique des acquisitions de savoirs par la voie informelle à celle de la création de ces savoirs par tout un chacun et au partage de ces créations/acquisitions car une fois encore, dans la pratique " internautique ", ces deux pôles se rejoignent constamment. Une façon d'aborder la question de l'échange de savoirs non formels sur internet est d'en choisir une création particulière et actuelle : les " homepages ". Celles-ci sont des sites personnels qui produisent des savoirs informels et identitaires. En effet, parmi les diverses productions de savoirs présentes et en construction sur internet, nous pouvons distinguer les produits de l'industrie (CDRoms, jeux multimédias interactifs, etc.) d'une part et les productions d'usagers (sites, pages personnelles, chats, etc.), d'autre part. Les pages personnelles représentent une forme nouvelle de construction identitaire tout autant qu'une offre de savoirs d'expérience sur lesquels chacun peut s'appuyer pour s'orienter dans la vie. Les entretiens menés auprès de créateurs de " homepages " nous donnent à penser que l'orientation de partage de connaissances informelles est aussi présente que celle de la présentation identitaire de son créateur. C'est essentiellement à travers des savoirs, des thèmes, des activités, des centres d'intérêt et des connaissances que l'accès aux " homepages " peut avoir lieu. Partage de soi, de ce que l'on est et partage de savoirs dont tout l'intérêt réside dans le fait qu'ils sont présentés de manière singulière, subjective et réappropriée. Tout un chacun peut aujourd'hui avoir accès à une foule de connaissances d'ordre divers, à travers le regard et l'expérience d'autres.Les questions émergentes à cette problématique sont bien entendu liées à la construction de légitimité de ces différents savoirs informels puisqu'ils ne sont régis par aucune instance supérieure. Nous pensons néanmoins que différents facteurs internes au système de comunication sont mis en place petit à petit pour reconstruire un cadre de reconnaissance et de légitimation.En outre, ces savoirs se métissent et s'interpénètrent en réseau, dans tous les sens du terme : la homepage ne trouve le plus souvent son sens qu'à travers d'autres usages " internautiques ", shats, courrier électronique, ... De même, au sein-même de ces " homepages ", de nombreux liens avec d'autres sites leur donnent figure de savoirs en réseaux et en association. Différentes versions d'autoreconnaissance et de reconnaissances mutuelles se font jour et convergent vers des cadres de légitimation des savoirs.Une double méthodologie explore cette problématique. D'une part, ces questions sont abordées à partir des résultats d'entretiens avec les créateurs de " homepages ". D'autre part, un second volet de la recherche est centrée sur l'analyse formelle de ces savoirs en offrant un " bricolage " méthodologique (cadre des homepages, articulation de différents médias son, images, graphiques, photographies, éléments textuels mise en réseaux).