Abstracts
Philippe Chavot (Groupe d'Etude et de recherche sur la Science de l'Université Louis Pasteur)
Anne Masseran (Groupe d'Etude et de recherche sur la Science de l'Université Louis Pasteur),
Ulrike Felt (Institut de Philosophie et de Sociologie
des Sciences, Université de Vienne).
Les technosciences face aux savoirs "populaires"
: mise en sens et mise en scène de la transplantation
d'organes.
Depuis le début des années 1990, en France,
le champ des transplantations d'organes traverse de
grandes difficultés : la pratique se développe
et exige une augmentation du nombre d'organes disponibles
pour les greffes ; or, le nombre de donneurs stagne,
voire même diminue. L'une des principales solutions
proposées pour résoudre cette crise consiste
à informer et à sensibiliser, en espérant
que l'accroissement des connaissances et le rapprochement
émotionnel puissent convaincre les publics et
les amener au don d'organes. Il s'agit par conséquent
de rendre public le fonctionnement des pratiques, celui
de l'institution, le vécu de la greffe... en
bref, faire entrer l'idée de la transplantation
dans le quotidien. Mais le quotidien est déjà
chargé de représentations et de savoirs
sur le corps (populaires, personnels, culturels, religieux...).
La technoscience doit ici faire face à toutes
ces significations préexistantes.Comment se déroule cette rencontre? Tout se passe
comme si les représentations technoscientifiques
du corps devaient se faire accepter en faisant table
rase des autres représentations qui entrent
en compte dans la prise de décision. On en arrive
à une situation où l'adhésion
à l'idée du don d'organes est quasi-générale
dans l'espace public mais souvent problématique
dans la sphère privée. En vue de mettre
en évidence certains des éléments
constitutif de cette situation apparemment contradictoire,
nous analyserons la mise en scène des représentations
relatives à la greffe dans les médias
télévisuels. En effet, ces derniers représentent
l'un des espaces publics où la médiation
des savoirs sur le corps s'accompagne souvent d'une
"re-formalisation" des significations. La
mise en scène médiatique des greffes
- de plus en plus intense ces dernières années
- est ainsi une mise en sens : le discours médical
peut s'allier à d'autres valeurs plus culturelles
(la générosité, la solidarité...)
et semble ainsi apprivoiser différentes connaissances
du corps. Elle paraît ainsi se rapprocher de
la personne tout en préservant sa légitimité.Nous montrerons que les médias sont tout à
la fois tribune et acteurs dans cette confrontation
des savoirs. Comment les savoirs relatifs au corps
sont-ils déformalisés et re-contextualisés
ou re-formalisés ? En quoi la mise en sens des
savoirs transforme-t-elle les représentations
publiques des sciences et des techniques ?
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