Colloque Savoirs Formels, Savoirs Informels (2000)

Abstracts

Brigitte CHAPELAIN (Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication. Rennes 2)

Conflits et négociations entre savoirs formels et savoirs informels : une nouvelle forme de rapport au savoir chez les jeunes.

Sans doute une des explications à la crise de l'école vient de ce que celle-ci se trouve dés son origine (Perriault), mais surtout depuis une trentaine d'années, en concurrence avec l'" école parallèle ", désignant par là l'ensemble des dispositifs de transmission des savoirs autres que celui traditionnellement établi par la médiation d'un enseignant auprès d'un élève.Deux concepts de Michel de Certeau ont particulièrement attiré notre attention pour asseoir notre réflexion sur les savoirs informels: les pratiques de braconnage et les pratiques buissonnières. Le concept de braconnage définit les marges d'autonomie prises par l'individu en échappant aux normes et aux modèles qui lui sont imposés par des systèmes, ainsi que les savoirs qu'il peut acquérir en dehors de ceux-ci. Les activités buissonnières favorisent et développent ces savoirs informels qui constituent une culture et des niveaux de connaissance qui sont souvent ignorés par les système éducatif.Deux situations de transmission des savoirs informels retiennent particulièrement notre attention: la réception de la télévision en dehors de l'école chez les jeunes, l'utilisation des technologies multimédias dans des activités buissonnières de recherche documentaire ( de recherche de l'information) à l'école ou en dehors.Nous essaierons à partir de recherches concrètes parfois anciennes (J.T.A., 1982), situées dans le champ des sciences de l'éducation et des sciences de l'information et de la communication, et d'autres plus récentes et actuelles, de voir l'évolution des rapports que les jeunes instaurent entre les savoirs formels (dispensés par l'école) et les savoirs informels médiatisés par la télévision et les nouvelles technologies dans les deux situations proposées ci-dessus. La référence à l'école comme véritable transmetteur des savoirs que nous trouvons dans des travaux anciens tend à disparaître. Les compétences métacognitives développés par les jeunes dans l'acquisition de savoirs informels, des opérations mentales comme le conflit socio-cognitif et l'intelligence ajoutée, permettent des formes de négociations entre savoirs formels et savoirs informels. Il en résulte de nouveaux rapports au savoir.