Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)

Le rituel funéraire prend, aujourd'hui, des formes variées. Entre un enterrement catholique, célébré à la campagne à l'occasion du décès d'un vieil agriculteur, et la cérémonie crématiste qui marque les funérailles d'un Bruxellois du même âge, décédé au terme d'une carrière artistique renommée, il y a peu de points communs. Certes les deux cérémonies se centrent sur un corps mort dont elles marquent la séparation, mais les discours qui sont tenus dans chacune d'elles, les gestes que l'on y effectue et les pratiques concrètes sur lesquelles elles débouchent diffèrent fortement.

Notre intervention consistera, simplement, à nous interroger sur ces différences. Pour ce faire, nous partirons des discours au moyen desquels des personnes justifient leurs pratiques funéraires, et analyserons les représentations que ces discours mettent en œuvre. Nous examinerons quelles conceptions de la norme, de l'individu et de la vérité ces deux types de cérémonies véhiculent, et nous nous interrogerons sur le genre de support qu'elles constituent chacune. Ceci nous amènera à nous poser les questions suivantes : quelle attitude attend-on de l'individu dans chaque situation ? Quelle place lui accorde-t-on ? Peut-on dire que l'une serait un dispositif, et pas l'autre ? Ou s'agirait-il, simplement, de formes différentes de dispositifs, dans lesquelles des espaces de liberté et des espaces de régulation coexistent selon des modalités particulières ?