Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)

Présentation du colloque Comités Programme et Abstracts Publications
 
L'approche communicationnelle des dispositifs:
la prise en compte de l'usager dans l'émergence d'un concept

Laurence Monnoyer-Smith
Maître de Conférences à l'Université Champagne-Ardennes Sciences de l'Information et de la Communication & Chercheur au Laboratoire Communication et Politique du CNRS

 

Il ne semble pas que l'on puisse aujourd'hui définir de façon précise, dans notre champ disciplinaire que sont les Sciences de l'Information et de la Communication, un concept de dispositif qui ferait l'objet d'un accord au sein de la communauté scientifique. Cependant, si l'on appréhende le dispositif dans une perspective à la fois foucaldienne et interactionniste, l'utilisation du terme dispositif peut dès lors s'avérer particulièrement utile : il autorise la prise en compte de tous les artefacts techniques ainsi que les compétences humaines nécessaires à la coordination des actions.

Or, en Sciences de l'Information et de la Communication, il est aujourd'hui nécessaire de pouvoir introduire au sein des processus de médiation une dimension technologique qui ne soit pas :

essentiellement centrée sur l'usager sans prendre en compte la dimension interactive de ce dernier autrement que comme un ajustement de l'offre à la demande.

essentiellement centrée sur la technique et qui, soit met en évidence la neutralité de cette dernière (position que l'on retrouve chez les ingénieurs des télécoms) soit souligne, derrière elle, le poids de structures asservissantes emprisonnant l'individu (position de Marcuse et de Foucault par exemple).

essentiellement centrée sur le média et qui fait de ce dernier la solution à une grande partie des mots qui frappent les sociétés modernes : atomisation du social, crise de l'État, de la représentation (P. Lévy).

Dès lors, un apport d'un concept de dispositif serait d'intégrer la relation de l'usager au dispositif (entendu comme ensemble de personnes et de techniques dans le cadre de contrats, plans etc.) à travers ses différents aspects. On sait aujourd'hui, grâce à l'apport des théories de la réception, que le rapport de l'usager au média est complexe et ambivalent : on est dans une relation de double bind technique et cognitif. Or, les SIC mettent essentiellement l'accent sur le concept d'intercompréhension langagier largement inadapté aux contextes d'interactions mettant en oeuvre des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les perspectives théoriques se heurtent à une approche technique déterministe qui fait de la technique le moteur du changement social sans prendre en compte la dimension interactive du média (les expériences d'interactivité sont, pour l'instant un relatif échec) ainsi qu'à une approche langagière qui évacue la dimension technique des rapports interindividuels.

Une expérience en cours au sein de la Mairie d'Issy-Les-Moulineaux vient ici illustrer notre propos.

Les théories de la réception n'intègrent pas, jusqu'à maintenant, le concept de dispositif dans leurs réflexions : de ce fait, elles ne permettent pas de comprendre les modes de coordination des usagers avec les concepteurs des dispositifs ainsi qu'avec les acteurs qui les mettent en oeuvre. Il apparait pourtant qu'une telle approche est nécessaire si l'on veut pouvoir expliquer tant les modalités des interventions des usagers dans les dispositifs que les limites de leur intervention.

 


  Auteur: Hugues Peeters — Modifications: Pierre Fastrez   
  Date de dernière modification: 09.03.2010