Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)
L'écran de TIC, "dispositif" d'interaction et d'apprentissage : la conception des interfaces à la lumière des théories de l'action
Au-delà des connotations rhétoriques, judiciaires, mécaniques et militaires propres aux diverses acceptions du terme "dispositif", on propose la définition élémentaire suivante: "Organisation ou agencement systématique par un agent intentionnel des éléments et des moyens (physiques et symboliques, naturels et artificiels) d'une action et/ou situation en vue de générer certains résultats." Fondé sur la mise en système des agents et des conditions d'une action, un dispositif est une construction cognitive fonctionnelle, pratique et incarnée. Il présuppose quelqu'un derrière la représentation préalable de l'effet visé et une logique de type dramatique qui combine la mise en scène des protagonistes, des rôles et des circonstances avec les règles du déroulement de l'action. Il se situe à l'opposé de l'opération informationnelle, définie comme traitement logico-symbolique de données abstraites hors sujet et hors intention. Introduire la notion de dispositif dans le domaine des TIC et du design des Interactions Humains-Machines (IHM) marque une position épistémologique qui transforme le terme en concept. En tant que concept, le dispositif converge avec l'"environnement" et le "contexte" et s'inscrit dans l'évolution générale des conceptions vers des modes plus ouverts, plus sensibles aux conditions subjectives et objectives de production des objets et des tâches. Il correspond au dernier stade d'évolution dans la conception des systèmes logiciels : d'abord technique centré sur les contraintes de calcul de la machine (années 50-60), puis cognitif, centré sur les impératifs de la tâche (années 70-80), enfin écologique, centré sur les besoins de l'utilisateur et sur les conditions de son activité en situation. Mais alors apparaît le problème de la modélisation de cet utilisateur actif et le besoin de théories plus larges que celles de l'information pour prendre en compte sa nature et ses besoins. Nous utiliserons le terme plus général de "théories de l'action" pour référer à l'ensemble des théories disponibles et nous réserverons le terme d'activité à l'ensemble durable et organisé d'actions exercées dans un domaine précis qui est son sens courant. Nous avons tenté de formuler une synthèse des apports de diverses théories de l'action . Cela nous a amené à proposer un modèle générique de l'action humaine, de l'acte d'apprendre en particulier: HELICES (Linard,1996,1998b). On exposera sommairement les grands traits du modèle et on montrera en quoi il peut être considéré comme un "dispositif". On exposera ensuite les implications d'un tel modèle pour la conception d'environnements et d'interfaces humains-machines quand ils sont conçus comme espaces-supports de mises en scènes visant à assister l'acte d'apprendre. |
Auteur: Hugues
Peeters
Modifications: Pierre
Fastrez
Date de dernière modification:
09.03.2010