Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)
Mettre les technologies au service de la pédagogie ? Pour quoi ? Comment ?
Dans un monde en perpétuel changement, il est difficile d'esquisser le profil de "l'Honnête Homme" de demain; cependant les discours des acteurs de la société sont éloquents sur ce point. Sans minimiser les nécessaires savoirs, les propos nous font migrer en dehors de la seule sphère cognitive, vers un "ailleurs", pour atteindre des horizons chargés de compétences, de comportements, d'attitudes et peuplés de personnalités douées d'autonomie, du sens des responsabilités, du sens de la communication, soucieuses de questionner le contexte dans lequel leurs savoirs prendront sens, motivées à apprendre pour enfin apprendre à apprendre toute la vie durant. N'allons pas croire qu'il suffirait d'ajouter à nos programmes trop lourds déjà, quelques cours de "développement de ressources humaines". Une personnalité solide ne se décrète pas, ne s'enseigne pas Les développements escomptés seraient plutôt à rechercher dans des méthodes pédagogiques plus ouvertes, plus individualisées, plus actives qui réservent une place importante à la personne qui apprend. Et c'est là sans doute que les besoins manifestés plus haut rejoignent les prémisses d'un apprentissage de qualité tel que proposé par les sciences de l'éducation. Encourager un apprentissage autonome et le développement de projets personnels, induire l'extraction des connaissances d'un contexte complexe, favoriser le conflit cognitif dans un travail organisé en groupe et des formes de communication variées constituent quelques paramètres de méthodes qui sont susceptibles, dans la durée, d'améliorer la qualité de l'apprentissage et la motivation à apprendre de la personne. Et les outils technologiques ? Des recherches en technologie de l'éducation couvrant plusieurs décennies ont bien montré que leur impact le plus significatif n'était pas à trouver dans des formes qui reproduisaient à l'écran les caractéristiques traditionnelles de l'enseignement. Bien sur les potentiels du différé, de la portabilité d'un cours reproduit sur cassette vidéo, de la simultanéité de la réponse d'un logiciel de "drill & practice" sont bien là : à titre minimal, on peut dire qu'ils n'altèrent pas la performance de l'étudiant. Mais encore une fois, les bénéfices les plus flagrants sont à rechercher dans cet extérieur, dans cet "ailleurs" dont nous avons parlé. Plus généralement on peut affirmer que l'impact des technologies a été le plus grand lorsque celles-ci ont été intégrées dans les méthodes ouvertes et actives dont nous avons esquissé les caractéristiques et qui contribuent à la préparation des personnalités "fortes" que la société revendique. Alors avant d'imaginer ou en imaginant le support technologique pour nos enseignements, posons-nous la question du "pour quoi" cet outil et la question du comment, celle de la méthode qui déploiera les potentiels de l'outil pour celui qui apprend. Les technologies peuvent constituer la meilleure ou la pire des choses ; à nous de les faire pencher du bon côté. Une pédagogie rigoureuse est incontournable déjà Socrate Une version détaillée de cet article est également disponible sur le WWW
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Auteur: Hugues
Peeters
Modifications: Pierre
Fastrez
Date de dernière modification:
09.03.2010