Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)

Le cheminement de la pensée de Foucault à travers son oeuvre suggère quelques pistes intéressantes pour réfléchir sur la notion de dispositif. Partant dans l'archéologie, d'une notion d'épistémé totalement déconnectée des pratiques du sujet, passant, dans la généalogie, à l'analyse minutieuse de dispositifs techniques produisant du savoir, du pouvoir et de l'individualité, et aboutissant dans les dernières oeuvres à une conception complexe de dispositifs définissant le rapport de soi à soi, Foucault, en effet, nous a de multiples manières invités à accorder une grande attention à la multiplicité des éléments discursifs, techniques, pratiques qui peuplent notre environnement et qui peuvent constituer d'extraordinaires médiations des savoirs, enveloppant l'individu, le connectant avec autrui ou produisant un savoir sur soi.

Nous tâcherons de montrer que la notion de dispositif peut nous aider à surmonter les dichotomies tranchées entre technique et symbolique, entre dissociation et immédiateté, entre activité et passivité. Envisager l'environnement comme un paysage cognitif, tolérant à l'erreur, c'est mettre en évidence les ressources polyvalentes, disponibles pour le sujet, mais qui deviennent significatives dans la mesure où elles se laissent marquer par une intentionnalité flottante et transversale.

De ce point de vue, changer de regard sur l'environnement et sur soi-même, c'est renvoyer aussi à des compétences cognitives générales et non spécialisées &emdash; techniques, affectives, corporelles, créatives &emdash; que la rigidité des modes d'apprentissage pensés comme transmission du savoir a tendance à occulter ou réprimer. Concevoir le dispositif comme médiation, c'est reconnecter des compétences spécifiques à un environnement disponible et donner ses chances à la créativité.