Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)
Télévision : l'âge d'or des dispositifs
A la télévision, presque tout est " dispositif " : le rapport au temps (direct ou différé), son découpage (conducteur d'émission) ; le lien avec le réel ou l'oeuvre originale (captation, reconstitution, recréation) ; l'agencement de l'espace (plateau, stade, rue, duplex, etc.) touchant au décor, au nombre et à la position des caméras, des intervenants ; plus généralement la traduction logistique (et souvent souterraine) d'un " concept " d'émission, notamment pour les jeux, magazines, retransmissions. Ces conceptions du dispositif impliquent un travail caché, purement professionnel, réputé de faible intérêt pour le téléspectateur (comme l'emplacement des caméras dans un stade). Dans les années 60-70, la France a connu un courant significatif d'auteurs, producteurs et réalisateurs, parfois de cinéma (Jean Eustache), plus souvent de télévision (Jean Frapat) concevant l'ostension de dispositifs complexes comme partie intégrante, voire principale, du film (cf." Une sale histoire "), ou de l'émission (cf. " Vocations ", " Tac au tac ", etc.). Ces dispositifs mettaient en oeuvre, en sus de leurs attributs classiques (organisation du temps et de l'espace, aspects logistiques), de subtils jeux de miroirs, de chronologies, de vérité/mensonge, de réalité/fiction, des confrontations improbables, des cadavres exquis, des mises en abyme, d'aimables -ou rudes - procès d'intention. Ces dispositifs, aussi variés qu'imaginatifs, et après des tentatives d'adaptation outrancières à la " télévision d'audience " de la fin des années 80 (reality-shows notamment), n'ont pas survécu au laminoire de l'affect, de la volonté de proximité qui domine nos écrans depuis le milieu des années 90. Cet âge d'or (1965-1975) de la " télévision de dispositif ", d'autant plus âge d'or qu'il ne s'affirmait pas tel à l'époque, a laissé quelques pépites dans les archives de l'INA : " Enseignants-enseignés " de Françoise Berdot, (diffusion 1/10/1972), en est une des plus brillantes. |
Auteur: Hugues
Peeters
Modifications: Pierre
Fastrez
Date de dernière modification:
09.03.2010