Mémorial Léon H. Dupriez

Université catholique de Louvain

(Belgique)

• Quelques extraits de l'oeuvre de L. H. Dupriez

 
4. Le dépassement de la finalité économique
 "[La] finalité [véritable] ne peut être trouvée que par un dépassement de l'économie politique, qui ne peut perdre son caractère de science des moyens. En tant que telle, elle ne peut se prononcer sur le point de savoir si l'accroissement des biens et services profite véritablement aux hommes ; elle ne peut, a fortiori,prétendre mesurer l'intensité des progrès réalisés dans la condition humaine. Elle doit s'arrêter au point où elle constate que l'homme se rend plus puissant dans la maîtrise de la nature. Sauf en ce qui concerne les conditions de survivance [de la société], elle doit céder à d'autres disciplines le soin de juger si l'usage fait de cette maîtrise est subjectivement bon."
 
Philosophie des conjonctures économiques, 1959, p. 114


  "Le dépassement de l'argument économique ressort ainsi du domaine de la philosophie et même, au delà de celle-ci, des conceptions religieuses de la destinée humaine. Le première nous dira […] dans quelle mesure l'orientation de l'expansion économique et les formes du progrès économique sont propices à l'épanouissement des facultés humaines et à l'amélioration de la condition humaine, sur le plan naturel. Les secondes nous rappellent l'insuffisance d'un tel objectif et la nécessiter de rapporter les accomplissements économiques, comme toutes les autres formes de l'action, à la réalisation des fins supérieures de la destinée humaine. Aucune religion digne de ce nom ne peut rejeter la conclusion chrétienne : «que sert-il à l'homme de gagner l'univers, s'il doit perdre son âme ?». Il suffit de poser de tels problèmes pour comprendre que la manière dont l'homme entend développer sa civilisation industrielle et en user est de toute première importance pour la destinée humaine. Si l'économie politique ne peut se prononcer dans ce domaine, aucun économiste ne peut cependant cloisonner sa pensée en accordant à l'accroissement des moyens d'action de l'humanité une finalité qu'il n'a pas."
 

Philosophie des conjonctures économiques, 1959, p. 114-5

Affiché le 21 mars 2000