Le cours de cette année portera sur la problématique de l'écriture philosophique. Platon, dans certains de ses écrits (Phèdre, Lettre VII) se livre à une critique en règle de l'écriture philosophique: elle s'adresse indistinctement à tous, est incapable de se justifier comme peut le faire un philosophe vivant et donne à ceux qui la lisent une fausse impression de connaissance. En réalité les philosophes sérieux ne mettent pas par écrit la teneur précise de leur enseignement.
La tradition platonicienne distingue effectivement entre un enseignement écrit, véhiculé par les dialogues et un enseignement oral, réservé aux disciples. De nos jours l'école de Tübingen, autour de Kraemer et Gaiser, ainsi que de Reale, a prétendu avoir reconstitué cet enseignement oral sur base d'allusions chez des philosophes ultérieurs.
La thèse platonicienne pose aussi la question du statut des textes platoniciens. Faut-il les prendre au sérieux ou bien les considérer comme des espèces de jeux sans beaucoup de prétention? Nous verrons que la position de Platon est assez complexe à ce sujet.
Nous étudierons ensuite Maïmonide, penseur juif du Moyen Age, qui développe, selon Léo Strauss, un véritable art d'écrire. Il écrit de manière à cacher son enseignement à ceux qui ne sont pas compétents ou dignes de le lire, mais d'une manière suffisamment claire néanmoins pour que les esprits subtils le saisisse en vérité.
Nous nous interrogerons aussi sur les célèbres thèses de Léo Strauss, en particulier ses thèses sur la Persécution et l'art d'écrire. Tout philosophe, pour le philosophe américain, doit pratiquer un tel art:
dans les temps anciens, pour éviter les risques de persécution, mais aujourd'hui encore, pour éviter de dénaturer la philosophie par une trop grande vulgarisation de ses contenus. Les thèses de Strauss, pour séduisantes qu'elles soient, tiennent-elles la route ou doivent-elles être critiquées comme non pertinentes par penser le rapport effectif de la philosophie à l'écrit.
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