Ehlers-Danlos, syndromes de

Groupe de maladies héréditaires du tissu conjonctif dues à des anomalies de structure du collagène. Prévalence : 1/5.000 à 1/10.000. Autrefois, la classification distinguait plus de 10 sous-types.

La pathologie affecte la peau, les articulations et les vaisseaux de manière variable : le diagnostic est donc parfois posé à loccasion dune complication.


tube digestif

hernies, diverticules, rupture (colon)

vaisseaux

anévrysmes, rupture artérielle

coeur

prolapsus de la valve mitrale

utérus

accouchement prématuré, rupture prématurée de la poche des eaux rupture utérine

yeux

microcornée, décollement de rétine

muscles et os

Douleurs osseuses et articulaires, luxations

.

Les symptômes communs les plus fréquents sont:

On utilise souvent le score dhypermobilité de Beighton pour évaluer latteinte du tissu conjonctif : une hyperlaxité est présente si le score est dau moins 5/9



Une classification plus clinique, dite « de Villefranche » est utilisée de nos jours (voir tableau où cette classification a été élargie aux découvertes récentes). Il arrive que certaines formes cliniques associent les signes de deux types différents. Le diagnostic différentiel et celui dune hyperlaxité familiale bénigne ((« benign hypermobile joint syndrome »).


Nouvelle
dénomination

Ancienne terminologie

Transmission autosomique

Gènes mutés

Protéine
atteinte

OMIM

Formes classiques

Classique
(1 sur 20 à 40.000)

Types I (grave: 43%)

ou II  (mineur: 35%)

dominante, mais 2/3 des cas sont des mutations de novo

COL5A1,

COL5A2

collagène V et I

130 000

130 010

Hypermobile
(1 sur 10 à 15.000)

Type III (10%)

dominante

récessive ou dominante

COL3A1

TNX-B

?

ténascine-X-5

130 020

225 320

606 408

Vasculaire

(1 sur 100 à 200.000)

Type IV (< 5%) Syndrome de Sack-Barabas

dominante, mais 50% des cas sont des mutations de novo

COL3A1

procollagène III

130 050

Formes moins fréquentes

Cyphoscoliotique

(< 60 cas décrits)

Type VIa

récessive

PLOD-1

déficit en lysil-hydroxylase1
+ scoliose

225 400

Arthrochalasique
(< 30 cas rapportés)

Types VIIa

et VIIb

dominante

COL1A1,

COL1A2

collagène I


130 060

Dermatosparaxis

(< 10 cas rapportés)

Type VIIc (rare)

récessive

ADAMTS2

déficit en procollagène I N -terminal peptidase

225 410

Autres formes

non classifié

type V (5 %)

lié à X


similaire à EDS II

305 200

périodontose

type VIII

dominante



130 080

syndrome
corne occipitale

type IX

liée à lX


309 400

non classifié

avec déficit en
fibronectine (type X)

?


déficit en fibronectine

225 310

non classifié

syndrome hypermobile familial
type XI

dominante

XGPT1


147 900

non classifié

forme progéroïde ou
spondylodysplasique

récessive

5q35.3


1p36



11p11.2

type 1

B4GALT7


type 2
B3GALT6


type 3
SLC39A13

déficit en

galactotransférase 1

déficit en β-1,3
galactosyl-
transférase 6


130 070


615 349



612 350

cornée fragile


récessive

ZNF469


229 200

spondylocheirodysplasie

EDS lié
au gène FKBP14

récessive

FKBP14


612 350

musculocontracturel
type I


récessive

CHST14

dermatan - 4

- sulfotransférase

601 776

musculocontracturel
type II


récessive

DSE


615 539


Particularités :


Implications anesthésiques

Dans toutes les formes : contacter léquipe qui a posé le diagnostic. Il y a parfois une discordance entre le phénotype et la biologie moléculaire.

Veiller à un positionnement correct : protection des yeux (cornée et rétine fragiles) ; éviter lutilisation dun garrot (risque dhématome et de syndrome des loges après le lever du garrot). Eviter tout ce qui provoque une friction de la peau : pansements peu collants, brassard de tensiomètre. Processus de cicatrisation retardé. Processus de cicatrisation retardé.

Lutilisation dun bloc périmédullaire entraîne un risque mal évaluable de saignement et dhématome (présence fréquente d'ectasies durales) et un risque accru de brèche dure-mérienne suite à la présence de kystes de Tarlov (voir ce terme).

Faire une anamnèse poussée en ce qui concerne lhémostase (saignements faciles, épistaxis, ménorragies etc) et de fragilité cutanée.


En présence de troubles de lhémostase :

-        avis dun spécialiste

-        ladministration prophylactique de desmopressine (Minirin) [0,3 µg/kg en IV ou 150 µg par voie nasale si < 50 kg] peut être efficace. Certains y associent l'acide tranexamique.

Dans la forme hypermobile : vérifier la mobilité de la colonne cervicale et louverture de bouche ; les subluxations et luxations récidivantes de la mâchoire peuvent entraîner une ankylose de larticulation temporo-mandibulaire; laryngoscopie douce pour éviter de luxer la mâchoire. Lanesthésie locale par infiltration semble moins efficace (mutation au niveau des canaux Na ?) : tant des échecs que des succès de blocs périmédullaires et périphériques ont été décrits. Pour les blocs périphériques, il est prudent dutiliser léchoguidage et dutiliser un abord qui évite de traverser de larges masses musculaires (risque dhématome). Echocardiographie pour vérifier labsence de prolapsus de la valve mitrale. Risque de pneumothorax. En cas dhyperplasie congénitale des surrénales, adaptation des doses périopératoires de cortisone (voir hyperplasie congénitale des surrénales).


Dans la forme vasculaire : les ponctions vasculaires exposent au risque d'hématomes et d'anévrysmes et doivent être si possible évitées, ainsi que les interventions chirurgicales et les endoscopies digestives ou utérines. Une ponction échoguidée et sans dilatation de la paroi du vaisseau est préférable.


Dans la forme cutanée (dermatosparaxis : voir ce terme), la fragilité de la peau est extrême : il faut prendre des précautions similaires à celles prises dans les épidermolyses bulleuses.


Dans les formes progéroïdes : intubation et accès veineux difficiles ; os fragiles (risque de fracture-), un cas danomalies fonctionnelles des plaquettes décrit.


Références : 

-         Dubois PE, Veyckemans F, Ledent MM, Michel M, Clément de Cléty S. 
Anaesthetic management of a child with type VIIc Ehlers-Danlos syndrome. 
Acta Anaesthesiol Belg 2001; 52:21-4.

-         Henry C, Geiss S, Wodey E, Pennerath A et al. 
Perforations coliques spontanées révélatrices d’un syndrome d’Ehlers –Danlos de type IV. 
Arch Pediatr 1995 ; 2 : 1067-72.


Mise-à-jour mai 2023