Colloque Dispositifs et Médiation des Savoirs (1998)

Le colloque trouve son origine dans un questionnement sur les dispositifs que constituent notamment le multimédia, les mondes virtuels, les jeux vidéos, les réseaux électroniques (Internet), les expositions (notamment scientifiques et historiques), les parcs d'animation... - dans lesquels des formes nouvelles d'expériences du réel semblent être en jeu, en particulier des formes nouvelles d'apprentissage et de construction des connaissances. Tout se passe comme si ces dispositifs, en se développant de manière parallèle aux institutions éducatives traditionnelles, transformaient singulièrement les contenus, mais aussi l'acte même et l'expérience de l'apprentissage. Apprendre se rapprocherait de faire l'expérience de dispositifs, d'environnements aménagés, qui permettent de s'approprier des savoirs de diverses manières. C'est dans cette veine que se situe l'objet de la recherche que nous poursuivons actuellement.

Pour notre part, la question qui nous sert de guide dans l'exposé est la suivante : les cédéroms utilisés par les jeunes - notamment les jeux informatisés - constituent-ils ou peuvent-ils être qualifiés de dispositifs de médiation des savoirs ? En d'autres termes, peut-on considérer que les jeunes qui fréquentent, qui expérimentent ces dispositifs technologiques que sont les jeux informatisés sur cédérom font une expérience d'apprentissage ?

Dans un premier temps, nous resituons le cadre théorique de notre recherche en présentant un modèle de l'apprentissage construit à partir des travaux de Piaget, Vygotsky et Bruner, qui nous amène à distinguer cinq dimensions essentielles du processus et de l'expérience d'apprentissage :

- une dimension sémiotique
- une dimension opérative
- une dimension réflexive
- une dimension psycho-affective
- une dimension sociale

Nous nous centrons ensuite sur le thème de la réflexivité, une dimension qui nous paraît d'une importance particulière. Nous l'abordons tout d'abord à travers deux études abordant cette problématique, l'une dans le domaine de l'educational technology (Laurillard), l'autre dans le domaine de la sociologie de l'éducation (Charlot et collab.). Nous proposons ensuite quelques pistes de réflexion en vue de clarifier cette notion, son rôle, son importance, ses relations avec les autres dimensions. Dans la mesure où elle nous paraît parfois peu prise en compte (explicitement) dans la conception des dispositifs d'apprentissage, nous essayons de préciser quelques conditions susceptibles de favoriser son développement.