Résumé :
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L’accompagnement post-adoption des enfants adoptés est aujourd’hui le grand défi à relever. En effet, après les années où l’adoption internationale culminait au niveau mondial à 45 000 enfants par an, comme en 2005, elle chute très fortement et concerne maintenant en majorité des enfants à besoins spécifiques : avec problèmes de santé, adoptions tardives, fratries avec enfants grands. Actuellement, beaucoup de ces enfants parviennent à la phase critique de l’adolescence avec l’existence d’un passé multi-traumatique impactant leur devenir. Compte tenu des nombreuses demandes d’accompagnement des familles au cours de cette période de haute vulnérabilité individuelle et familiale, l’ONG Médecins du Monde a réalisé une étude rétrospective sur une population d’adolescents adoptés. Ces résultats viennent compléter ceux déjà publiés, présentant son expérience d’OAA sur une période de 22 ans d’activité à travers trois enquêtes successives auprès des familles. La base de données constituée de 1122 enfants adoptés par 944 familles a permis de cibler au cours des deux dernières enquêtes, en 2012 et 2015, une population homogène de 230 adolescents adoptés, maintenant âgés de 13 ans à 21 ans. Les caractéristiques et les difficultés potentielles de ces adolescents, filles et garçons, sont comparées à celles des enfants adoptés plus jeunes par l’ONG ainsi qu’à la population générale. Les difficultés rencontrées par ces adoptés maintenant adolescents sont essentiellement à rapporter aux facteurs de risques rencontrés dans les pays d’Amérique latine et les pays de l’Est, caractérisés par les destitutions parentales, les violences et les maltraitances subies dans plus d’un cas sur deux. Un adolescent sur 4 a connu une durée d’institutionnalisation supérieure à 5 ans. Le lien parent–adolescent est resté dans la majorité des cas affectueux et complice, malgré des troubles du comportement sévères. Certains de ces troubles psychologiques présents dès l’arrivée de l’enfant ont été pérennes, ou se sont révélés a posteriori, dominés par la violence, l’agressivité, le mensonge. Cependant, 10 % à 15 % de ces enfants ont manifesté des relations distantes ou difficiles avec leurs parents, voire très difficiles, pouvant aller jusqu’à la rupture du lien parent–adolescent. Les spécificités des 13 cas extrêmes concernés sont présentées.
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