Résumé :
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1. L’arrêt commenté, (voyez p. 35 de ce numéro) prononcé le 9 août dernier par la Cour constitutionnelle, est particulièrement prenant en ce qu’il touche à l’inceste, l’une des prohibitions les plus universelles et les plus fondamentales de la société humaine, et ce depuis des millénaires : «cette prohibition est la règle commune à toutes les cultures, à toutes les civilisations et à tous les systèmes juridiques dans le temps et dans l’espace». À cela s’ajoute que, contrairement à d’autres arrêts rendus dans un passé récent, la Haute juridiction s’attaque, cette fois, à la prohibition d’un inceste biologique, soit consommé entre un frère et une sœur, de pères différents, mais de mère commune. Elle touche ici au «carré noir» de Jean Carbonnier ou au «cercle rouge» de Gérard Cornu, la prohibition de l’inceste entre parents en ligne directe ou entre frères et sœurs.|2. Notre réflexion se divisera en trois points. Dans un premier temps, nous présenterons le cadre juridique de l’inceste tel qu’il a été construit en Belgique. Ensuite, nous montrerons les implications concrètes qui découlent de l’arrêt commenté sur le droit de la filiation. Enfin, nous élargirons notre réflexion pour examiner comment la Cour constitutionnelle parvient à articuler l’interdit de l’inceste, symbole «inscrit au plus profond de notre culture», et le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, devenu fondamental dans notre société occidentale. Trouver un juste équilibre dans un monde en évolution permanente entre l’ancien et le neuf est un exercice périlleux qui ne peut réussir qu’au prix de certains renoncements.
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