Résumé :
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À partir de l’observation de Lucie, 19 ans, qui souffrait d’attaques de panique et qui a fait l’objet d’un suivi en psychothérapie d’inspiration analytique, nous interrogeons le sens et la fonction du dépôt de créations adolescentes (des écrits) réalisées hors séance. Cette forme singulière d’adresse à l’autre est consubstantielle au processus adolescent, dominé par le réaménagement intensif des enjeux d’attachement et d’autonomie psychiques. Ces médiateurs thérapeutiques créés hors séance ne sont pas des passages à l’acte. Bien au contraire, leur utilisation facilite l’élaboration par l’adolescent de ce qui échappe à la parole. Le cas de Lucie met en lumière une occurrence peu fréquente et peu étudiée. En effet, le dépôt quasi-silencieux en séance de deux cahiers personnels, l’absence de curiosité vis-à-vis de ce que l’analyste aurait pu en penser puis le refus de les reprendre au terme de l’analyse excédent une classique demande d’amour faite par création interposée à un analyste mis en position de sujet supposé savoir. Chez cette jeune fille, cet étrange dépôt a jalonné la transformation structurante d’une horreur panique en un symptôme phobique et l’élaboration concomitante d’un projet œdipien.
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