Résumé :
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Qui les recherches sur le handicap intéressent-elles? Les études réalisées dans ce domaine au cours des dernières années ont-elles un impact sur l'évolution des politiques publiques? Quelle liberté d'enquête est-elle laissée au chercheur et qui en fixe les limites? Les outils développés sont-ils utilisables sur le terrain? Les scientifiques sont-ils au-dessus de tout soupçon? L'humanisme a-t-il sa place dans l'univers de la science?|Voilà quelques-unes des questions qui ont motivé l'élaboration de ce dossier d'automne. Pas facile d'inverser le processus habituel et de mettre - une fois n'est pas coutume - la recherche elle-même sous la loupe ... Pas facile, certes, mais hautement instructif !|La lecture commentée de l'évolution des recherches sur le handicap par l'historienne Mariama Kaba, par exemple, pose quelques constats des plus intéressants, dont celui-ci: «La circonscription des études du handicap à des domaines bien définis (médecine, etc.) explique aussi la résistance à intégrer la recherche et l'enseignement sur le handicap dans d'autres secteurs du cursus académique, où aborder le handicap est considéré comme inopportun et dénué d'intérêt». L'intérêt, voilà encore un mot qui flirte volontiers avec l'univers de la recherche et dont les motivations ne sont pas toujours très flatteuses ...|Souvenons-nous de ces découvertes sur la nocivité de la fumée passive, gardées secrètes durant|des lustres à l'Université de Genève, parce que le «professeur» en charge de l'étude était grassement et secrètement payé par la firme commanditaire... Il y a plus. «La recherche sous influence n'est pas une simple affaire de corruption ou de vénalité, affirme Annie Thébaud-Mony, mais une orientation dominante de la recherche, y compris publique, en référence aux besoins de l’industrie, partenaire financier devenu incontournable».|Il y a de quoi se poser légitimement la question de l'éthique, à laquelle le philosophe Jean Lambert répond par une autre question: «Faut-il développer la recherche pure, si éloignée des besoins humains, inutile et coûteuse, ou lui préférer la recherche appliquée de l'industrie, profitable mais si dangereuse et incontrôlable?»|Et si l'une des réponses à ce problème était cette vigilance citoyenne qu'appelle de ses vœux la sociologue Annie Thébaud-Mony?|Peut-être est-il temps également, en matière de recherche en déficience intellectuelle notamment, d'explorer du côté de la création d'un réseau scientifique et humaniste, comme le suggère Claude-André Dessibourg?|Vous l'aurez constaté, ce dossier s'ouvre sur une avalanche d'interrogations et se clôt sur une série d'autres interrogations ...|Mais n'est-ce pas justement le propre de la recherche, d'aller ainsi de questions en questions?
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