Résumé :
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La société se défait, et l’insécurité, à la fois comme sentiment et comme réalité, constitue l’un des signes majeurs de cette désagrégation. La peur de l’autre et la recherche de l’« entre-soi » constituent désormais les ressorts d’une fuite généralisée, bien illustrée des deux côtés de l’Atlantique. […] Simultanément, l’État social devient un État pénal , la providence cède la place à la sécurité , la gestion des groupes à risque prend le pas sur le traitement des injustices et des inégalités. Voici, à très grands traits, le portrait social des démocraties avancées, tel qu’il transparaît au travers d’une partie de la littérature récente. En France, l’usage immodéré du mot « incivilité » est significatif, nous semble-t-il, de cette lecture de la désagrégation sociale continue. […]|À l’opposé de la littérature sur les incivilités […], nous avons souhaité, dans ce numéro nous intéresser au thème des compétences civiles et à leurs relations avec les enjeux de la sécurité. Comme le fait remarquer un des auteurs, la civilité n’est pas un concept, c’est une notion qui recouvre une diversité de comportements dont le point commun est de relever du citoyen ordinaire. […] Les citoyens ordinaires, réglant des litiges dans un registre non pénal, agissant selon des règles non écrites de politesse : voilà l’objet de ce dossier.
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