Résumé :
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L'objectif de cet article est de clarifier un débat marqué par une vive et confuse polémique, et non de défendre une thèse, ce qui implique aussi de clarifier l'apport de la sociologie et le type d'expertise qu'elle pratique. À une confusion, il est seulement possible d'apporter une clarification. Dans une première partie, sociologique, est abordé le triple contexte du raidissement idéologique, puis, dans une deuxième, épistémologique, sont soulevés deux problèmes sous-jacents à la polémique, mais non perçus, celui de l'intrication des faits et des valeurs, celui de la distinction des ensembles et des touts. Elle prend pour appui concret la comparaison entre le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la psychopathie, construit dans une perspective totale, et celui de l'Inserm, construit dans une perspective ensembliste. La conséquence de ces deux choix épistémologiques est que le rapport de la HAS permet de prendre des décisions, parce qu'il pense en termes de totalité (le trouble des conduites est la partie propre d'un tout), alors que ce n'est pas le cas pour le rapport Inserm, parce qu'il pense en termes d'ensemble, et se contente de fournir une liste de mesures. Or, ce que l'on demande à un rapport en santé publique, c'est d'éclairer les choix permettant de prendre des décisions.
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