Résumé :
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Les crises psychogènes non épileptiques représentent un enjeu diagnostique et thérapeutique. Ces pseudocrises sont définies comme des évènements paroxystiques qui ressemblent cliniquement à des crises comitiales mais où l’électroencéphalogramme percritique démontre l’absence d’activité électrique épileptique. D’après une revue de la littérature, nombre de sujets adressés en centres spécialisés d’épileptologie ne sont en fait pas épileptiques. Ces patients consomment souvent à tort un traitement anticonvulsivant qui, outre les risques iatrogènes potentiels, fait écran à une prise en charge psychothérapique. Le diagnostic de pseudocrise doit être évoqué chez tout enfant et tout adolescent qui présente des crises atypiques ou une épilepsie réfractaire aux antiépileptiques. Les éléments cliniques ne permettent pas d’établir un différentiel sensible et spécifique entre crises épileptiques et psychogènes. L’électroencéphalogramme intercritique n’est pas non plus contributif car des anomalies électriques, voire des décharges épileptiformes peuvent être présentes en cas de pseudocrises. Seul l’enregistrement vidéo et électroencéphalographique concomitant d’un évènement critique fera le diagnostic positif. Les crises psychogènes non épileptiques sont fréquemment comorbides de troubles de l’humeur et de troubles anxieux dont l’état de stress post-traumatique. Les troubles dissociatifs et somatoformes sont également fréquemment associés aux crises psychogènes. A contrario, une psychose est rarement comorbide. Le facteur de risque le plus fréquemment retrouvé est la présence d’antécédents personnels ou familiaux de crises épileptiques. Les hypothèses étiopathogéniques sont nombreuses. Certains auteurs retrouvent une prédisposition neurobiologique aux pseudocrises, alors que d’autres s’interrogent sur le rôle des antécédents psychotraumatiques. La majorité des jeunes patients souffrant de crises psychogènes présente un bon pronostic. Il conviendra toutefois de traiter les comorbidités psychiatriques. Le neurologue et le psychiatre doivent travailler en collaboration étroite, idéalement au sein d’une unité pluridisciplinaire. Notre propos sera illustré de cas cliniques.
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