Résumé :
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L’auteur examine les enjeux et les conditions de possibilité de la relation d’aide au sein du dispositif psychanalytique. Il souligne d’abord la méfiance des psychanalystes à l’égard de la relation d’aide. D’une part, elle peut être détournée au profit du narcissisme de l’aidant. Aider l’autre revient parfois à se contempler soi-même dans le geste aidant, à tirer un profit narcissique à partir de la dissymétrie instaurée entre l’aidant et l’aidé. D’autre part, la relation d’aide peut être le résultat d’un processus de retournement et alimenter la destructivité : aider l’autre c’est quelquefois le réparer pour contre-investir répétitivement les effets de son propre sadisme. La relation d’aide peut donc implicitement construire les linéaments d’un lien d’emprise, d’un pouvoir sinon d’une tyrannie. Faut-il pour autant condamner la relation d’aide à la répétition du triomphe narcissique, du sadisme de contrebande et de l’emprise douce ? La formulation de Freud selon laquelle, dans le travail psychanalytique, la guérison vient «de surcroît» sert ici de guide. La relation d’aide est envisagée comme un résultat. Mais de quoi est-elle le résultat ou l’effet ? Quelle méthode produit, à la marge, ou dans le fil de son développement, une relation d’aide ? L’auteur propose que toute relation d’aide repose fondamentalement sur le travail qui consiste à aider l’autre à s’aider lui-même. Une modélisation de la relation d’aide au sein du travail psychanalytique est envisagée à partir des trois temps du célèbre jeu de la bobine commenté par Freud dans «Au-delà du principe de plaisir» (1920). À partir des enjeux transféro-contre-transférentiels, l’auteur montre comment le dispositif psychanalytique construit a priori cette forme d’aide, et comment il peut être subverti dans certains contextes.
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