Résumé :
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Au cours de l’histoire de la psychopathologie, l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse ont tantôt été considérées comme constituant deux entités nosologiques séparées, tantôt comme faisant partie d’un même continuum. Du point de vue de l’adaptation à la réalité, ces conduites peuvent représenter des stratégies d’ajustement plus ou moins dysfonctionnelles. Du point de vue de la psychopathologie structurale, la prééminence de mécanismes de défense liés préférentiellement au fonctionnement limite, ne doit pas être négligée. Pour apporter une contribution à ces discussions théoriques, nous avons réalisé une étude intensive sur groupes restreints, en combinant des échelles psychométriques, à savoir le MDBF [Steyer et al. Der Mehrdimensionale Befindlichkeitsfragebogen. Göttingen: Hofgrefe, 1997] et le SVF120 [Janke et al. Sressverarbeitungsfragebogen mit SVF 120 und SVF 78. Göttingen: Hofgrefe, 1997], avec un test projectif, à savoir le test de Rotter [J Consult Psychol (1947) 44–48], interprété selon l’approche phénoménologico-structurale. Deux sous-groupes cliniques de n =21 sujets boulimiques et n =12 sujets anorexiques ont été comparés à un groupe témoin de n =32 sujets. À l’aide des statistiques inférentielles et multidimensionnelles non paramétriques, nous avons réalisé des comparaisons intergroupes, des études structurales intragroupes, ainsi que des explorations intragroupes au niveau de l’expression consciente et inconsciente des affects. Les données de l’étude soulignent la proximité des deux sous-groupes cliniques en ce qui concerne l’utilisation de stratégies d’ajustement négatives, mais mettent également l’accent sur l’ambivalence relationnelle des anorexiques comparée à la dépendance relationnelle des boulimiques. Les résultats sont discutés à la lumière des questions théoriques soulevées ci-dessus, à la lumière de la pertinence méthodologique et du point de vue d’une prise en charge adaptée.
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