Résumé :
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L’objectif de cet article est d’explorer la complexité et la continuité des identités des personnes en situation de handicap intellectuel. Une lecture attentive de quatre récits de vie montre que les identités exprimées par des personnes qui présentent une déficience intellectuelle sont fondamentalement plurielles et fluides. La « théorie du positionnement » de Harré & Langenhove est particulièrement utile afin de rendre compte de cette pluralité. Par ailleurs, nous analysons le sens de la continuité de l’identité personnelle à l’aide du concept de « dialogue intérieur », que nous avons développé dans le cadre de ce projet. Notre revue de la littérature explore l’usage de la notion d’identité multiple. Trois champs de recherche sont examinés : (1) les études sociologiques des identités stables attribuées par les autres , (2) les études psychologiques des diverses identités dynamiques que la personne s’attribue à elle-même, avec un accent porté sur l’adaptation et la continuité et (3) les études discursives des identités fluides et multiples, définies aussi bien par soi-même que par les autres. À l’issue de cette revue, il apparaît que le troisième champ de recherche est particulièrement fertile pour l’étude de l’identité des personnes en situation de handicap car il transcende la dichotomie entre la normalité et la déviance. Afin d’approfondir notre compréhension de la pluralité et de la continuité des identités personnelles, nous nous appuyons sur le texte souvent cité de Stuart Hall : Who needs identity? (Hall & Du Gay, 1996). Hall propose une théorie de l’identité qui combine les apports des approches discursives à ceux des approches qui se centrent sur la continuité de l’identité personnelle.
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