Résumé :
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Depuis maintenant vingt ans, les pouvoirs publics font face à l’arrivée continue de mineurs isolés étrangers. Dans un contexte de plus en plus contraint à maints égards, leur prise en charge est perçue comme une charge supplémentaire, potentiellement illégitime. L’accès de ces jeunes étrangers à la protection de l’enfance fait l’objet d’une attention toute particulière avec comme mot d’ordre : « surtout, éviter de prendre en charge de “faux” mineurs ». Ainsi, à partir des mensonges réels ou supposés que ces jeunes adressent aux services sociaux, se développe et s’institutionnalise une véritable culture du soupçon d’où émergent, du côté des travailleurs sociaux, des perceptions et des attitudes contrastées, oscillant entre bienveillance et défiance, entre protection et rejet. Ici, le « soupçon » est analysé comme l’indicateur d’un processus qui, à des degrés divers, relève d’une « mécanique » singulière, remarquable notamment par ses effets de contagion. Car à travers le soupçon, c’est non seulement le versant de l’assistance et de la protection qui est impacté, mais aussi celui de l’accompagnement et du processus éducatif lui-même, au risque de son « effacement ».
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