Résumé :
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L’augmentation de la consommation de médicaments antalgiques est devenue une préoccupation importante dans le domaine de la santé publique. L’extension de la gamme de médicaments antalgiques et d’adjuvants (antispatiques, myorelaxants) faisant l’objet d’une utilisation dérivée, abusive ou détournée interpelle. À travers l’étude de la trajectoire singulière de Julien, de ses perceptions intimes et sociales de la maladie, du soin et des traitements, l’article propose de comprendre le processus d’une consommation addictive d’un médicament antispastique dont l’usage a été détourné pour soulager ses douleurs. L’approche par la narration d’une trajectoire singulière met en exergue, outre la dimension iatrogène de la médecine, les questions de la consommation excessive de médicaments et les dépendances enserrées dans les trajectoires médicales, qui ne se situent pas uniquement dans les marges du monde social. Le mésusage de médicaments traité dans cet article ressemble à certaines conduites toxicomanes dans leurs codes et leurs pratiques même s’il n’est pas question de les assimiler. Cette surconsommation d’antispastique ou bien d’antalgiques par les personnes douloureuses chroniques peut se manifester comme une pharmacodépendance. Au moment où les prescriptions d’antalgique augmentent chaque année en France, cette étude de cas a pour ambition de réfléchir aux comportements et aux pratiques à risque des usagers d’antalgiques.
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